LPM 2024-30 : La Marine nationale devrait disposer de quatre nouveaux navires légers de projection de forces
Certes, ces navires ont depuis été remplacés par quatre Bâtiments de soutien et d’assistance outre-mer [BSAOM], dotés de nouvelles fonctionnalités [remorquage, grue de levage, etc]. Mais ceux-ci permettent pas d’effectuer les mêmes missions que les BATRAL, lesquels avaient la capacité de transporter jusqu’à 12 véhicules et 130 hommes, ce qui était fort utile en cas, par exemple, de catastrophe naturelle pour acheminer de l’aide humanitaire.
Un rapport du Sénat, publié en 2022, s’en était justement inquiété. Le retrait des BATRAL « constitue une rupture de capacité qui ne dit pas son nom, la disparition d’une capacité amphibie basique et immédiatement disponible intra-théâtre outre-mer posant de nombreux problèmes logistiques. Le rétablissement de ces capacités amphibies est aujourd’hui primordial », avaient soutenu ses auteurs.
Seulement, le projet de Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30 n’évoque pas ce sujet… Du moins était-ce encore le cas jusqu’au 26 mai. En effet, lors de son examen en séance par les députés, quatre amendements [n°1516, n°1704, n°1705 et n°1706] visant à lancer un programme de navire amphibie léger ont été soutenus respectivement par Jean-Louis Thiériot [LR], Yannick Chenevard [Renaissance], Jean-Charles Larsonneur [Horizon] et Fabien Lainé [Modem].
Il s’agit de « doter notre marine, dans ses fonctions outre-mer, de bâtiments de transport léger susceptibles […] d’intervenir en débarquement sur des plages dépourvues d’infrastructures portuaires importantes. Cette capacité n’existe plus. Nous proposons le lancement d’un programme qui nous permettrait de disposer à terme d’un Batral par aire d’outre-mer : un aux Antilles, un dans l’océan Indien – qui pourra intervenir à Mayotte […] – et deux dans le Pacifique, en Polynésie et en Nouvelle-Calédonie », a expliqué M. Thiériot.
Et de souligner que de tels navires auront une « fonction militaire dissuasive » en permettant le débarquement d’une compagnie de combat, ce qui pourrait être utile si un « problème survenait demain aux îles Éparses, sur les îlots Matthew et Hunter ou dans d’autres territoires qui pourraient être contestés », et ils seront aussi « en mesure de remplir des missions civilo-militaires, puisqu’ils [seront]parfaitement adaptés à des crises naturelles ou climatiques ».
Cela étant, lors d’une audition à l’Assemblée nationale dans le cadre du projet de LPM 2024-30, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Pierre Vandier, avait évoqué une réflexion « assez approfondie » avec le général Thierry Burkhard, le chef d’état-major des armées [CEMA] au sujet d’un successeur au BATRAL.
« Les bâtiments susceptibles de faire de l’amphibie léger, c’est-à-dire d’apporter sur une île des capacités légères, du soutien et de l’assistance, ont un coût de l’ordre de 15 à 20 millions. La notion de signalement stratégique par prépositionnement dans les outre-mer est importante et elle passe par le fait de montrer régulièrement des unités militaires dans ces zones parfois très isolées », avait en effet expliqué l’amiral Vandier, précisant que la question restait encore « ouverte ».
Quoi qu’il en soit, lors des débats, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, s’est dit favorable à l’adoption de ces amendements. Et la réflexion sur ce sujet est déjà assez avancée, à en juger par son propos.
« Ce programme est intéressant. Les BATRAL de demain ne seront pas les BATRAL d’hier, tant du point de vue du format que de celui du prix, puisqu’ils seront plus lourds », a en effet répondu M. Lecornu. Cependant, il a précisé qu’il s’agirait de mener des « études de faisabilité » car la « la décision de mise en production ou d’acquisition, le cas échéant, se prendra ultérieurement ».
Cependant, des solutions existent déjà… Comme le « navire de projection autonome » LCAT [photo], dévoilé en 2016 par le groupe CNIM, celui-ci l’ayant développé jsutement pour les opérations amphibies et humanitaires, ainsi que pour les missions relevant de l’action de l’État en mer. Le rapport du Sénat avait suggéré de s’inspirer de la force maritime d’autodéfense japonaise, laquelle utilise des hydroglisseurs de type LCAC.
Photo : CNIM