La facture pour les 16 premiers chasseurs-bombardiers F-35A commandés par le Canada s’annonce (très) salée

La facture pour les 16 premiers chasseurs-bombardiers F-35A commandés par le Canada s’annonce (très) salée

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Seulement, il y a plus de dix ans, le développement du F-35 accumulait les critiques, en raison de ses retards et de ses surcoûts. Et la décision du gouvernement Harper ne coupa pas aux polémiques. Ainsi, un rapport parlementaire estima que les coûts d’achat et d’exploitation de ces 65 avions seraient beaucoup plus élevés qu’annoncé. Ce qui fut confirmé par des audits réalisés par le cabinet KPMG et le Vérificateur général du Canada. Dès lors, l’affaire devint un enjeu politique.

Durant la campagne des élections législatives de 2015, Justin Trudeau assura que, lui Premier ministre, le Canada annulerait l’achat du F-35A avant de lancer un appel d’offres et qu’il réinvestirait l’argent ainsi économisé dans la construction navale…

Cela étant, dans l’attente du résultat de l’appel d’offres promis et afin de permettre à l’Aviation royale canadienne de tenir ses engagements à l’égard du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord [NORAD] et de l’Otan, Ottawa dut se résoudre à moderniser a minima les CF-18 et à se procurer des F/A-18 Hornet d’occasion auprès de l’Australie… tout en envisageant l’achat de 18 F/A-18 Super Hornet afin de constituer une flotte « intérimaire ». Ce qui, en raison d’une brouille avec Boeing dans une affaire concernant Bombardier, ne put se faire.

Quoi qu’il en soit, après le retrait de Dassault Aviation [Rafale] et du consortiume européen Eurofighter [Typhoon], l’appel d’offres pour 88 nouveaux avions de combat se joua entre Saab [Gripen E/F] et… Lockheed-Martin [F-35], Boeing ayant été écarté car il fut estimé que le F/A-18 Super Hornet ne correspondait pas aux exigences de l’appel d’offres.

Finalement, douze ans après le choix du gouvernement Harper, le F-35A remporta la compétition. Ou du moins, le ministère canadien de la Défense fit savoir qu’il entrerait en négociation avec Lockheed-Martin afin de se procurer 88 appareils, pour un montant maximal alors estimé à 19 milliards de dollars.

Reste à voir à combien s’élèvera effectivement la facture… En effet, selon des informations de la Presse canadienne et de Radio Canada, Ottawa est sur le point d’autoriser l’achat des 16 premiers F-35A, avec le « matériel connexe » pour 7 milliards de dollars [canadiens, soit 4,8 milliards d’euros].

« Deux sources au ministère de la Défense, qui se sont exprimées sous le couvert de l’anonymat pour discuter de questions qui n’étaient pas encore rendues publiques, ont déclaré qu’une demande de financement envoyée au Conseil du Trésor avait été approuvée plus tôt ce mois-ci », a rapporté la Presse canadienne.

Les sources de cette dernière ont expliqué que le Canada a l’intention d’acheter des F-35A « par tranches au cours des prochaines années » et que la première commande devrait être notifiée d’ici la fin de l’année civile afin de s’assurer que le calendrier de livraison prévu « reste sur la bonne voie ».

À titre de comparaison, la Suisse va acquérir 36 F-35A pour un peu plus de 3,8 milliards de francs suisses [soit 3,9 milliards d’euros au taux de change actuel]. Cela étant, d’après La Presse canadienne, la commande que s’apprête à passer Ottawa couvre, outre les 16 avions, « des pièces de rechange, l’armement et divers coûts de démarrage associés », comme « la construction d’installations ». À noter que Berlin a dit la même chose pour justifier les 10 milliards d’euros que lui coûteront les 35 appareils du même type destinés à la Luftwaffe.

Par ailleurs, et selon les derniers chiffres du Government Accountability Office [GAO, l’équivalent américain de la Cour des comptes française], le coût d’exploitation d’un F-35 demeure élevé, celui-ci étant estimé à 42’000 dollars US de l’heure, contre 30’400 dollars pour le F/A-18 Super Hornet.

Quoi qu’il en soit, si Ottawa s’en était tenue au plan initial, probablement que l’Aviation royale canadienne aurait déjà commencé à remplacer ses CF-18, qui arrivent au bout de leur potentiel.. Au lieu de ça, elle ne sera pas en mesure d’envoyer des avions de combat en Europe, dans le cadre de l’Otan, l’an prochain. Ce qui n’était jamais arrivé depuis 2017, le Canada ayant jusqu’alors toujours pris part au renforcement du flanc oriental de l’Alliance.

Photo : Lockheed-Martin