L’obus Excalibur bientôt qualifié sur CAESAR
L’obus guidé de 155 mm Excalibur sera bientôt qualifié sur CAESAR, révèle une vidéo réalisée par le régiment d’artillerie de l’Armée royale danoise. Une première campagne de tirs, menée conjointement avec Nexter et l’américain Raytheon, s’est achevée en décembre sur le polygone de tir du Centre de soutien à l’artillerie et au combat d’Oksbøl, précise l’ingénieur divisionnaire Per Mørkeberg, chef du département de sécurité et de balistique.
C’est une nouvelle avancée majeure pour ce programme, lancé en mars 2018 avec l’acquisition par Copenhague de 15 CAESAR montés sur châssis Tatra 8×8 pour un montant estimé à 40M€. Nous le révélions il y a peu, le processus d’implémentation du CAESAR au sein des forces armées danoises est en partie soutenu par un exemplaire en version 6×6 « loué » par Nexter. Il permet aux militaires danois de préparer des tables de tirs adéquates et de réaliser les tirs qualificatifs nécessaires à l’adoption de nouvelles munitions. Cette campagne menée sur l’Excalibur s’est appuyée sur cinq paramètres spécifiques: le conditionnement des munitions, la manoeuvre de chargement, le comportement de la munition à la sortie de la bouche, les trajectoires balistiques et le tir proprement dit.
« Nous avons beaucoup progressé cette année avec (…) Raytheon, et grâce à Per et toute son équipe, nous avons achevé la 3e étape relative aux tirs », explique Florent Bruel, responsable technique projet pour Nexter. Outre le fait qu’elle démontre la polyvalence du CAESAR, cette campagne de qualification présuppose également l’achat prochain d’obus Excalibur par l’armée danoise, qui deviendrait le 6e pays utilisateur après, entre autres, son voisin suédois. Produit depuis 2005 par Raytheon, cette munition a depuis lors été déclinée en trois versions. La plus récente, dite « Ib », offre une portée maximale supérieure à 50 km et un écart circulaire probable (ECP) d’environ cinq mètres. Autant de performances séduisantes, susceptibles d’élargir considérablement le portfolio capacitaire du CAESAR et de conforter l’argumentaire de Nexter à l’export.
Mais l’intégration de l’Excalibur ne doit en rien occulter l’effort mené par les militaires et industriels français pour rattraper le retard accusé dans la question des munitions guidées. « Dans le cadre de l’opération Chammal, l’artillerie française a été très observée par les Américains, et la précision de ses tirs a été particulièrement appréciée. Cette précision tient davantage à la qualité de nos canons qu’à celle de nos munitions. Au contraire, les Américains ont plutôt tiré leur efficacité de la qualité de leurs munitions », admettait en effet le CEMAT, le général Bosser, en octobre 2018 lors d’une audition à l’Assemblée nationale.
Une situation embarrassante, jusqu’à décembre dernier et la première utilisation opérationnelle d’obus guidés BONUS (BOfors NUtating Shell) par les CAESAR de la Task Force Wagram, permettant la destruction de huit véhicules blindés de Daech. « À n’en pas douter, l’emploi réussi de l’obus Bonus fera date et va modifier la perception encore trop répandue d’une artillerie « arrosant » le champ de bataille », précisait alors le colonel François-Régis, commandant de la Task Force Wagram.
Et le meilleur reste à venir pour les artilleurs français, à en croire l’ambitieuse politique de développement du groupe Nexter. Désireux d’améliorer les performances des systèmes d’artillerie qu’il commercialise, le systémier-intégrateur travaille aujourd’hui sur l’obus guidé Katana, dévoilé durant le dernier salon Eurosatory. Conçu autour d’une hybridation entre un récepteur de signaux GPS et une centrale inertielle, cette munition intelligente pourrait à terme atteindre une cible située à 60 km avec un ECP de deux mètres.