Covid-19 : comment l’épidémie a été gérée sur le Charles de Gaulle
60% de l’équipage est positif au Covid. Le point sur le déroulement de l’affaire
1 060 marins du porte-avions, sur les 1 760 qui étaient à bord, ont été testés positifs au Covid, soit 60 % d’entre eux, indique la Marine nationale. Près de la moitié des « positifs » sont asymptomatiques.
Au total, 24 marins sont actuellement hospitalisés, dont dix sous oxygène et un intubé. Ce dernier est l’un des trois marins évacués du bord par hélicoptère.
Alors que les rumeurs vont bon train, nous pouvons apporter des précisions, même si celles-ci sont partielles, sur la base d’informations de source navale. Deux enquêtes – épidémiologiques et de commandement – sont en cours et la ministre des armées a promis vendredi qu’elles seraient rendues publiques.
L’escale à Brest. Elle est au centre des interrogations sur l’origine de la contamination. Elle s’est déroulée du vendredi 13 au lundi 16 mars au matin. Il s’agit du week-end où tout a basculé en France, avant le confinement effectif le 17 mars en milieu de journée. Environ un tiers de l’équipage (notamment les personnels du groupe aérien embarqué) habite dans la région de Brest. Ces marins ont pu regagner leur domicile, même si la visite des familles à bord a été annulée par mesure de précaution. Au moment de l’escale, une trentaine de cas de Covid était identifiée dans le Finistère. Les marins ont reçu la consigne de ne pas se rendre dans le seul foyer épidémique (cluster) alors connu en Bretagne, la région d’Auray (Morbihan).
Les mesures prises à bord. Le porte-avions a quitté Brest le lundi 16 mars, avant l’intervention du président de la République le soir même, annonçant un très net durcissement des mesures déjà prises. A bord, un questionnaire a été rempli par tout l’équipage sur son état de santé et ses contacts durant l’escale. L’équipe médicale a alors identifié 350 marins qui devaient faire l’objet d’un suivi préventif, avec une prise de température deux fois par jour. La Marine reconnaît que « 100 % des marins n’ont pas été suivis ». D’autres mesures ont été prises, comme le doublement (2 fois par jour) des postes de propreté ou la suppression des rassemblements du matin. Enfin, le bateau a « évité » toutes les venues à bord, même si du ravitaillement a été livré.
Les entrées et les sorties de l’infirmerie ont été l’indicateur d’alerte. Celles-ci sont restées normales, de l’ordre de la dizaine par jour, indique la Marine. Un seul cas suspect avait été identifié, mais un scanner des poumons, transmis à terre, a indiqué qu’il ne s’agissait pas du covid.
L’alerte et l’interruption de la mission. Tout a basculé le lundi 6 avril au soir, lorsque les entrées à l’infirmerie ont « tout à coup » fortement augmenté et se sont poursuivies durant la nuit, indique-t-on dans la Marine.
[Actualisé (1) : Interrogé sur TF1, le chef d’état-major des armées François Lecointre a précisé que le nombre de malades était brutalement passé de 18 le 5 avril à 36 le lendemain 6 avril. ]
Le commandant a aussitôt rendu compte et la décision d’interrompre la mission Foch a été prise le lendemain, mardi 7 avril, en accord entre le bord, l’état-major de la marine, le chef d’état-major des armées et la ministre des armées. Cette décision n’a été rendue publique que le jour suivant, le mercredi 8 avril.