50 ans après la guerre du Kippour, le Hamas défie Israël sur son sol
par Philippe Chapleau – Ligne de défense – publié le 7 octobre 2023
50 ans après le déclenchement de la guerre du Kippour (6-25 octobre 1973), le Hamas a défié Israël sur son propre sol.
Son attaque surprise lancée samedi (jour de shabbat) à l’aube contre les agglomérations du sud de l’État hébreu n’est pas sans rappeler, militairement, celle du 6 octobre 1973 par sa soudaineté, sa violence mais aussi par son issue fatale aux assaillants (Syriens et Egyptiens avaient été écrasés en quelques jours).
Elle soulève des questions déjà posées après la contre-offensive décisive (l’opération Gazelle) et la victoire israéliennes d’il y a 50 ans.
Tsahal et les services de renseignement israéliens n’ont-ils rien vu venir ? C’est visiblement le cas puisque les forces israéliennes ont été bousculées à l’aube par des assaillants moins bien armés mais décidés. Outre le dogme de l’invincibilité de l’armée, c’est aussi celui de l’infaillibilité des services de renseignement qui en a pris un coup. L’incapacité des services spécialisés israéliens à anticiper l’attaque et l’inefficacité de la technologie de pointe mise en œuvre pour scruter les mouvements terrestres, aériens, souterrains et navals du Hamas sont patentes. Même la collecte des signaux faibles semble avoir échoué. Pour sa part, le Hamas affirme avoir réussi à brouiller les systèmes israéliens de surveillance et de communication
Combien de tués ? Certes on sera loin des plus de 3 000 tués israéliens de la guerre du Kippour, mais les pertes tant civiles que militaires sont déjà lourdes. Une partie des unités déployées par Tsahal le long de la frontière ont été massacrées, leurs cantonnements pris d’assaut, leurs blindés neutralisés dont certains « à l’ukrainienne » (lors de lâchers d’obus de mortier par drone). 100 morts israéliens et près de 300 tués palestiniens, selon les premiers décomptes. Le bilan ne pourra malheureusement que s’alourdir, en particulier dans les rangs palestiniens puisque la riposte d’Israël s’annonce sans pitié.
Politiquement, quel sera la portée de cette attaque? La société israélienne, déjà sous pression et divisée, risque d’abord de sombrer dans le doute et d’être victime d’une réelle déstabilisation, comme en 1973. Mais l’effet final pourrait être inverse, la forçant à une union d’une part derrière ses chefs militaires et politiques et d’autre part face au Hamas et à ceux qui le soutiennent, de l’Autorité palestinienne au régime de Téhéran.