Les forces taïwanaises ont lancé un important exercice pour se préparer à repousser une invasion chinoise
Si l’on en croit les bruits de coursive, relayés par le quotidien South China Morning Post [SCMP], la Chine aurait l’intention d’organiser d’importantes manœuvres aéronavales et amphibies en août prochain, dans le secteur des îles Pratas, administrées par Taïwan.
« Un groupe aéronaval traversera les îles Pratas en direction du site de l’exercice, au sud-est de Taïwan, dans la mer des Philippines », a en effet confié une source militaire chinoise au SCMP, en mai dernier, confirmant ainsi une information précédemment avancée par Kyodo News.
Quoi qu’il en soit, et après avoir remis en cause le statut qu’avait obtenu Hong Kong à la faveur de sa rétrocession à la Chine par le Royaume-Uni en 1997, Pékin ne fait aucun mystère de ses intentions concernant Taïwan, considérée comme étant une « province rebelle ».
Les déclarations martiales s’accumulent, l’une des dernières en date étant celle du général Li Zuocheng, chef du département d’état-major interarmées et membre de la commission militaire centrale. « Si la possibilité d’une réunification pacifique échoue, l’Armée populaire de libération prendra, avec l’ensemble du pays – y compris le peuple de Taiwan – toutes les mesures nécessaires pour briser résolument tout complot ou action séparatiste », a-t-il en effet prévenu, en juin dernier.
Mais Pékin joint les paroles aux gestes, avec l’envoi, ces derniers mois, et à une fréquence sans précédent, de bombardiers et d’avions de combat dans la zone de défense aérienne taïwanaise. À cela vient s’ajouter les importantes manœuvres navales régulièrement organisées en face de Taïwan ainsi que les pressions diplomatiques, qui visent à isoler l’île de tout appui extérieur.
Il est donc logique de voir les forces taïwanaises à se préparer une éventuelle invasion, d’autant plus que, dans le dernier Livre blanc sur la défense qu’il vient de publier, le Japon a accusé la Chine de profiter de la pandémie de Covid-19 pour faire avancer ses revendications territoriales.
En outre, un rapport publié en 2013 par le ministère taïwanais de la Défense avait estimé que la Chine aurait la capacité de s’emparer de l’île « par la force », tout en « dissuadant toute intervention militaire américaine » d’ici 2020. Et selon trois scénarios possibles : une opération amphibie, un blocus, des tirs massifs de missiles. Aussi, la doctrine militaire du pays fut modifiée en conséquence afin de mettre l’accent sur la guerre « asymétrique ».
Aussi, les forces taïwanaises s’entraînent régulièrement à faire face à de telles éventualités, notamment via les manœuvres Han Kuang. Chaque édition de ces dernières porte sur un domaine particulier [guerre électronique, simulation d’attaque d’une base aérienne, etc].
Cette année, ces exercices, qui ont débuté le 13 juillet, visent à évaluer la capacité des forces taïwanaises à repousser un débarquement de l’Armée populaire de libération [APL] sur l’île, doublé d’attaques contre les principales emprises militaires du pays. Contrairement aux années passées, explique Taiwan News, l’accent sera mis sur le combat interarmes et interarmées.
En effet, pour la première fois, plus de 20 bataillons interarmées formés en septembre 2019 et réunissant des unités d’infanterie et de blindés mais aussi d’opérateurs de drones et de missiles anti-aériens Stinger, participent à ces manœuvres. De même qu’il est aussi fait appel aux réservistes.
Il est aussi question d’organiser un exercice simulant la libération de dirigeants gouvernementaux pris en otage par des unités chinoises ainsi que le tir réel de torpilles par le sous-marin de type Hai Lung sur une frégate déclassée de la classe Knox.
À l’issue d’un exercice ayant consisté à repousser le débarquement simulé de troupes chinoises près de la ville de Taichung, avec 8.000 soldats, des avions de chasse et des navires, la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen s’est félicité des « solides capacités de défense » de Taïwan. Et d’estimer que les manœuvres en cours illustrent « notre forte détermination à défendre » l’île.
Malheureusement, cette édition des manœuvres Han Kuang a été endeuillée par la mort des deux membres d’équipage d’un hélicoptère Bell OH-58D, l’appareil s’étant écrasé alors qu’il retournait à la base de Hsinshu après avoir participé à l’un des exercices.
Photo : Présidence taïwanaise