Nexter à bord du Tigre modernisé, l’Allemagne définitivement débarquée
La modernisation de l’hélicoptère d’attaque Tigre va bon train. Nexter (KNDS) monte à bord pour rénover le canon de 30 mm, Safran confirme avec de nouvelles briques et l’Allemagne reste définitivement au sol, apprend-on en cette semaine sur fond de grande messe aéronautique.
Une tourelle THL 30 2.0
« Développée à la fin des années 1990 et produite à 136 exemplaires de 2003 à 2014 pour la France, l’Espagne et l’Australie, la THL30 a fait ses preuves sur de nombreux théâtres d’opérations dont l’Afghanistan, la Libye et le Mali », rappelle Nexter cette semaine à l’occasion du salon du Bourget. Trois décennies après les premières ébauches, la tourelle-canon bénéficiera d’un rétrofit complet dans le cadre de la rénovation mi-vie des Tigre français et espagnols, annonce l’entreprise. Aussi essentielle que peu perceptible à l’oeil nu, l’augmentation des performances portera sur deux volets.
D’une part, Nexter a travaillé à l’augmentation du débattement latéral pour être en mesure d’engager des cibles au-delà de 90° de chaque côté. De quoi offrir un champ supérieur en vol stationnaire, par exemple, et profiter pleinement d’une arme dont la visée est reliée à la vue du pilote via le casque TopOwl.
Et d’autre part, l’industriel en profite pour traiter les obsolescences d’une électronique datant du début des années 2000. La manoeuvre mobilise en permanence une douzaine d’employés du site toulousain du groupe et aura pour conséquence de gagner du volume et de réduire la masse totale du système d’arme à 160 kg, soit un gain de plusieurs dizaines de kilos. Sur un appareil où chaque gramme compte, l’évolution s’avère fondamentale pour faciliter l’emport de nouveaux systèmes et d’influer positivement sur l’autonomie.
Le contrat notifié comprend une phase de développement et de qualification qui s’achèvera vers la mi-2027. Suivra la livraison, entre 2028 et 2034, de kits de rétrofit sur les sites de Marignane (Bouches-du-Rhône) et d’Albacete (Espagne) d’Airbus Helicopters, maître d’oeuvre du programme.
Safran consolide, l’Allemagne débarqué
Si la bascule d’un Tigre Mk 3 vers un Tigre Mk 2+ technologiquement moins ambitieux a été confirmée par la voie du délégué général pour l’armement, l’étendue finale du futur standard reste difficile à appréhender. À l’image de la THL 30, il faut davantage miser sur les annonces industrielles pour affiner la copie. C’est le cas du côté de Safran, récemment sélectionné par Airbus pour fournir sa centrale inertielle SkyNaute, sa centrale de cap et d’altitude APIRS et ses actionneurs TRIM. Des briques qui rejoignent le viseur optronique multispectral Euroflir 510, retenu l’an dernier pour succéder au Strix.
D’autres signaux positifs font état de la poursuite de travaux pour lesquels un abandon était jusqu’alors pressenti. Le missile Akeron LP, futur missile haut de trame (MHT) dans l’arsenal français, reste jusqu’à nouvel ordre à bord du Tigre, nous explique-t-on. Le développement se poursuit, satisfaisant au passage les sénateurs à l’origine d’un amendement adopté il y a peu pour sanctuariser le sujet MHT au sein du projet de loi de programmation militaire pour 2024-2030. L’ajout du missile Mistral 3 serait lui aussi toujours à l’étude.
Cette semaine très aérienne se clôture sur une clarification longtemps attendue. Après avoir consacré beaucoup d’énergie à ne pas se positionner, l’Allemagne a enfin clôturé un feuilleton poursuivi depuis des années. « La participation allemande au programme Tigre Mk III ou Mk II+ ne sera pas poursuivie plus avant », confirme un document publié hier par le ministère de la Défense allemand.
La raison invoquée ? « L’évaluation globale du rapport coût-risque, qui est désavantageuse du point de vue allemand ». Quand les Tigre espagnols et français continueront de voler jusqu’en 2045 grâce au standard à venir, leurs homologues allemands quitteront le service actif d’ici à 2038. Dans l’intervalle, l’Allemagne se concentrera sur l’amélioration de la disponibilité et la poursuite de la transition partielle vers le standard ASGARD. S’il est tout sauf une surprise, ce retrait sonnerait en tout cas le glas du programme PESCO lancé en trio en novembre 2018 et conduit depuis lors par la France, indique la partie allemande.
Crédits image : EMA