Mali : Pour Paris, il est désormais « vraisemblable » que le chef jihadiste Amadou Koufa soit encore vivant
Le 23 novembre 2018, à l’issue d’un raid audacieux de la force Barkhane dans la région de Mopti, les autorités françaises et maliennes avaient annoncé la mort d’Amadou Koufa, un prédicateur peul devenu chef de la katiba « Macina », liée au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM] dirigé par Iyad Ag Ghali.
Dans un premier temps, toutefois, l’État-major des armées [EMA] s’était voulu prudent en utilisant le conditionnel. Puis il avait confirmé le décès du chef jihadiste dans l’un de ses points de situation hebdomadaires. Et, devant les députés, la ministre des Armées, Florence Parly, tint la mort d’Amadou Koufa pour acquise.
Côté malien, on assura que s’il avait réussi à s’enfuir lors du raid de Barkhane [qui fit une trentaine de tués dans les rangs jihadistes], le chef de la katiba Macina était « décédé des suites de ses blessures ». Or, le souci, comme le confiera plus tard une source militaire française à RFI, est qu’aucune preuve « tangible » ne fut avancée pour confirmer avec certitude la mort de Koufa, laquelle fut par ailleurs démentie par le GSIM et al-Qaida au Maghreb islamique [AQMI].
Depuis, Amadou Koufa serait réapparu, fin février, dans une vidéo le montrant dialoguer, tantôt en anglais, tantôt en arabe, avec deux hommes au visage masqué. Restait donc à vérifier l’authenticité de ce film d’une vingtaine de minutes.
Une dizaine de jours plus tard, le ministère des Armées a rendu sa conclusion. « Il est vraisemblable que ce soit lui » et qu’il « soit donc toujours en vie », a confié, rapporte l’AFP, le colonel Patrik Steiger, le porte-parole de l’EMA.
Pour rappel, et aux dires du général Frédéric Blachon, le commandant de la force Barkhane, la katiba Macina est l’une des « plus dangereuses » au Mali. Apparu pour la première fois en janvier 2015 et disposant de nombreux combattants, pour la plupart issus du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest [MUJAO] et appartenant à la communauté Peule, ce groupe jihadiste cherche à attiser les rivalités intercommunautaires dans le centre du Mali.
Cette organisation « adopte une stratégie quasi insurrectionnelle en s’attaquant aux représentants de l’État et aux symboles de l’autorité », a récemment résumé le général Blachon, dans les colonnes du quotidien Le Monde.
Quoi qu’il en soit, si Koufa est encore vivant, le raid français auquel il a échappé ne pourra le rendre qu’encore plus méfiant, déjà qu’il se montrait très prudent dans ses déplacements et apparitions publiques [ce qui lui a valu d’être surnommé « l’insaissable »]. D’après Jeune Afrique, l’informateur de la force Barkhane qui avait permis l’opération du 23 novembre aurait été « exécuté » par les jihadistes.
Photo : capture d’écran