VMaX : un planeur hypersonique militaire testé dans le ciel des Landes
La Direction générale de l’armement a effectué lundi 26 juin un vol d’essai hypersonique depuis la base de Biscarrosse, dans les Landes. Une arme capable de voler à très grande vitesse et selon une trajectoire en zigzag qui rend très difficile son interception.
par Laure-Anne Marxuach (avec AFP) – La Croix – publié
https://www.la-croix.com/France-fait-pas-course-armes-hypersoniques-2023-06-27-1301273233
Une étrange traînée blanche dans le ciel bleu des Landes. C’est ce qu’ont observé lundi 26 juin de nombreux habitants du sud-ouest de la France, de Bordeaux jusqu’à Toulouse, et même en Espagne. Vers 22 heures, un planeur hypersonique expérimental français a fait son premier vol test, largué à partir d’une fusée-sonde tirée depuis le centre d’essais de Biscarrosse (Landes) de la Direction générale pour l’armement (DGA).
Le VMaX, pour Véhicule manœuvrant expérimental, a volé à une vitesse supérieure à Mach 5, soit plus de 6 000 km/h, tout en manœuvrant pour déjouer les capacités d’interception d’un potentiel adversaire, laissant une trace en zigzag dans le ciel.
Dans la course aux armes hypersoniques
« Ce premier démonstrateur contenait de nombreuses innovations technologiques embarquées. Son essai en vol, sur une trajectoire à longue portée très exigeante, constituait un défi technique inédit qui prépare l’avenir de notre feuille de route nationale hypervélocité », a confirmé le ministère des armées.
Le projet VMaX a été lancé en janvier 2019 et est mené sous la maîtrise d’œuvre industrielle d’ArianeGroup, fabricant des fusées Ariane. Il vise à propulser la France dans l’ère des armes hypersoniques. « Beaucoup de nations s’en dotent, nous disposons de toutes les compétences pour le réaliser : nous ne pouvions plus attendre », avait assuré Florence Parly, la ministre des armées de l’époque, en annonçant le projet.
Trois des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU sont déjà engagés dans cette course aux armements avec leurs propres programmes : les États-Unis, la Chine et la Russie.
100 kilomètres par minute
L’efficacité grandissante des systèmes de défense antimissiles pousse les puissances à développer des armes toujours plus rapides (le seuil hypersonique permet au missile de franchir au moins 100 kilomètres par minute) et aux trajectoires imprévisibles pour déjouer les défenses.
Le planeur est propulsé dans un premier temps par une fusée ou un missile dans la très haute atmosphère, à près de 100 kilomètres d’altitude, puis largué pour pouvoir planer sur plusieurs milliers de kilomètres tout en suivant une trajectoire imprévisible.
Contrairement à un missile balistique dont la trajectoire est linéaire, avec une arme hypersonique « ce qui est perturbant pour la défense c’est la combinaison vitesse et capacité de manœuvre », résume un industriel. Pour un vol d’une dizaine de minutes, le défenseur n’a que « quelques secondes pour l’intercepter », selon lui.
La Russie est, selon le Centre de recherche du Congrès américain (CRS), équipée de tels planeurs baptisés Avangard. La Chine a testé à au moins neuf reprises depuis 2014 son planeur DF-ZF, selon un rapport du CRS. Quant aux États-Unis, ils ont consacré plus de 2 milliards d’euros en 2022 aux programmes d’armes hypersoniques.