Ravitaillés en vol par un A400M allemand, les Rafale français détruisent une « zone de repli » utilisée par Daesh en Irak
Même s’il a perdu son chef, Abu Bakr al-Baghdadi, lors d’un raid des forces spéciales américaines dans la province syrienne d’Idleb, l’État islamique reprend du poil de la bête depuis quelques mois.
L’offensive turque contre les Forces démocratiques syriennes, qui le combattaient jusqu’alors avec l’appui de la coalition anti-jihadiste « Inherent Resolve » n’a pu que l’aider. De même que les tensions politiques en Irak, les remous provoqués par l’élimination, à Bagdad, du général iranien Qassem Soleimani, lors d’une frappe américaine et… l’épidémie de Covid-19.
« La crise agit comme un catalyseur des grandes menaces préalablement identifiées et précipite l’accumulation des tensions. D’abord, loin de faiblir, le terrorisme de Daesh au Levant, à Deir ez-Zor ou dans la Badia, est en voie de réorganisation sous une forme insurrectionnelle. Le désengagement progressif des États-Unis, les difficultés internes à l’Irak et la focalisation de tous sur la crise pandémique laissent place à une potentielle réémergence de l’organisation État islamique et à la reconstitution de sa capacité de frappe », a ainsi observé Alice Guitton, directrice générale des relations internationales et de la stratégie du ministère des armées, lors d’une récente audition à l’Assemblée.
Pire encore : « Les organisations terroristes pourraient tirer les leçons de la crise, la pandémie ayant mis en évidence la rapidité de la propagation d’un agent infectieux et la difficulté à en contenir les effets », a prévenu Mme Guitton.
Aussi, début juin, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompeo, a exhorté les pays membres de la coalition internationale à ne pas relâcher les efforts contre Daesh. « Notre combat contre l’EI continue, et continuera encore à l’avenir. Nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers », a-t-il dit, lors d’une réunion ministérielle virtuelle.
« Nous devons continuer à éradiquer les cellules et réseaux de l’EI, et apporter notre assistance à la stabilisation dans les zones libérées en Irak et en Syrie », a continué M. Pompeo. Et cela, même si la pandémie de Covid-19 met les budgets des pays membres de la coalition sous « énorme pression ».
En attendant, les opérations de la coalition continuent, avec des frappes aériennes contre des positions de Daesh, situées notamment dans le nord de l’Irak, et un soutien aux FDS en Syrie.
Pendant plusieurs mois, les Rafale de la force Chammal [nom de la participation française à Inherent Resolve] n’ont pas conduit de raids contre Daesh. Sauf en mai, où ils ont visé des zones de replis utilisées par les jihadistes dans les régions de Kirkouk et de Mossoul.
Le 22 juin, les aviateurs français ont de nouveau été sollicités pour une troisième frappe, effectuée dans le cadre de l’opération « Heroes of Iraq », conduite par les forces de sécurité irakiennes dans une région située entre Mossoul et Kirkouk.
La particularité de cette mission est qu’elle a été réalisée avec le soutien d’un avion ravitailleur… allemand. Un A400M Atlas, en l’occurrence.
« Tôt dans la matinée du 22 juin, à l’issue d’un ravitaillement en vol sur A400M allemand, les trois chasseurs français ont effectué une frappe à l’aide de bombes AASM [Armement Air-Sol Modulaire] guidées laser et guidées GPS, réduisant ainsi le potentiel militaire de l’organisation terroriste », relate en effet l’État-major des armées [EMA].
Cette fois, l’objectif du raid a été un ensemble de bâtiment utilisés par Daesh comme « bed down location » [BDL, ou lieu de repli].
Selon l’EMA, tous ont été détruits. « Avant la frappe, un appui drone américain a permis de contrôler l’environnement immédiat de la cible. Les équipages ont ainsi reçu confirmation qu’ils pouvaient procéder à la destruction des objectifs », précise-t-il.
Photo : EMA / Armée de l’Air