Des perspectives de cessions de matériels en baisse pour les armées françaises
De la cartouche de 7,5 mm mm au bâtiment d’expérimentation de guerre des mines, les armées françaises ont mis à jour le catalogue des matériels susceptibles d’être revendus d’ici à 2028. Si plusieurs équipements font leur apparition, les volumes de cessions baissent afin de « conserver des capacités opérationnelles et de réserve ».
Quelques milliers d’équipements et plusieurs millions de munitions issus des stocks des armées françaises pourront être revendus entre 2024 et 2028. De quoi permettre à certaines nations alliées disposant de budgets limités de s’équiper à moindre coût en mobilisant parfois la filière française pour des actions de régénération ou de formation.
À elle seule, l’armée de Terre projette de mettre en vente 7380 équipements majeurs sur la période, dont près de 1200 potentiellement cédés dès cette année. Des quantités importantes mais néanmoins en baisse par rapport aux années précédentes. En cause : le maintien en service d’une grande majorité des parcs « pour divers raisons », dont un « contexte général conduisant à conserver des capacités opérationnelles et de réserve ».
De fait, la résurgence de l’hypothèse d’engagement majeur et le degré élevé d’attrition qu’elle impliquerait suppose de réinvestir dans l’épaisseur stratégique des forces armées pour leur permettre d’ « être et durer ». Faute d’augmenter les cibles d’équipements neufs, reste donc l’éventualité d’une conservation au moins partielle des parcs en service. De même, l’objectif de doublement de la réserve opérationnelle des armées supposera de se pencher sur la question de l’équipement d’une force portée à 80 000 réservistes d’ici à 2030.
Bien qu’âgé de plusieurs décennies et pour la plupart visés par un programme de remplacement, les AMX 10 RC, TRM 2000, VBL, AUF1, FAMAS et autres pistolets automatiques sont globalement conservés. La baisse des cessions relève essentiellement des armes légères, des véhicules de l’avant blindé et des poids lourds. Côté VAB, l’essentiel des 150 exemplaires inscrits au tableau prévisionnel seront des véhicules spécialisés de types OBS, RATAC, CARTHAGE, LOG ou ELI. Les VAB d’infanterie, majoritairement bénéficiaires de rénovations et livrés à près de 300 exemplaires à l’Ukraine, ne sont concernés que de manière marginale malgré l’arrivée des Griffon et Serval du programme SCORPION.
Même perspective pour l’AMX 10 RC. Progressivement remplacé par le Jaguar, il voit son retrait de service être à nouveau repoussé. Seuls 20 exemplaires seront offerts à la revente à partir de 2027. Le maintien s’applique également aux flottes logistiques, l’instar des TRM 2000. Ce « parc majeur pour l’outre-mer » sera préservé et « ne pourra faire l’objet que de cessions ponctuelles » évaluées à une quinzaine de véhicules par an. Idem pour des GBC 180 pour lesquels il n’existe pas d’excédent. Deux exemples parmi d’autres de porteurs appelés à faire des heures sup’ en l’absence de visibilité sur les prochains incréments du programme majeur de flotte tactique et logistique terrestre.
Si les volumes se contractent, la gamme s’élargit aussi ponctuellement. Dans le domaine du génie, notamment, quelques engins Buffalo et véhicules blindés hautement protégés Aravis seront proposés à compter de 2024 et 2027. Signe parmi d’autres de l’évolution de la trame antichar, 200 postes de tir ERYX seront cessibles à compter de 2027. Autant de postes de tir MILAN le seront dès cette année et l’an prochain. De mêmes, 71 postes de tir Javelin « sont à nouveau proposables mais restent soumis à une levée de certificat d’utilisateur final par les États-Unis ».
Derrière les fusils de précision FRF2 et mitrailleuses ANF1, la MINIMI 5,56 rejoint pour la première fois le catalogue des cessions. Quelque 600 exemplaires seront proposés à partir de 2026, un autre indice d’une possible acquisition de la nouvelle mitrailleuse Evolys. Dans le segment de l’optronique et de la simulation, près d’un millier de jumelles de vision nocturne OB70 Lucie sont au catalogue suite à leur remplacement par les JVN O-NYX conçues par Thales. L’arrivée du système d’instruction et d’entrainement au tir de combat (SINETIC) devrait permettre à 12 systèmes de simulation de tir aux armes légères (SITTAL) d’entamer une seconde vie ailleurs.
La réduction de l’offre est également perceptible du côté de la Direction de la maintenance aéronautique (DMAé), en charge des aéronefs militaires. Ainsi, il n’y aura aucun avion de chasse, d’école ou de liaison transmissible durant la période. La flotte de Puma de l’armée de Terre poursuit quant à elle sa déflation entre 2024 et 2027. Des 12 appareils consignés, quatre font depuis peu l’objet d’une mise en prospection. Enfin, une nouveauté dans l’aéronautique navale : un premier avion de patrouille maritime ATL2 cessible à partir de 2028.
Crédits image : KNDS France