Des racines profondes de l’État islamique (EI) en Irak et au levant

Des racines profondes de l’État islamique (EI) en Irak et au levant

Par le Chef de bataillon TRÉGUIER* – Cahiers de la pensée mili-Terre n° 43 – publié le : 22/03/2018

 

*Saint-cyrien de la promotion «Général Vanbremeersch», le Chef de bataillon TRÉGUIER a servi au 1er régiment d’infanterie puis à l’ENSOA. Commandant d’unité au 110ème régiment d’infanterie, il a servi comme officier traitant à l’état-major de la 2ème brigade blindée. Lauréat du concours 2013 de l’École de guerre, il a débuté sa scolarité en arabe à l’Institut national des langues et civilisations orientales (INALCO) en septembre 2014. 

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Le 29 juin 2014, Abou Bakr al-Baghdadi, chef de l’État islamique (EI), s’attribuait le titre de Calife, terme inusité depuis presque un siècle. L’auteur recherche dans l’histoire du monde arabo-musulman des précédents qui éclairent les agissements de l’État islamique. Il souhaite montrer que ce califat autoproclamé s’inscrit plus dans la radicalisation de l’islam politique que dans la tradition califale.

L’EI a d’abord été considéré comme un feu de paille. Or, ce groupe terroriste accentue aujourd’hui son emprise contre toute attente et se veut même une menace contre l’Occident. Il convient donc de rechercher les sources profondes de cet acteur à l’importance géostratégique majeure.

En effet, depuis 1924, date de l’abolition du califat par Atatürk et du renversement du chérif Hussein par Ibn Séoud, plus personne n’avait revendiqué le titre de Calife jusqu’à l’auto-proclamation d’Abou Bakr al-Baghdadi, chef de l’État islamique le 29 juin 2014.[1]

Rappelons que depuis la mort de Muhammed en 632 de notre ère, le calife est le lieutenant du Prophète, son successeur, titre appliqué par le Coran à Adam et au roi David (Daoud en arabe). Le calife est en quelque sorte investi d’une vice-royauté divine sur l’univers, un pape qui serait aussi empereur universel. Successeur du Prophète, il est le chef temporel et spirituel de l’islam. Les quatre premiers califes, Muhammed et, après lui, Abou Bakr (632-634), Omar, Othman et Ali (656-661), sont les califes dits orthodoxes. Le grand schisme de légitimité viendra ensuite, séparant les chiites, fidèles du calife assassiné Ali, et les sunnites.

L’Académie française définit l’islamisme comme un «mouvement politique et religieux prônant l’expansion de l’islam et la stricte observance de la loi coranique dans tous les domaines de la vie publique et privée. Aujourd’hui, il désigne plus particulièrement un mouvement politique et idéologique se réclamant des fondements de l’islam et qui peut prendre un caractère extrémiste».

Y a-t-il, dans l’histoire de la sphère arabo-musulmane, des précédents qui éclairent les agissements de l’État islamique ? Il semble que si l’EI revendique son appartenance à la tradition califale, il n’en emprunte que les pires aspects et s’inscrit plus classiquement dans le phénomène de radicalisation de l’islam politique.

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