La France reste le 4e vendeur d’armes au monde

La France reste le 4e vendeur d’armes au monde

Toujours très attendu, le classement annuel des plus grandes entreprises de défense du SIPRI (l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm) révèle qu’en 2017, les entreprises américaines, avec 57% des ventes, ont dominé ce Top 100, ne baissant que de 1% par rapport à 2016. Les entreprises russes, avec 9,5%, ont grimpé à la seconde place, suivies de très près par les britanniques avec 9%. La France, avec 5,3%, s’est classée quatrième. La Chine n’est pas classée*.

 

Le CAESAR de Nexter constitue l’un de ses produits phares et contribue efficacement au classement de la société dans le Top 100 du SIPRI (Photo : Forces Opérations)

Les ventes d’armes et de services à caractère militaire  s’élèvent à 398,2 milliards de dollars en 2017, selon les nouvelles données sur l’industrie d’armement mondiale rendues publiques ce jour par le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI). Un total supérieur de 2,5 % à celui de 2016 et représentant une augmentation de 44 % depuis 2002 (première année où des données pouvant être comparées ont été rendues disponibles ; les chiffres ne comprennent pas les données sur la Chine car elles sont à la fois méconnues et invérifiables). Il s’agit de la troisième année consécutive d’augmentation des ventes d’armes du Top 100.

Commençons par ce qui n’est pas une surprise : avec 42 sociétés en 2017, les entreprises basées aux États-Unis ont continué de dominer le Top 100 en 2017. Prises dans leur ensemble, les ventes d’armes des entreprises américaines ont augmenté de 2,0 % en 2017, pour atteindre 226,6 milliards de dollars, soit 57% du total des ventes d’armes du Top 100. Cinq entreprises américaines figurent dans le Top 10 en 2017. « Les entreprises américaines bénéficient directement de la demande actuelle en armes du Ministère américain de la Défense », souligne Aude Fleurant, directrice du programme Armes et Dépenses militaires du SIPRI. Lockheed Martin demeure le premier producteur d’armes au monde en 2017, avec des ventes qui s’élèvent à 44,9 milliards de dollars.

Et « en face » des Américains ? Les ventes d’armes combinées des entreprises russes représentent 9,5 % du total des ventes du TOP 100, propulsant la Russie au second rang du Top 100 des plus grands producteurs d’armes en 2017. Cette position était occupée par le Royaume-Uni depuis 2002. Prises dans leur ensemble, les ventes d’armes des 10 entreprises russes figurant dans le Top 100 ont augmenté de 8,5 % en 2017, pour atteindre 37,7 milliards de dollars. « Les entreprises russes ont enregistré une augmentation significative de leurs ventes d’armes depuis 2011 », explique Simon Wezeman, chercheur principal au programme Armes et Dépenses militaires du SIPRI. « Cela correspond à l’augmentation des dépenses en achat d’armes par la Russie pour la modernisation de ses forces armées ».

Remarquons qu’en 2017, une entreprise russe figure pour la première fois dans le Top 10 depuis que le SIPRI publie cette liste annuelle. « Almaz-Antey, qui était déjà la plus grande entreprise de production d’armes de Russie, a augmenté ses ventes de 17 % en 2017, pour atteindre 8,6 milliards de dollars », précise Alexandra Kuimova, assistante chercheuse au programme Armes et Dépenses militaires du SIPRI.

Et en Europe ? Les ventes d’armes combinées des 24 entreprises d’Europe occidentale figurant dans le Top 100 ont augmenté de 3,8 % en 2017, pour atteindre 94,9 milliards de dollars, soit 23,8 % du total du Top 100. En 2017, le Royaume-Uni demeure le plus grand producteur dans la région, avec un total de ventes d’armes s’élevant à 35,7 milliards de dollars ; sept entreprises britanniques figurent dans le Top 100. Les ventes d’armes combinées des entreprises britanniques sont de 2,3 % supérieures à celles de 2016, une augmentation due en grande partie à l’augmentation des ventes d’armes de BAE Systems, Rolls-Royce et GKN. BAE Systems, qui figure au quatrième rang du Top 100, est le plus grand producteur d’armes du Royaume-uni. Ses ventes d’armes ont augmenté de 3,3 % en 2017, soit 22,9 milliards de dollars.

Quelques autres développements méritent d’être mentionnés. Primo, les ventes d’armes des entreprises turques ont augmenté de 24 % en 2017. « Cette augmentation importante reflète les ambitions de la Turquie de développer son industrie d’armement afin de répondre à sa demande croissante en armes et devenir moins dépendante des fournisseurs étrangers », précise Pieter Wezeman, chercheur principal au programme Armes et Dépenses militaires du SIPRI.

Secundo, les ventes d’armes des quatre entreprises indiennes figurant dans le Top 100 totalisent 7,5 milliards de dollars en 2017, soit 1,9 % des ventes d’armes du Top 100.

Tertio, les ventes des 15 plus grandes entreprises manufacturières classées par le Global Fortune 500 totalisent 2.311 milliards de dollars en 2017, soit 10 fois le total des ventes d’armes des 15 plus grands producteurs d’armes (231,6 milliards de dollars) en 2017, et près de 6 fois plus que le total des ventes d’armes combinées du Top 100.

Thales est la première société française à apparaître dans le classement : avec 9 milliards USD d’armement sur 17,8 milliards de ventes au total, elle se classe 8ème du Top 15, gagnant une place par rapport à 2016. Aucune autre société française n’apparaît dans ce peloton de tête. Il faut aller jusqu’à la 19ème place pour trouver l’entreprise française suivante : Naval Group, qui a gagné quatre places par rapport à 2016. A la 33ème place, avec un gain d’une place, on trouve Safran. Ensuite, CEA, à la 46ème place (deux places perdues), puis Dassault Aviation Groupe qui, à la 50ème place, en a gagné onze ! A la 83ème place, Nexter en a gagné quatre. De fait, les résultats du systèmier-intégrateur français restent dissociés de ceux de son partenaire au sein de KNDS, l’allemand Krauss-Maffei Wegmann. Pas d’autres sociétés françaises dans le Top 100 mais elles y restent à six, comme en 2016.

* La base de données du SIPRI sur l’industrie d’armement a été créée en 1989. Pour l’instant, elle comprend des données sur les grandes firmes situées dans des pays d’Europe occidentale, y compris l’Union soviétique. Cependant, la version actuelle contient des données depuis 2002, dont celles sur des entreprises en Russie. Les entreprises chinoises ne sont pas comprises dans la base de données par manque d’informations disponibles qui permettraient d’effectuer une estimation raisonnable des ventes d’armes réalisées depuis 2002.
Les « Ventes d’armes » sont définies par le SIPRI comme comprenant les ventes de biens et services à caractère militaire à des clients du secteur militaire, incluant aussi bien les ventes sur le marché intérieur qu’à l’export. Sauf indication contraire, les données sont calculées en termes réels. Toutes les évolutions, entre 2016 et 2017, sont basées sur la liste des entreprises classées en 2017 (par exemple, la comparaison annuelle est effectuée entre les mêmes ensembles de sociétés).
La base de données du SIPRI sur l’industrie d’armement, qui offre un ensemble de données plus détaillées pour la période 2002-17, est disponible sur le site Internet du SIPRI : www.SIPRI.org