Dans l’est de l’Ukraine, une poussée russe mais pas de percée

Dans l’est de l’Ukraine, une poussée russe mais pas de percée

Photo RUSSIAN DEFENCE MINISTRY PRESS SERVICE HANDOUT

Au 890e jour de guerre, les avancées russes dans l’est de l’Ukraine sont d’un kilomètre par jour. Elles ne préfigurent pas un effondrement ukrainien mais témoignent malgré tout de progrès constants. Des détails et des chiffres.

Sur un front long de 980 km, mais en particulier dans l’est de l’Ukraine, les combats se poursuivent depuis une année, sans que l’un ou l’autre des deux camps n’ait encore réussi à réaliser et exploiter une manœuvre décisive. Les Russes y disposent toutefois d’un double avantage : d’abord une indiscutable supériorité aérienne (sauf dans le domaine des drones), ensuite un réservoir humain bien supérieur à celui des Ukrainiens qui peinent toujours à recruter. Ces deux facteurs expliquent la situation périlleuse de certaines unités de l’armée ukrainienne forcées de reculer, pied à pied, dans certains secteurs.

Les récentes brèches russes dans le dispositif défensif ukrainien constituent-elles des « percées », comme l’estimait, il y a trois jours, le compte spécialisé sur X (ex-Twitter) Macette Escortet ? Les chiffres ont effectivement de quoi inquiéter.

Selon des données de l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW), entre le 1er et le 30 juillet, 198 km2 ont été conquis par Moscou, parmi lesquels 155 km2 l’ont été dans la seule région de Donetsk (contre 129 km2 en juin).

Dans ce secteur, les forces russes poussent en direction des localités de Pokrovsk, Toretsk et Tchassiv Yar pour ensuite pouvoir attaquer les cités de Kramatorsk et Sloviansk, où les Ukrainiens ont leurs bases arrière et par lesquelles ils font transiter leurs renforts. Et les Russes visent également Kostiantynivka et la route qui relie cette agglomération à celle de Pokrovsk.

Poussée violente

Si les Russes sont encore à 18 km de cette dernière localité, ils sont à moins de 3 km des premières rues de Toresk, dont les rares habitants survivent au milieu des ruines, et ils sont entrés dans les quartiers de l’est de Tchassiv Yar (ouest de Bakhmout) où les combats sont intenses.

Au total, depuis le début de l’année 2024, la Russie a conquis 1 246 km², largement plus que sur l’ensemble de 2023 (584 km2). Cette progression reste cependant réduite, puisqu’elle n’a donné lieu à aucune percée décisive malgré de lourdes pertes et ne correspond qu’à 0,2 % du territoire ukrainien d’avant 2014 (c’est-à-dire avant la perte d’une partie du Donbass et de la Crimée).

Les observateurs et experts militaires les plus optimistes parlent de « poussée » russe et non de « percée ». Certains décrivent même un front globalement figé. Il n’en est rien: le champ de bataille du Donbass est extrêmement dynamique avec de violents combats terrestres qui mettent à mal les troupes engagées, vident les stocks de munitions et se soldent par des pertes élevées de part et d’autre.

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