Un plan B pour faire durer le Leclerc jusqu’en 2050
Si une sortie du programme MGCS n’est pas à l’ordre du jour, l’armée de Terre planche néanmoins sur un plan B pour en compenser les éventuels retards et conserver son parc de chars Leclerc une décennie de plus.
« L’actualité confirme que la capacité ‘char de bataille’ demeure indispensable pour les engagements les plus durs, car elle détermine l’aptitude au combat de rencontre et à la reprise de l’initiative. Il est donc primordial de proposer un successeur au char Leclerc », rappelait le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), le général Pierre Schill, mi-octobre lors d’une audition parlementaire.
Ce successeur, ce sera « idéalement » le système de combat terrestre principal (MGCS) en cours de développement par le trio franco-allemand Nexter-KMW-Rheinmetall. L’enjeu reste de pouvoir livrer « à l’horizon 2030-2035 » pour permettre au Leclerc de tirer sa révérence « au plus tard en 2040 ». Si le ministre des Armées et son homologue allemande ont convenu fin septembre de progresser sur le sujet, les négociations industrielles difficiles ont reporté d’un an le lancement de la prochaine phase.
Un décalage qui, s’il se prolonge ou se répète, pourrait déboucher sur un report de l’échéance de livraison, motivant l’armée de Terre à trouver une solution pour éviter une rupture de capacité. « Nous réfléchissons à une nouvelle feuille de route de nos capacités char : le point central de décision sera celui de la fin de vie du Leclerc », complétait le CEMAT. Toute éventuelle glissade calendaire de MGCS pourrait ainsi imposer « de réexaminer la portée de la modernisation des Leclerc », indiquait le général Schill.
Lancée cette année, la rénovation à mi-vie des Leclerc repose sur leur intégration dans la bulle SCORPION, l’amélioration des fonctions protection et agression et le traitement de certaines obsolescences lourdes. Les 18 premiers chars rénovés, sur une cible de 200 unités, seront livrés l’an prochain. D’après le CEMAT, ce périmètre « a minima » fixé dans la perspective du MGCS pourrait être élargi « avec un horizon à 2050 ».
Pour gagner une décennie de durée de vie, ce rétrofit supplémentaire devrait notamment porter sur des briques non prises en compte actuellement. Seul exemple cité par le CEMAT, la numérisation des moyens d’observation vient s’ajouter à l’annonce, une semaine plus tôt, de la volonté d’intégrer un système « hard kill » sur le Leclerc. Un dispositif de protection active disponible sur étagère mais auprès de fournisseurs étrangers. Pour une solution souveraine, il faudra attendre les résultats du projet de technologie de défense Prometeus conduit par Nexter et Thales, et dont l’un des débouchés envisagés serait… le programme MGCS.
Crédits image : armée de Terre