L’administration américaine autorise le Maroc à acquérir 48 F-16 « Viper » pour 4,8 milliards de dollars
En 2006, alors que son rival algérien venait de commander 30 Mig-29SMT et 28 Su-30MKA auprès de la Russie, le Maroc estima qu’il lui fallait aussi renforcer son aviation de combat. Et, en partie en raison des très bonnes relations entre le président Chirac et le roi Mohammed VI, il se tourna vers la France afin d’acquérir des Rafale. En avril 2007, un protocole d’accord portant sur la livraison de 18 appareils pour 1,8 milliard d’euros fut signé. Il était alors considéré à Paris que ce contrat était « imperdable ».
Seulement, il restait à régler la question du financement. Question qui donna lieu à plusieurs mois d’atermoiements, d’hésitations et même de rivalités entre les ministères concernés… Ce qui permit aux États-Unis de s’engouffrer dans la brèche en proposant 24 F-16C/D Block 52 à Rabat pour 1,6 milliard d’euros, le tout avec un plan de financement étalé sur 20 ans. Et, pour enfoncer le clou, Wahington accorda à Rabat un chèque de 697,5 millions de dollars au titre du Millenium Account Challenge ainsi qu’un soutien politique sur le Sahara occidental.
Et le contrat « imperdable » pour la partie française fut… perdu. Et Rabat commanda 24 F-16 C/D, lesquels lui furent livrés à partir de 2011. Et désormais, les Forces Royales Air [FAR] envisagent de porter ces appareils au standard Block 70 « Viper », qui n’est autre que la dernière version de cet avion produit par Lockheed-Martin.
En effet, la Defence Security Cooperation Agency [DSCA], qui gère les exportations d’équipements militaires américains, a notifié au Congrès un avis portant sur la mise à niveau potentielle de
23 F-16 C/D Block 52 [*] marocains au standard Block 70 « Viper pour 985,2 millions de dollars.
Mais Rabat n’entend visiblement en rester là. Dans un second avis, la DSCA recommande également au Congrès de donner son feu vert à une vente potentielle de 25 F-16 Block 70/72 Viper supplémentaires destinés au FAR. Le montant d’un tel contrat, qui comprend la livraison d’équipements connexes et de munitions [dont une soixantaine de bombes GBU-39/B], est estimé à 3,8 milliards de dollars.
En tout, cette modernisation des FAR pourrait coûter 4,7 milliards de dollars au Maroc, ce qui en ferait le contrat militaire le plus important de son histoire.
« Cette vente contribuera […] à améliorer la sécurité d’un important allié non membre de l’Otan, qui continue d’être une force importante pour la stabilité politique et le progrès économique en Afrique du Nord », avance la DSCA dans ses deux avis. Et elle « ne n’affectera pas l’équilibre des forces dans la région », ajoute-t-elle.
Pour rappel, le F-16V est doté d’un radar à antenne active (AESA, pour Active Electronically Scanned Array) APG-83, d’un ordinateur de mission avancé, d’un affichage de suivi de terrain (Center Pedestal Display), d’un nouveau système de liaisons de données Link-16 ainsi que d’une connectivité et d’une avionique améliorées. Cette nouvelle version de l’avion de Lockheed-Martin accumule par ailleurs les succès commerciaux. Outre le Maroc, elle a aussi séduit la Bulgarie, la Grèce, Bahreïn, la Slovaquie ou encore Taïwan.
[*] Un F-16 des FAR a été perdu au Yémen