Plus de 10 000 postes seront « transformés » dans l’armée de Terre
Le fantassin et le cavalier d’aujourd’hui sont peut-être le combattant cyber ou le télépilote de demain. D’ici la fin de la décennie, plus de 10 000 postes seront en effet « transformés » au sein de l’armée de Terre pour rééquilibrer les fonctions opérationnelles, accompagner la montée en puissance de certaines capacités et gagner en réactivité face aux nouvelles menaces.
« L’armée de Terre est à la veille d’une évolution d’ampleur pour demeurer en action avec réactivité et puissance », annonçait le chef d’état-major de l’armée de Terre, le général Pierre Schill, mi-avril en audition parlementaire. Exit le modèle « Au contact », place à une « armée de Terre de combat » dont l’organisation orientée vers les fonctions opérationnelles exige notamment un rééquilibrage au sein des unités et entre unités.
Pour parvenir à cet équilibre, 10 500 postes, soit près d’un sixième de la force opérationnelle terrestre, seront transformés. Une mutation réalisée sans réelle variation des effectifs. Si la LPM prévoit la création de 700 postes dans l’armée de Terre, le format de la force opérationnelle terrestre restera figé à 77 000 militaires. « C’est celui qui avait été acté après les attentats de 2015 et qui a vu une remontée en puissance, essentiellement, des régiments d’infanterie et de cavalerie », nous rappelait ce vendredi le cabinet du ministre des Armées.
La transition engagée requiert dès lors un double effort, à la fois de formation et de mouvements internes. Ainsi, l’effectif du BTS cyberdéfense du lycée de Saint-Cyr-l’École, aujourd’hui d’une trentaine d’élèves, sera doublé dès la rentrée 2023, indique le CEMAT. Dans les régiments concernés, une centaine, « voire un peu plus », de militaires seront « transformés » par reconversion professionnelle ou remplacés à leur départ par de nouveaux engagés dotés de compétences spécialisées relevant de la guerre électronique, du cyber au contact, des drones.
« Dans la continuité de ce qui a déjà été initié, les régiments seront massivement équipés de drones allant des nano-drones aux drones opératifs qui seront armés, tout en étant progressivement dotés de munitions télé opérées dont nous voyons déjà le potentiel opérationnel dans les conflits en cours », annonçait le CEMAT. Environ 3000 drones sont attendus dans l’armée de Terre à l’horizon 2025, dont 90% de nano et micro-drones et 10% de drones spécialisés.
« Nous aurons également, dans les régiments d’infanterie, le retour des mortiers de 120 mm. C’est une chose qui avait disparu au cours des vingt dernières années », confirme l’entourage ministériel. Chaque régiment récupérera une section de mortiers lourds, de quoi permettre aux régiments d’artillerie de se concentrer sur l’intégration de nouveaux matériels, tels que les GRIFFON MEPAC perçus dès l’an prochain et munitions téléopérées (MTO) Larinae livrées à compter de 2028.
La recherche de cohérence suppose également un meilleur ratio entre unités de mêlée et capacités de commandement, d’appui et de soutien. « Quelques soldats vont quitter les régiments d’infanterie et de cavalerie pour rejoindre le génie et l’artillerie sur des compétences nouvelles », explique le cabinet. Parce qu’il est réalisé à effectifs presque inchangés, ce renforcement des moyens de franchissement, des feux longue portée ou des moyens d’acquisition nécessitera d’aller puiser dans les forces existantes. Après avoir été rehaussés pour atteindre le millier de combattants, les régiments d’infanterie auront donc « une taille plus ramassée » tout en étant sensiblement densifiés.
Cette densification est en réalité déjà visible dans certaines unités. Il y a dix jours, le 2ème régiment étranger d’infanterie (2e REI) a ainsi dissous sa 5ème compagnie, réaffectations internes ou externes à la clef pour ses légionnaires. Certains pourront intégrer la section de reconnaissance et de renseignement créée en décembre dernier au sein de la compagnie d’appui. La même logique sera adoptée pour les futures sections de mortiers et autres unités d’appui électronique et de MTO.
Crédits image : armée de Terre