Tireur de VBCI au 2e REI avant déploiement en OPEX
Alain Henry de Frahan – Forces Opérations Blog – 28 septembre 2018
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Un VBCI du 2e REI tire au canon automatique GIAT modèle M811 calibre 25 mm (400 coups/minute). (Photo : 2e Régiment Etranger d’Infanterie)
Comme le rapporte le 2e Régiment Etranger d’Infanterie sur sa page Facebook, après deux semaines de formation intense pour les légionnaires de la 1e compagnie de combat désirant devenir Chef Tireur de Véhicule d’Infanterie (CTVI), un tir à munitions réelles a permis au lieutenant Louis de valider les acquis de chacun des dix-huit stagiaires. C’est l’occasion de reparler de ce véhicule en tous points remarquable et déjà soumis – durement – au baptême du feu.
Rappel de circonstance : le 1er juillet dernier, on s’en souvient, trois VBCI mis en œuvre par le 2e REI au Mali dans le cadre de l’opération Barkhane circulaient en compagnie d’une unité malienne. Ils ont subi des dommages – importants pour l’un (il a encaissé l’explosion du véhicule suicide encastré à l’arrière), moins pour les deux autres – lors d’une attaque de djihadistes. Une partie des légionnaires étaient à bord, d’autres progressaient à pied. Le bilan était quasi miraculeusement bas du côté français (4 blessés graves et plusieurs légers) mais beaucoup plus lourd du côté malien : 4 morts et 24 blessés. Les éléments du VBCI axés sur la protection de ses occupants ont démontré leur très grande efficacité. La taille de l’engin en fait par ailleurs un bouclier efficace pour des troupes démontées.
Revenons-en à la qualification des candidats à la fonction de Chef Tireur de Véhicule d’Infanterie. En parallèle des tirs à munitions réelles effectués ces deux dernières semaines par le 2e REI, plusieurs épreuves ont été soumises aux 18 stagiaires, dans le cadre de leur évaluation finale : un test théorique, une course d’orientation, une épreuve dédiée au montage/démontage et approvisionnement du canon de 25 mm et de la MAG 58 et une épreuve tactique où les légionnaires ont été évalués sur les déplacements, l’utilisation des optiques et la qualité des comptes rendus. Ces deux semaines auront été cruciales pour ces légionnaires dont certains seront amenés prochainement à mettre leurs connaissances et leur expertise en pratique en opération.
Naturellement appelé en OPEX, le 2e Régiment Etranger d’Infanterie (2e REI) est l’un des deux régiments d’infanterie de la Légion étrangère au sein de la 6e Brigade Légère Blindée. Deuxième des régiments étrangers, il a été créé en 1841. Il est stationné au quartier colonel de Chabrières (ex-quartier Vallongue) à Nîmes depuis son arrivée de Bonifacio en 1983.
Régiment d’infanterie blindée, il dispose de 30 VBCI, de VAB et de VBL assurant la protection des légionnaires du régiment lors des engagements. En 2003, le régiment était un corps expérimentateur en matière de numérisation de l’espace de bataille (NEB). Cette nouvelle technologie consiste à équiper les véhicules, les postes de commandement, ainsi que les unités débarquées, de terminaux tactiques (ordinateurs dédiés) reliés entre eux par radio. C’est un outil d’aide à la décision pour chaque échelon de commandement. Depuis 2012, le régiment est équipé du système d’armes FELIN.
Petit rappel remontant à 2015 : les unités d’infanterie sont réparties en deux ensembles, à savoir celles dotées ou prévues être dotées du VBCI (630 VBCI au départ) et celles qui sont encore dotées du VAB, qu’on peut qualifier d’infanterie motorisée (alpin, parachutiste et autre fantassin) en attendant l’arrivée du VBMR.
Les premières sont le 1er Régiment de Tirailleurs (1er RTir) d’Épinal, le 152e Régiment d’Infanterie (152e RI) de Colmar, le 35e Régiment d’Infanterie (35e RI) de Belfort, le 92e Régiment d’Infanterie (92e RI) de Clermont-Ferrand, le 16e Bataillon de Chasseurs (16e BC) de Bitche, le Régiment de Marche du Tchad (RMT) de Meyenheim, le 2e Régiment d’Infanterie de Marine (2e RIMa) du Mans et le 2e Régiment Etranger d’Infanterie (2e REI) de Nîmes, huitième et dernier régiment à être doté de l’engin.
Les VBCI ont été commandés en deux versions : VCI (3,6 M€) et VPC (2,8 M€). Ceux du 2e REI ne correspondent pas à la V2 de la DGA (réservée au parc OPEX). En effet, la DGA a qualifié une version plus lourde du VBCI. Bien que peu, voire pas visible de l’extérieur, cette version du véhicule passe de 29 à 32 tonnes. La partie mobilité du véhicule (développée par Arquus, ex-Renault Trucks Defense) a été revue, à savoir le train de roulement, la transmission, les roues et les pneus. La partie GMP (Groupe Motopropulseur) Volvo D12 turbodiesel de 550 cv, la caisse et la tourelle Tarask (développées par Nexter) sont inchangées. Malgré 10% de masse supplémentaire, les performances sont à peine dégradées.
Cette évolution fait suite à la demande de l’Armée de Terre. La DGA, pour qualifier ce VBCI de 32 tonnes, a réalisé ses essais sur diverses pistes d’essais (Biscarosse, Coëtquidan, Canjuers et Fontevraud), malmenant le blindé sur pas moins de 25.000 km dont 15.000 d’endurance pour 13.000 heures de travail et d’essais. L’enjeu est opérationnel : disposer d’un VBCI mieux protégé, surblindé, avec des kits de protection additionnels contre des menaces balistiques, anti-RPG, anti-mines et IED. 95 VBCI ont ainsi été portés à 32 tonnes, le premier ayant été livré au début 2015.
Pour mémoire, il l’Armée de Terre est équipée de 630 VBCI. Le groupe d’engins de 32 tonnes composant le parc OPEX est mobilisable et projetable pour les opérations extérieures. Ceci explique que les VBCI déployés dans l’opération Barkhane passent d’unité en unité au fur et à mesure des relèves. Relevons que, même à 32 tonnes, le VBCI demeure aérotransportable par A400M Atlas. Tiens, à propose de lui, il vient d’effectuer son premier largage opérationnel de parachutistes, en l’occurrence 120 légionnaires du 2e REP. Et c’était aussi dans le cadre de l’opération Barkhane. Détail pratique, le souffle des quatre hélices est tel que l’avion ne peut, tant qu’à présent, larguer des paras que par la tranche arrière, pas par les deux portes latérales. C’est grave, docteur ?