Les exportations françaises d’équipements militaires ont accusé un sérieux recul en 2023
L’actuel gouvernement étant démissionnaire, la publication du rapport annuel au Parlement sur les exportations françaises d’armement a pris du retard cette année. Pour autant, quelques médias, comme La Tribune, ont pu y avoir accès. Sans surprise, le cru 2023 n’a pas été aussi bon que le précédent, marqué, il est vrai, par l’entrée en vigueur du contrat « Rafale » [80 exemplaires] signé par les Émirats arabes unis pour 16,9 milliards d’euros [soit environ 60 % des 27 milliards de prises de commandes].
Ainsi, l’an passé, le montant total des exportations françaises d’équipements militaires s’est élevé à 8,2 milliards d’euros [- 69 %], ce qui est très en deçà des 11,7 milliards de l’année 2021. Au cours de la période 2014-23, seuls les exercices 2017 et 2020 avaient été moins bons, avec respectivement 6,9 et 4,9 milliards d’euros de prises de commandes.
Parmi les dix principaux clients de la Base industrielle et technologique de défense [BITD] française en 2023, l’Indonésie arrive en tête, grâce à l’entrée en vigueur du contrat relatif à un second lot de 18 Rafale pour 2,6 milliards d’euros. Encore une fois, le chasseur-bombardier de Dassault Aviation pèse « lourd » puisque cette commande représente environ 30 % du total du résultat.
L’Arabie Saoudite [pour 552 millions] et l’Inde [pour 488 millions] viennent ensuite. Ces deux pays sont suivis, et c’est une surprise, par l’Angola, qui a commandé trois corvettes dérivées de la Combattante BR71 MKII du chantier naval CMN, via le groupe émirien Abu Dhabi Ship Building. Enfin, l’Ukraine [pour 363 millions d’euros] complète cette courte liste.
« Si l’année 2023 peut paraître relativement modeste en termes de prises de commandes, cela ne correspond pas à une tendance de fond : l’évolution de nos exportations doit être appréciée sur des échelles de temps plus longues car le bilan annuel est très fluctuant, au gré du nombre et du montant des contrats majeurs entrés en vigueur en cours d’année », explique le ministère des Armées.
Cela étant, ce recul des exportations françaises d’armement a de quoi être décevant quand l’on sait que les dépenses militaires mondiales ont atteint le niveau record de 2443 milliards de dollars [+ 6,8 % en termes réels] en 2023. À eux seuls, les membres de l’Otan ont représenté 55 % de ce total [1341 milliards de dollars].
Par ailleurs, ces dernières années, la priorité de la BITD française était d’augmenter le niveau de ses prises de commandes auprès des pays membres de l’Union européenne [UE]. Or, en 2023, seule la Grèce fait partie de ses dix premiers clients, avec notamment une commande de drones tactiques Patroller.
Il faut dire que la concurrence sur le marché européen s’est intensifiée. Outre les États-Unis, qui peuvent s’attendre encore à obtenir de nombreux contrats à en juger par la fréquence des avis délivrés par leur agence de coopération en matière de sécurité et de défense [DSCA], il faut composer avec Israël [artillerie, défense aérienne, électronique, missiles antichars] et la Corée du Sud [chars, artillerie, munitions, etc.] très active en Pologne et en Roumanie.
Cependant, le cru 2024 s’annonce meilleur, avec notamment la commande néerlandaise de quatre sous-marins Black Sword Barracuda, le contrat signé par la Serbie pour 12 Rafale ou encore l’achat de CAESAr par l’Estonie et l’Arménie.