Voulue par M. Macron, l’Initiative européenne d’intervention a désormais sa feuille de route
Le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Jean-Pierre Bosser, a récemment fait part aux députés de la commission de la Défense des incompréhensions de ses homologues européens au sujet de l’Initiative européenne d’intervention (IEI), lancée par le président Macron afin de forger une culture stratégique commune aux pays souhaitant y adhérer.
« Cela se comprend d’une certaine manière car il s’agit d’un concept récent. Les pays qui, depuis 60 ans, sont membres de l’Otan se sont organisés, équipés, architecturés, interopérabilisés au travers de cette organisation. Tout cela me fait dire qu’il sera difficile de tracer un chemin », a ainsi expliqué le général Bosser.
Cette Initiative européenne d’intervention a fait l’objet d’une lettre d’intention signée en juin dernier par 9 pays, dont l’Allemagne, la Belgique, le Royaume-Uni, le Danemark, l’Espagne, l’Estonie, la France, les Pays-Bas et le Portugal. La Finlande vient de le faire à l’occasion d’une réunion organisée le 7 novembre à Paris.
Cette dernière, qui a donc rassemblé les ministres de la Défense [ou leur représentant] des pays ayant rejoint IEI, aura-t-elle permis de réduire ces « incompréhensions » évoquées par le CEMAT? En tout cas, elle a été l’occasion de donner les « orientations politiques qui guideront les travaux pour le cycle 2018-2019 », lesquels débuteront le 9 novembre avec la tenue des premiers « Military European Strategic Talks » [MEST] au niveau des états-majors.
Ainsi, les dix membres de l’EI se sont engagés dans un « partage d’analyse sécuritaire ». En outre, il a été décidé qu’ils « s’attacheront à identifier les points de convergence qui permettront d’établir des liens plus étroits et une coopération plus forte aux niveaux politique et militaire » dans quatre domaines, dont « l’anticipation stratégique », les « scénarios d’engagement », le « soutien aux opérations » et le « retour d’expérience et la doctrine ».
« L’IEI apportera une contribution à l’Union Européenne, y compris à la Coopération structurée permanente, ainsi qu’à l’Otan », précise le communiqué de presse conjoint publié à l’issue de cette réunion.
« Les états-majors étudieront comment mieux coordonner leur action militaire à tous les niveaux, en s’appuyant dans un premier temps sur leurs récentes expériences opérationnelles. […] Nous travaillerons également au développement d’une approche commune des crises au sein de l’IEI, notamment en réponse aux enjeux climatiques régionaux, et pour renforcer notre contribution au profit de la sécurité maritime », poursuit le texte, qui assure que d’autres « axes de travail » seront ouverts pour traiter des problèmes de sécurité « plus larges ».
Selon la ministre française des Armées, Florence Parly, l’IEI doit permettre aux participants de se « réunir autour d’objectifs concrets, pragmatiques. » Et d’ajouter qu’elle se « distingue des initiatives existantes, en ce qu’elle offre la flexibilité nécessaire pour permettre à chaque membre de travailler sur les sujets qui sont au cœur de ses préoccupations stratégiques. »