La menace des drones est désormais intégrée à la préparation opérationnelle des unités de l’armée de Terre
Photo : armée de Terre
Les combats contre l’État islamique (EI ou Daesh) en Syrie et en Irak ont donné lieu à un fait nouveau : le recours à des drones, ce qui donne à un ennemi dépourvu d’aviation la capacité de disposer d’une capacité aérienne rudimentaire.
En effet, l’EI a commencé à utiliser de tels engins pour mener des reconnaissances avant de lancer ses assauts. Un tel cas a ainsi été documenté en août 2014, lors de la prise de la base de Tabqa, située dans la province de Raqqa. Il est ensuite apparu que l’organisation jihadiste se servait de ces appareils pour alimenter en images ce qui passait alors pour un centre de commandement et de contrôle.
Puis, à l’automne 2016, l’EI a généralisé le recours à des drones modifiés pour emporter des explosifs ou larguer des munitions. De tels appareils avaient été vus pour la première fois lors de la bataille de Kobané, au cours de laquelle les milices kurdes syriennes (YPD) opposèrent une vive résistance aux jihadistes.
Affecté auprès des forces irakiennes lors de la bataille de Mossoul en qualité de conseiller militaire, Pablo Chovil, un officier d’une équipe de combat de la 2e brigade de la 82e division aéroportée américaine, a en outre expliqué que l’EI utilisait des drones pour guider ses VBIED [véhicules piégés]. Et d’estimer que, désormais, il faudrait trouver une « parade » pour contrer les menaces aériennes évoluant à moins de 2.000 pieds d’altitude (600 mètres environ).
Une récente étude, commandée par l’US Army à l’Académie nationale des sciences, de l’ingénierie et de la médecine, a ainsi estimé que les bataillons américains n’étaient « pas préparés à contrer la menace des drones aériens » et que les « plans actuels ne pouvaient pas suivre l’évolution rapide des technologies. »
Ainsi, par exemple, si l’US Army a beaucoup investi pour mettre au point des dispositifs anti-drone, le document souligne que l’accent « a été mis sur la détection des transmissions et le brouillage des signaux GPS ». Or, un appareil comme le DJI Phantom 4 est capable d’éviter les obstacles et de faire du tracking automatique d’un objet ou d’une personne, grâce à sa fonction ActiveTrack.
Quoi qu’il en soit, en France, l’armée de Terre intègre désormais la menace des drones dans la préparation opérationnelle de ses unités.
En effet, le Centre d’entraînement au combat-1er bataillon de chasseurs (CENTAC-1er BC) de Mailly-le-camp a testé, fin juin, des drones « en vue d’améliorer ses analyses et simuler de nouvelles menaces », explique l’armée de Terre. Ces essais s’étant révélés concluants, ces drones seront désormais « exploités lors de chaque rotation. »
« Les retours d’expérience des déploiements montrent l’utilisation par l’adversaire de drones qui peuvent remettre en cause la supériorité opérationnelle. En intégrant prochainement cette technologie dans ses scénarios d’entraînement, l’armée de Terre adapte donc sa préparation à cette nouvelle menace », explique le Sirpa-Terre.
« Lorsqu’un soldat voit le drone, il doit écrire des compte-rendu et savoir se protéger. Dans l’avenir, nous envisageons de simuler des attaques de drones », précise le chef de la cellule « 3e dimension » au CENTAC.
En outre, l’usage de ces drones présente un autre avantage : celui de donner aux instructeurs une vue globale des exercices, ce qui leur permettra d’affiner leurs analyses à des fins pédagogiques. « Dans un dispositif d’interdiction, le drone peut montrer si les soldats sont bien postés. Ils peuvent l’être par rapport à un char, mais pas pour la menace 3D. Et ça, le drone nous le dira », souligne un autre officier du CENTAC.