Le chef présumé du programme militaire nucléaire iranien a été assassiné
Étant donné que les États-Unis se sont retirés de l’accord de Vienne tout en relançant les sanctions à son égard, l’Iran s’est affranchi en partie des engagements qu’il avait pris au sujet de son programme nucléaire. Dans le même temps, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, n’a cessé d’accuser Téhéran d’avoir dissimulé l’étendue de ses activités nucléaires, en cachant notamment l’existence de plusieurs sites a priori utilisés pour mener des travaux à des fins militaires.
En septembre 2019, à quelques jours d’élections législatives, le chef du gouvernement israélien évoqué l’existence d’un site « secret » qui, implanté à Abadeh, au sud d’Ispahan, aurait servi à mener des « expériences afin de développer des armes nucléaires. » Un an plus tôt, il en fit de même avec entrepôt nucléaire « secret », situé cette fois à Turquzabab, près de Téhéran. Depuis, l’Agence internationale de l’énergie atomique [AEIA] s’y est rendue. Et ce qu’elle y a découvert – des particules d’uranium anthropogénique – ne colle pas avec les explications données par les responsables iraniens. Aussi exige-t-elle de leur part des « éclaircissements », qui tardent à venir.
Ces révélations que M. Netyanahu livre au compte-gouttes seraient issues d’archives volées par le Mossad à Téhéran, en février 2018. D’ailleurs, après ce coup d’éclat, le Premier ministre israélien avait tenu une conférence de presse pour en présenter les faits les plus saillants. Et, à cette occasion, il désigna Dr Mohsen Fakhrizadeh comme étant le chef du volet militaire du programme nucléaire iranien.
Or, ce 27 novembre, ce scientifique a été assassiné après que sa voiture a été prise pour cible par « plusieurs assaillants ». L’annonce en a été faite par le ministère iranien de la Défense, alors que régnait une grande confusion sur le sort du Dr Fakhrizadeh.
Les circonstances de cet assassinat restent encore à préciser. Mais plusieurs médias locaux ont rapporté qu’un véhicule avait explosé à proximité de la voiture du Dr Fakhrizadeh, alors qu’il circulait circulait dans la région d’Absard, à l’est Téhéran. Puis les assaillants ont ouvert le feu, ce qui, de source iranienne, a donné lieu à des échanges de tirs avec l’équipe de sécurité.
Par le passé, au moins quatre scientifiques mêlés au programme nucléaire iranien ont été assassinés par des agents présumés du Mossad [ou par des individus « pilotés » par le service israélien et la CIA]. Trois avaient été la cible d’un attentat à la bombe et un fut tué par des inconnus circulant à moto dans les rues de Téhéran.
« Des terroristes ont assassiné aujourd’hui un éminent scientifique iranien. Cette lâcheté – avec des indications sérieuses du rôle d’Israël – montre le bellicisme désespéré de ses auteurs », a réagi Mohammad Javad Zarif, le ministre iranien des Affaires étrangères. Et d’en appeler la communauté internationale à « mettre un terme à ses honteuses positions ambivalentes et à condamner cet acte terroriste. »
« Mohsen Fakhrizadeh, le scientifique tué cet après-midi dans un attentat près de Téhéran, était parfois appelé le ‘Solaimani du nucléaire’, référence au tout-puissant chef de la Force al-Qods, assassiné par les Etats-Unis en janvier à Bagdad. Donc un très gros poisson », a commenté le journaliste Georges Malbrunot, sur Twitter.
En tout cas, même si on ignore le sort des assaillants, l’assassinat d’un homme aussi important que pouvait l’être le Dr Fakhrizadeh est un sérieux revers pour les services de sécurité iraniens. Un de plus, cela étant. En effet, il survient après celui, en août, d’Abdullah Ahmed Abdullah, un cadre de haut rang d’al-Qaïda qui vivait sous une fausse identité à Téhéran [et a priori avec la bienveillance des autorités iraniennes] et d’une série de mystérieuses explosions sur des sites sensibles attribués au Mossad.