Un engin de forme « octogonale » abattu par un F-16 au-dessus du Michigan
Dans le dernier cas, survenu après que deux objets « cylindriques » ont été détruits par des missiles air-air AIM-9X tirés par des F-22A Raptor au-dessus de l’Alaska et du Yukon [Canada] les 10 et 11 février, deux F-16 de la Garde nationale, affectés à la base de Madison, ont abattu un engin de « forme octogonale », sans nacelle visible, évoluant alors à environ 20’000 pieds [environ 6’000 mètres] d’altitude au-dessus du lac Huron [Michigan].
« Sa trajectoire et son altitude suscitaient des inquiétudes, et pouvaient constituer un danger pour l’aviation civile. L’emplacement choisi pour l’abattre nous a permis d’éviter des retombées sur des personnes au sol tout en augmentant les chances de récupération des débris. Rien n’indique que des civils aient été blessés ou même touchés », a expliqué le Pentagone, via un communiqué.
La veille, une partie de l’espace aérien du Montana avait été fermée temporairement en raison de la présence présumée d’un engin suspect. Puis le Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord [NORAD] avait ensuite levé les restrictions en évoquant une « anomalie radar »… qui n’en était finalement pas une.
« Sur la base de sa trajectoire de vol et des données recueillies, nous pouvons raisonnablement relier cet objet au signal radar capté au-dessus du Montana, qui volait à proximité de sites militaires sensibles », a en effet précisé le Pentagone. Et d’ajouter : « Nous n’avons pas estimé qu’il s’agissait d’une menace militaire directe pour qui que ce soit au sol, mais qu’il s’agissait d’un danger pour la sécurité des vols civils et d’une menace en raison de ses capacités de surveillance potentielles. Nos équipes vont maintenant s’efforcer de récupérer l’objet afin d’en savoir plus ».
Cela étant, si de tels engins ont pu être repérés, c’est parce que, après l’affaire du ballon chinois, la défense aérienne américaine a réglé ses radars afin de pouvoir détecter des objets plus petits et plus lents. « Ce que nous voyons, ce sont de très, très petits objets qui produisent une signature radar très très faible », a expliqué le général Glen VanHeck, le « patron » du NORAD et de l’US Northern Command.
Celui-ci s’est également refusé à parler de « ballons » pour qualifier les engins – de la taille d’une « petite voiture » – abattus ces derniers jours. « Nous les appelons des objets, pas des ballons, pour une bonne raison », a-t-il dit. Quant à l’origine, « je vais laisser les services de renseignement et de contre-espionnage répondre à cette question », a-t-il affirmé à la presse, assurant qu’il n’avait « encore rien exclu à se stade ».
Deux questions demeurent. Pourquoi des missiles AIM-9X – dont le prix unitaire est de l’ordre de 400’000 dollars – ont-ils été utilisés pour abattre les trois derniers engins suspects alors que les F-22A et F-16 sont chacun armé d’un canon de 20 mm? De telles munitions étaient-elle insuffisantes pour les détruire? En outre, on peut supposer que, avant d’être abattu, ces objets ont été photographiés sur toutes les coutures… Pourquoi aucun cliché n’a-t-il pas été diffusé?
Quoi qu’il en soit, et alors qu’elle a été accusée par les États-Unis d’avoir mis en place un programme d’espionnage à grande échelle avec des aérostats, la Chine a fini par répliquer, en affirmant, ce 13 février, que des aérostats américains avaient violé son espace aérien « plus de dix fois » depuis le début de l’année 2022.
Ces incursions « ont été gérées de manière responsable et professionnelle », a fait valoir Wang Wenbin, un porte-parole de la diplomatie chinoise, sans livrer plus de détails. Pour rappel, Pékin avait protesté contre la destruction de son ballon au large de la Caroline du Sud, assurant qu’il s’agissait d’aérostat civil, utilisé à des fins scientifiques.
Quelques heures plus tôt, selon le Global Times [journal proche du Parti communiste chnois, nldr], les autorités de la province du Shandong ont restreint le trafic maritime au large de la ville de Rizhao en raison de la présence d’un « objet volant non identifié » que l’Armée populaire de libération [APL] s’apprêtait alors à abattre.