L’armée de Terre veut donner plus d’autonomie à ses brigades et à ses régiments

L’armée de Terre veut donner plus d’autonomie à ses brigades et à ses régiments

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En clair, il s’agit de revenir sur le modèle mis en place lors des réformes du ministère des Armées menées au tournant des années 2010, dans un contexte de contrainte budgétaire. Réformes qui ont été, comme eut l’occasion de le souligner le général François Lecointre, quand il était encore chef d’état-major des armées [CEMA], menées selon une « approche fonctionnelle » aux dépens d’une « approche organique » et « sans égard suffisant pour la singularité du fonctionnement des armées ».

Selon plusieurs rapports du Haut Comité d’Évaluation de la Condition Militaire [HCECM], ces réformes se sont traduites par une dégradation du soutien administratif ainsi que par un effritement de la cohésion, en raison d’une « interarmisation » alors justifiée par le souci de rationalisation. En outre, elles ont amoindri le concept « un chef, une mission, des moyens ».

Cela étant, et conformément aux directives du chef de l’État, l’armée de Terre a déjà adopté un « plan de transformation », appelé « Une armée de Terre de combat ». Et les mesures qu’il propose seront progressivement en œuvre selon des modalités précisées dans un document interne, intitulé « Ordre général à l’armée de Terre 2023-30 ».

Celui-ci prévoit quatre grands commandements : le CFOT [commandement de la force opérationnelle terrestre], la DRHAT [Direction des ressources humaines de l’armée de Terre], la DCSIMMT [Direction centrale de la Structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres] et le CCF [Commandement du combat futur]. Chacun d’entre eux aura à se concentrer sur une priorité précise, dont les opérations, les forces morales, l’économie de guerre [avec le maintien en condition opérationnelle] et l’innovation.

Ce document prévoit des mesures visant à faciliter le « fonctionnement quotidien » des unités de l’armée de Terre, les objectifs étant de « libérer les énergies des échelons subordonnés » et de « chercher l’amélioration des conditions de vie du métier militaire dans un équilibre assumé avec l’exigence d’une armée d’emploi durcie ».

Parmi ces mesures, il est question « d’adapter le style de commandement » du CFOT en passant de la culture de la norme à celle de l’intention, de la responsabilité et du résultat ».

Concrètement, il s’agira de « renforcer l’esprit d’initiative au combat », de développer la subsidiarité au quotidien », de « responsabiliser le commandement » et de « passer de la culture du contrôle de conformité à la mesure de l’efficacité ». Et cela se traduira par une autonomie plus grande laissée aux brigades et aux « autorités immédiatement supérieures » [AIS] des régiments.

Ainsi, l’armée de Terre veut « établir les brigades et les AIS des régiments comme l’échelon de synthèse des domaines ‘opérations’, ‘programmation des activités de préparation opérationnelle’, ‘ressources humaines’, ‘organisation’, ‘capacitaire’, ‘infrastructure’, ‘sécurité’ et ‘rayonnement’ ».

Plus généralement, le document explique que l’autonomie des brigades « constitue une ligne directrice forte de la transformation de l’armée de Terre.

« Certains freins à cette autonomie relèvent de notre organisation interne : ils doivent être levés par tous les chefs en mesure de le faire, chacun à son niveau. Certains freins relèvent de l’organisation interarmées : il nous incombe de les identifier, d’en limiter les effets et de formuler des propositions pour les lever à moyen terme », poursuit-il.

En outre, il reviendra à chaque brigade de déterminer la meilleure façon d’atteindre ses objectifs et de « valider les propositions de leurs régiments subordonnés selon ce prisme, dans le respect des directives et du cadre fixé par les contrats opérationnels ».

Enfin, il s’agira aussi de « créer les conditions de la liberté d’action des chefs de corps en leur redonnant des leviers d’action concrets », grâce à la mise en œuvre d’un « plan de subsidiarité budgétaire » visant à « accroître la déconcentration des crédits et donner aux formations les capacités et moyens d’agir conformément aux responsabilités qui leur sont confiées ».