La ligne Fabergé, redoutable système défensif russe, sous le feu de l’armée ukrainienne
par La Voix du Nord – publié le 9 juin 2023
Après des semaines de préparation, l’armée ukrainienne pourrait avoir finalement lancé le gros de son offensive pour tenter de percer les défenses russes dans l’espoir d’un succès indispensable pour la suite de la guerre.
Conformément à leur ligne depuis plusieurs jours, les autorités ukrainiennes restent très vagues sur leurs actions, entretenant le brouillard de la guerre. Les Russes affirment eux avoir repoussé une offensive ukrainienne dans la région de Zaporijjia, et assurent avoir infligé de lourdes pertes à Kiev.
« Le contre-offensive ukrainienne a commencé », estiment de nombreux observateurs dont le centre d’analyse américain Institute for the Study of War (ISW), qui précise toutefois ne pas s’attendre à « une seule grande opération » mais à une série de différentes actions coordonnées, comme c’est le cas actuellement.
« Vu l’emploi des matériels occidentaux, il semble que l’offensive ukrainienne est en cours », estime l’analyste américain Michael Kofman, cité dans le quotidien britannique The Financial Times.
Dans la région de Zaporijjia où les Russes disent avoir repoussé une attaque, le « front est largement fortifié mais moins densément que dans la région de Donestk. Or si vous atteignez Melitopol, c’est un objectif stratégique : vous coupez le front en deux. Tous les indices convergent vers cette région », indiquait en début de semaine à l’AFP l’historien militaire français Michel Goya.
Une trentaine de kilomètres de large
Le long du front, les Russes ont déployé « à peu près six lignes défensives », explique-t-on de source militaire française. Dans la zone de Zaporijjia, certains Russes ont baptisé ce dispositif « ligne Fabergé », en référence aux célèbres œufs, pièces de joaillerie réalisées au XIXe siècle pour les tsars.
« La première ligne, ce sont des points d’appui qui permettent de voir ce qui arrive, la deuxième, c’est davantage pour arrêter une attaque, c’est largement miné. Puis c’est l’artillerie, les premiers chars pour contre-attaquer, et enfin les réserves puis les postes de commandement et la logistique », détaille le haut gradé. Le tout sur une trentaine de kilomètres.
La zone se compose aussi de dents de dragons, qui empêchent le passage des blindés, de barbelés, de tranchées… Très peu d’éléments fiables peuvent être confirmés à ce stade de l’offensive.
Au moins un char Leopard détruit
Il semble toutefois que les forces ukrainiennes buttent encore ce vendredi 9 juin sur la première ligne de défense russe et enregistrent des pertes, sans que l’on puisse les estimer. La perte d’un char occidental Leopard 2A4 a été confirmée par une vidéo.
Interrogé en début de semaine sur la perspective d’une contre-offensive ukrainienne, Michel Goya disait à La Voix du Nord qu’« il n’y aura pas forcément d’assaut massif mais une multiplicité de petites attaques » comme à Kherson à l’automne 2022 « pour s’emparer des positions fortifiées russes ». « Ce ne sera pas simple de créer une brèche face à des lignes de défense sur plusieurs kilomètres de profondeur, avec des champs de mines, des unités de réserve… », ajoutait l’historien militaire. L’offensive ukrainienne lancée cette semaine pourrait durer des mois et coûter cher aux deux camps, mais il en va de l’avenir de cette guerre.