Le Fardier, la nouvelle monture des Paras
Franck Alexandre – RFI – Publié le
Les deux premiers prototypes sont sortis des ateliers il y a six ans… Le Fardier est depuis devenu une réalité et les premiers éléments d’une série de 300 véhicules équiperont bientôt l’armée Française. Le Fardier est un véhicule tout terrain, de petit gabarit, taillé pour les troupes parachutistes et les Forces spéciales. Il sera visible cette semaine à Eurosatory, le plus grand salon européen d’armement terrestre.
Soixante chevaux, une vitesse de pointe de 60 km/h, sans électronique, robuste et hyper compact : voilà le Fardier ! Une mini-jeep, bien carrée, équipée d’un arceau pouvant servir de support à deux mitrailleuses, un véhicule passe partout, très rustique assure l’adjudant-chef Thierry et ce n’est pas tout, sourit le pilote, le Fardier c’est un peu comme une 2 CV, on fait l’entretien soi-même : « On peut faire avec les accessoires qui sont inclus dans le lot de bord, tout l’entretien niveau utilisateur. À l’arrière, on peut déployer les montants, ça forme un plateau qui permet de charger environ 200 kilos de fret ».
C’est une mule ce Fardier, un petit 4X4 increvable pour soulager les fantassins et qui peut aussi servir de tracteur pour un gros mortier, souligne le lieutenant-colonel Hervé de Barbeyrac de la section technique de l’armée de terre, la STAT, « C’est un véhicule très léger, très compact. L’objectif, c’était qu’il puisse être posé sur une palette pour l’aérolargage. D’où ces dimensions très réduites. On parle d’un ‘système Fardier’ puisqu’il a son attelage pour augmenter la capacité d’emport. Avec une remorque et puis le deuxième type d’attelage, c’est bien sûr le mortier de 120 mm. Le Fardier est extrêmement rustique, il y a très peu d’électronique. L’objectif, c’est que les opérations même de maintenance puissent être faites par l’utilisateur, puisqu’il faut rappeler le besoin, c’est pour des troupes aéroportées, pour des forces spéciales qui vont intervenir dans la profondeur, qui sont censés être autonomes et donc qui ont peu de moyens à disposition pour effectuer les réparations, la maintenance, etc ».
UNAC, une PME dans le monde de l’armement terrestre
Autre particularité du Fardier, ce véhicule n’est pas issu des ateliers d’un grand industriel de la défense. Il a été conçu par un petit fabricant d’engins de chantier : UNAC. Une entreprise familiale qui a retenu l’attention de La Direction générale de l’Armement. La DGA souhaite désormais faire travailler des PME qui, jusque-là, ne répondaient jamais aux programmes de défense. C’est un changement de philosophie, explique Luc Guillemot, de la DGA: « Le programme a été fait initialement pour justement ne pas exclure les petites entreprises. Parce que souvent, on a des gros groupes qui sont plus à même de rentrer dans les contrats du ministère des Armées. Là, on a fait en sorte de cadrer les choses pour que les petites PME puissent répondre. Et innover en fait. Et c’est le cas d’UNAC effectivement, puisque déjà l’innovation est dans la compacité du véhicule. Innovation également lors de la phase de développement, que ce soit en proposant des solutions techniques de façon très rapide, en fabriquant des pièces en une heure pour nous montrer ce que ça donnait sur le véhicule. Donc, ça a été très appréciable. Cela a permis d’augmenter l’efficacité des travaux. Il y a beaucoup de petites sociétés innovantes en France, il faut essayer de les valoriser. C’est le cas avec l’UNAC : il faut que ce petit véhicule se fasse connaître et cette société également, en espérant que cette entreprise familiale reproduise ce type de travaux ».
UNAC, à la recherche d’autres clients que l’armée française, aura son stand cette semaine à Eurosatory, le plus grand salon européen de l’armement terrestre et il se murmure déjà que l’Ukraine se dit intéressée par le Fardier.