De potentiels coups de pouce budgétaires envers la filière drone

De potentiels coups de pouce budgétaires envers la filière drone

– Forces opérations Blog – publié le

Deux amendements au budget 2025 des armées ont été adoptés cette semaine en commission défense de l’Assemblée nationale, l’un visant à accélérer sur les munitions téléopérées et l’autre à favoriser le développement d’un drone MALE souverain. 

Colibri, Larinae, Toutatis, Veloce 330, etc. : la filière industrielle nationale et les armées françaises avancent à marche forcée sur la question des munitions téléopérées (MTO). Pour une frange non négligeable de la commission défense, « il convient de mobiliser les moyens adéquats pour accélérer et amplifier cette tendance ». En résulte cet amendement cherchant à abonder le programme le programme 146 « Équipement des forces » de 10 M€ supplémentaires en 2025, des moyens ponctionnés sur le programme 144 « Environnement et prospective de la politique de défense ». 

Près de 50 M€ ont été engagés cette année dans l’opération « drones de contact » pour progresser sur le sujet. De quoi soutenir un effort de rattrapage marqué par la commande d’une solution de courte portée souveraine, une MTO conçue par Delair et KNDS France et héritée de l’appel à projet Colibri. Après le succès des premiers tests réalisés dernièrement par la DGA, l’année 2025 sera celle de la livraison des premières MTO CP commandées cette année via l’incrément 1 du programme. 

Ces fonds additionnels contribueraient à « augmenter les ressources en munitions téléopérées », un atout « incontournable » selon un récent rapport parlementaire. L’ajout proposé par les parlementaires viendrait rehausser la ligne de 150 M€ affectée l’an prochain à l’opération mais essentiellement dévolue au lancement en réalisation de l’incrément 2, celui consacré à l’achat de systèmes de drones tactiques légers (SDTL). 

Si la première proposition consiste à accentuer l’existant, la seconde implique un surplus d’audace. Dans un autre amendement adopté en commission, une quarantaine de députés proposent d’allouer 40 M€ au programme 146 pour donner sa chance au drone MALE Aarok dévoilé en juin 2022 par Turgis & Gaillard. Là aussi, la démarche exigera de prélever des crédits et autorisations d’engagement sur le programme 144.

« Le coût unitaire estimé entre 5 et 10 millions d’euros, il conviendrait de doter nos armées de quatre de ces appareils, investissement relativement peu important au vu des gains capacitaires et des retombées économiques pour le pays que l’acquisition de tels appareils engendrerait », commentent les auteurs du texte.  

Derrière les objectifs chiffrés, il s’agit surtout de créer l’occasion de « payer pour voir ». Un souhait exprimé en octobre 2023 par l’ex-chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace, le général Stéphane Mille, et qui fournirait l’amorce nécessaire pour avancer dans le développement de l’appareil, en vérifier la pertinence opérationnelle et, surtout, s’assurer de ne pas rater un autre virage technologique important. 

Ne pas s’interdire de donner sa chance à d’autres idées, qu’elles soient souveraines ou non, n’est pas sans rappeler cette logique de captation accélérée de l’innovation promue depuis peu par les armées. Une mécanique incrémentale d’achats rapides mais limités en volume dont les effets bénéfiques se font déjà ressentir dans l’armée de Terre. Reste que, si ces amendements cherchent à stimuler l’activité dans un domaine majeur sans grever lourdement le budget, tous deux restent des propositions qui doivent encore franchir l’essentiel du processus d’adoption du projet de loi de finances.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.