Des « antennes de chirurgie avancée » déployées au profit des blessés de Gaza?

Des « antennes de chirurgie avancée » déployées au profit des blessés de Gaza?

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par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 3 novembre 2023

https://lignesdedefense.blogs.ouest-france.fr/


Dans l’entretien qu’il a accordé jeudi soir à France Info, le ministre des Armées a déclaré que « nous serons en mesure aussi peut-être de déployer des éléments de notre médecine militaire » (photo EMA). Et Sébastien Lecornu d’ajouter que « le service de santé des armées dispose d’antennes de chirurgie avancée, par exemple, avec une bonne expertise des blessures de guerre. C’est autant d’objets de moyens que la France met sur la table ».

Antennes de chirurgie avancée?

Le ministre parlait-il de « l’antenne de réanimation et de chirurgie de sauvetage (ARCS) »?
Déployable en trois heures, l’ARCS dispose de 48 heures d’autonomie pour son matériel de santé et offre une capacité de prise en charge de 16 blessés. Elle remplace progressivement l’ACA (Antenne chirurgicale aérotransportable, rôle 2 Otan).
Comme l’expliquait le SSA en 2022, « l’ARCS est complémentaire du poste médical opérationnel de niveau 1, mais également des soins effectués sur le terrain. Son effectif est de 12 militaires, dont trois chirurgiens pour chaque partie du corps (tête et cou, viscéral digestif, orthopédique), d’un médecin anesthésiste-réanimateur, deux infirmiers anesthésistes, deux infirmiers de bloc opératoire et quatre infirmiers de soins généraux. Un sous-officier administratif appuie également le dispositif. Déployée sous quatre tentes de 200 m² au total, dont l’ergonomie a été étudiée et l’espace optimisé afin de faciliter les déplacements, l’ARCS dispose d’une zone de triage, d’une zone de mise en condition du blessé, d’un bloc opératoire et d’une zone de réanimation ».

Ou bien parlait-il de l’EMR (élément militaire de réanimation) déployé à Mulhouse pendant la pandémie (voir mon post de 2020)?
L’EMR-SSA est une structure médicale modulaire sous tente, armée par du personnel médical des armées, et dont la capacité est de 30 lits de réanimation. L’EMA expliquait en mars 2020 que « l’EMR (élément militaire de réanimation) est constitué à partir d’éléments habituellement maintenus en réserve pour déployer des antennes médico-chirurgicales en opérations extérieures, pour des actes de soins de chirurgie de combat lourds nécessitant une configuration particulière. La mise en place de cet EMR consiste à reconfigurer la structure afin de l’adapter au besoin spécifique du COVID-19 (réanimation, ventilation). »

ESCRIM?

La France dispose de plusieurs types de structures médicales projetables. Outre celles des Armées, il existe aussi celle de la Sécurité civile: l’élément de sécurité civile rapide d’intervention médicale (ESCRIM). Sa plus récente intervention a eu lieu en Libye, en septembre, et avant en Turquie, en février 2023.
Aérotransportable, cet équipement est déployé dans le cadre des missions internationales de secours d’urgence à la suite de catastrophes naturelles, technologiques ou sociales. « Autonome sur le lieu de sa projection, il développe une activité médicochirurgicale et obstétricale dans une structure de 1000 m² de tentes pour une durée de 2 à 8 semaines« , précise la Sécurité civile. Soixante quinze personnes servent dans cette structure: médecins, pharmaciens, infirmiers, auxiliaires sanitaires et logisticiens. 

Le MEAE aux manettes.

Quelle que soit la structure qui sera éventuellement déployée, c’est le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères qui est à la manoeuvre initiale puisqu’il faut négocier avec un pays d’accueil l’arrivée de ces moyens et les modalités de leurs missions. Le MEAE est en contact avec l’Egypte sur le sujet global de l’aide française à Gaza. Déjà deux avions ont acheminé de l’aide et d’autres vont suivre. Si le déploiement d’antennes médicales est décidé après un feu vert égyptien, les Armées et éventuellement l’Intérieur mobiliseront leurs moyens comme prestataires de services.