CAMO commence aujourd’hui

CAMO commence aujourd’hui

Le duo Jaguar-Griffon, bientôt à échelle 1/1 dans toutes les casernes belges

Alea jacta est ! Le destin de la Composante Terre belge est aujourd’hui définitivement lié à celui de l’armée de Terre. Dans une allocution longtemps attendue, le Premier ministre belge, Charles Michel, a officiellement entériné l’achat de 442 véhicules Scorpion, produits par le trio Nexter-Thales-Arquus. Une formidable reconnaissance du savoir-faire « Made in France » et l’émergence d’un partenariat inédit en Europe profitable tant pour les militaires que pour l’industrie belge.

 

« C’est un grand honneur d’être aux côtés de la Composante Terre belge en lui fournissant ses prochains équipements de combat », s’est félicité Stéphane Mayer, PDG du groupe Nexter. Celui-ci a tenu à saluer « la coopération entre la Belgique et la France, notamment entre les deux ministères chargés des armées ». Le processus, lancé le 22 juin 2017 avec la signature d’une lettre d’intention, n’aura pourtant pas été exempt d’obstacles.

Car, entre le « F-16 gate », les vacances parlementaires et, plus récemment, les élections locales, l’adoption de CAMO fut considérablement retardée, souvent bien malgré elle. Exit, heureusement, la bisbille entre industriels belges et ministère de la Défense concernant les « retours sociétaux » évoquée en février dernier. Côté industriels, on avait rapidement mis de l’eau dans son vin pour pouvoir revenir à la table des négociations. Particulièrement critique à l’égard du ministère de la Défense, CMI Defence avait ainsi résolument tourné le dos à toute intégration de ses propres solutions de tourelles sur les futurs véhicules pour se concentrer sur des offres de maintenance et de formation. Un pari gagnant, car le tourellier de Seraing (Liège) se verrait finalement confier le rôle d’assembleur final des VBMR Griffon et des tourelles de 40 mm de l’EBRC Jaguar.

Une fois un contrat de sous-traitance établi avec Nexter, ce dernier s’engagerait également à soutenir CMI dans le cadre du MCO post-garantie, lequel n’est pas inclus dans la phase actuelle du programme CAMO. En cas de succès, le systémier-intégrateur fournira les données et formations nécessaires pour assurer le soutien de la flotte belge jusqu’au niveau NTI 2, soit la capacité de mener des opérations de maintenance préventive programmée ou curative.

FN Herstal n’est pas en reste et remporte la production des tourelleaux téléopérés, tandis que Mecar, filiale belge du groupe Nexter, développera et fournira une partie des munitions. Si, pour l’heure, tant la Défense que les industriels s’abstiennent de détailler l’envergure des retours envisagés, la manœuvre s’inscrit durablement dans l’objectif des 100% de retours financiers promis par le ministre de la Défense belge, Steven Vandeput.

À partir de 2025, 382 VBMR Griffon et 60 EBRC Jaguar remplaceront donc les Piranha 3C et Dingo II aujourd’hui en service au sein de la nouvelle Brigade Motorisée. Soit, un léger recul vis-à-vis des 417 Griffon précédemment évoqués, la Défense estimant pouvoir assurer « les mêmes missions avec moins de véhicules Griffon », expliquait le colonel Claessen, responsable de la cellule CAMO, ce mercredi devant la Chambre des Représentants belge. La Belgique n’a néanmoins pas communiqué sur un éventuel impact de cette réduction sur le volet financier du programme, évalué à 1,5Md€.

Mais, au risque de nous répéter, CAMO ne se limite pas aux systèmes. « Le programme CAMO va bien plus loin que l’achat des véhicules de combat car il s’agit d’un accord de coopération dans tous les domaines de la capacité [motorisée] », ajoutait le colonel Eric Claessen. Outre les modalités de soutien, il implique en effet un « plan de développement capacitaire » liant étroitement la Composante Terre et l’armée de Terre en matière de formation et d’entraînement. Si les véhicules seront effectivement livrés entre 2025 et 2030, c’est cependant entre 2019 et 2025 que ce plan de développement capacitaire, autrement dit la coopération concrète entre les forces terrestres françaises et belges, sera configuré concrètement. Un futur bureau franco-belge sera prochainement créé afin que « les échanges sur l’évolution des véhicules blindés soient mutuellement bénéfiques aux deux pays », déclarait aujourd’hui le ministère des Armées dans un communiqué.