Ukraine : des blindés français inadaptés au combat ?
Selon l’armée ukrainienne, les blindés livrés par la France seraient trop légers pour mener l’offensive contre la Russie.
Par H.R avec AFP – Le Point – Publié le
Les blindés français seraient-ils trop légers ? Un officier ukrainien a affirmé que les chars AMX-10 RC offerts par la France à l’Ukraine et actuellement utilisés dans l’offensive de Kiev contre la Russie, ne semblent pas appropriés pour mener des attaques sur le front. Commandant d’un bataillon de la 37e Brigade d’infanterie navale, actuellement déployée dans la région de Donetsk, le major Spartanets (« spartiate »), son pseudo, a observé ces chars français sur le champ de bataille.
« Ils sont utilisés pour des tirs d’appui à cause de leur blindage léger. Leur armement est bon, leurs instruments d’observation sont très bons. Mais, hélas, leur blindage léger les rend inadaptés [à l’attaque] », dit Spartanets. En janvier, le président français, Emmanuel Macron, avait promis la livraison de ces blindés de reconnaissance sur roues, très mobiles et dotés d’un canon redoutable de 105 millimètres. Quatre mois plus tard, ils étaient déjà en service sur le front, selon Kiev.
Mais dans cette guerre de haute intensité où les frappes d’artillerie lourdes sont permanentes, leur blindage peu épais se révèle une grande faiblesse, selon le major Spartanets. « Il y a eu des cas où les éclats d’un obus de 152 millimètres ayant explosé à proximité ont percé le véhicule », note l’officier âgé de 34 ans. Et, malheureusement, un équipage a même perdu la vie, toujours selon le major Spartanets.
Quatre morts dans le blindé
« Un obus a explosé à côté du véhicule, les fragments ont percé le blindage et le stock de munitions (à bord) a détoné, raconte l’officier ukrainien. L’équipage de quatre personnes, hélas, est resté à l’intérieur, il a été tué dans le blindé. » D’après le major Spartanets, certains AMX-10 RC ont aussi des problèmes avec leur boîte de vitesses, peut-être, selon lui, à cause de leur utilisation sur des chemins de terre.
« Envoyer ces véhicules [à l’attaque] pour qu’ils soient détruits est […] inutile car cela met en danger l’équipage », estime l’officier, sans préciser le nombre de ces blindés dans sa brigade. Il a également refusé de montrer à l’AFP des AMX-10 RC déployés sur le front.
L’expert militaire français Michel Goya notait en janvier sur Twitter que la grande mobilité de ces blindés les rendait très utiles « pour servir dans les unités de “pompiers” à l’arrière du front » ou pour exploiter rapidement des brèches sur celui-ci. L’AMX-10 RC n’est cependant pas fait « pour le combat face à des chars de bataille, aux canons plus lourds », ajoutait-il, en pointant déjà un blindage trop faible face « à tout l’armement antichar du champ de bataille moderne ».
Le site Oryx, qui recense les pertes en équipement des deux camps sur la base d’images publiées en accès libre sur Internet, affirme qu’au moins trois AMX-10 RC ont été « abandonnés » après avoir été rendus inutilisables lors de combats sur le devant. Le major Spartanets affirme que ses soldats ont suivi une formation d’un mois en France pour apprendre à utiliser le véhicule, mais que ce n’était pas suffisant pour le maîtriser.
Le blindage américain meilleur ?
Selon l’armée française, l’AMX-10 RC, qui pèse environ 20 tonnes, est protégé contre les armes légères d’infanterie. Développé dans les années 1970, il est progressivement remplacé en France par un blindé plus moderne, le Jaguar. L’officier ukrainien affirme que le blindage des véhicules de transport légers américains Oshkosh et britanniques Husky, également livrés à Kiev, est plus adapté et efficace que celui des AMX-10 RC.
Les Oshkosh et Husky sont conçus pour résister aux engins explosifs improvisés et aux embuscades. D’après l’expérience du major Spartanets, leurs portes peuvent résister à « quatre » tirs directs de lance-grenades antichars de type RPG. Il montre à l’AFP deux Oshkosh utilisés par son unité. L’un d’eux a le capot – un point « faible » selon l’officier – légèrement endommagé par un éclat d’obus. « Autrement, en termes de protection, le véhicule est très cool », dit Spartanets.
Quand un Oshkosh explose sur une mine, une roue peut être arrachée, « mais l’infanterie ne s’inquiète pas », explique-t-il. À l’inverse, quand un véhicule de transport de conception soviétique, comme les BMP ou les BMD, roule sur une mine, « c’est très triste pour l’équipage et le véhicule ».