L’armée de Terre confirme le contenu de la rénovation à mi-vie de seulement 42 hélicoptères d’attaque Tigre
« Nous apprenons du champ de bataille, notamment en Ukraine, que la reconnaissance aérienne a fondamentalement changé. Les capteurs et les armes montés sur divers drones sont plus omniprésents et moins coûteux que jamais. […] En examinant le programme FARA à la lumière des nouveaux développements technologiques, de l’évolution du champ de bataille et des projections budgétaires actuelles, il a été estimé que les capacités accrues qu’il offrait pourraient être obtenues de manière plus abordable et plus efficace en s’appuyant sur une combinaison » de différents moyens, comme les drones et les moyens spatiaux », fit alors valoir l’US Army.
Faut-il pour autant en conclure que la guerre en Ukraine a sonné le glas pour l’hélicoptère de reconnaissance et d’attaque ? En tout cas, le ministère allemand de la Défense a décidé d’accélérer le remplacement des Tigre de la Bundeswehr par des appareils d’attaque plus légers, en l’occurrence 62 H145M, dont certains auront des capacités de lutte antichar.
Seulement, cette décision a eu des répercussions en France et en Espagne, deux pays avec lesquels l’Allemagne était censée établir une coopération pour le développement du standard 3 du Tigre. Celui-ci était ambitieux puisqu’il prévoyait d’intégrer à cet hélicoptère le système de visée Strix NG, de nouveaux systèmes de navigation, la suite avionique FlytX, un dispositif d’autoprotection dérivé du CATS-150, des terminaux Micro TMA pour le guidage des missiles air-sol et de drones, le casque à viseur intégré TopOwl Digital Display, etc.
Côté français, il était aussi question de permettre aux Tigre de l’Aviation légère de l’armée de Terre [ALAT] d’emporter des missiles Akeron LP [ex-missile haut de trame].
En mars 2022, les contrats relatifs au standard 3 du Tigre furent notifiés aux industriels concernés, via l’Organisation Conjointe de Coopération en matière d’Armement [OCCAr], sans attendre l’Allemagne. Sauf que l’ambition de départ fut réduite puisqu’il n’était plus question que de moderniser 42 Tigre sur les 67 en dotation au sein de l’ALAT.
Puis, l’année suivante, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, expliqua devant les parlementaires qu’il fallait « réinterroger le modèle » des évolutions du Tigre, à la lumière des enseignements tirés des combats en Ukraine. Finalement, la Loi de programmation miliaire [LPM] 2024-30 rendit son verdict : le standard 3 allait être abandonné au profit d’une modernisation à mi-vie beaucoup plus modeste.
Étant donné que le tableau capacitaire de la LPM indique que l’ALAT disposera de 67 Tigre en 2030 [de même qu’en 2035], on pouvait penser que tous ces hélicoptères seraient concernés par cette rénovation à mi-vie, désormais désignée Mk2+ [ou RMV Tigre]. Or, à l’occasion du salon de l’armement aéroterrestre EuroSatory 2024, l’armée de Terre a précisé que seulement 42 appareils allaient être modernisés. Que deviendront les 25 autres ?
« Le programme de rénovation mi-vie de l’hélicoptère de reconnaissance et d’attaque Tigre […] est destiné à prolonger le service opérationnel du Tigre au-delà de 2050 tout en l’adaptant à la réalité du champ de bataille futur. Il est mené en coopération avec l’Espagne et prévoit la rénovation de 42 hélicoptères Tigre de l’ALAT », est-il en effet avancé dans un dossier de presse diffusé par l’armée de Terre.
Toujours conduit par l’intermédiaire de l’OCCAr, ce programme est mené en coopération avec l’Espagne, avec la participation d’Airbus Helicopters, Thales et Safran Electronics & Defense.
Parmi les évolutions prévues, l’armée de Terre cite la refonte de l’avionique, avec notamment l’ajout du SICS ALAT [Système d’information du combat Scorpion], l’intégration du poste radio CONTACT, la possibilité d’utiliser le système de géolocalisation par satellite européen Galileo [en plus du GPS américain] et la « capacité de coopération drones-hélicoptères [MUM-T] ».
Dans un entretien accordé à Air & Cosmos, le 13 juin, le commandant de l’ALAT, le général Pierre Meyer, a expliqué que la « rénovation mi-vie telle qu’envisagée à ce stade doit permettre des améliorations en portée de détection, de missile, de débattement du canon ». Et d’ajouter : « Le Tigre devrait comporter aussi une part d’évolutivité, afin d’intégrer plus rapidement et sans des chantiers importants des innovations qu’on voit poindre, en matière de connectivité, de spectre des munitions, et pour permettre la coopération drone-hélicoptère tellement importante ».
Photo : EMA