Les forces françaises fourniront 10% des unités exigées par l’initiative 4×30 de l’Otan
Lors du dernier sommet de l’Otan, organisé à Bruxelles en juillet 2018, les Alliés ont adopté une initiative qui, proposée par les États-Unis, vise à renforcer les capacités de « réaction rapide « de l’Alliance contre une éventuelle opération militaire de la Russie, dont « les activités et les politiques récentes […] ont fragilisé la stabilité et la sécurité, accru l’imprévisibilité et modifié l’environnement de sécurité. »
Appelée « 4×30 », cette initiative a pour objectif de déployer « 30 bataillons de manœuvre moyens ou lourds, 30 navires de premier rang et 30 escadrons de chasse, assortis de forces facilitatrices, dans un délai de 30 jours ou moins. » Pourquoi 30? Sans doute parce que l’Otan comptera bientôt 30 membres [la république de Macédoine du Nord est sur la voie de l’adhésion, ndlr].
Ainsi, la déclaration commune publiée à l’issue du sommet précise que « ces unités seront organisées et entraînées en tant qu’éléments de formations de combat plus larges à l’appui de la posture globale de dissuasion et de défense de l’Otan. »
« L’initiative pour la disponibilité opérationnelle de l’Otan renforcera encore la capacité de réaction rapide de l’Alliance, soit pour un renforcement des Alliés à l’appui de la dissuasion ou de la défense collective, y compris pour des combats de haute intensité, soit pour des interventions militaires rapides en cas de crise, au besoin. Elle permettra aussi de souligner l’importance d’opérations interarmes ou conjointes efficaces », est-il encore affirmé dans ce texte.
Évidemment, cette initiative 4×30 va concerner les forces françaises. Lors d’une audition au Sénat, la ministre des Armées, Florence Parly a ainsi précisé que la France « participerait à hauteur de 10% à cette initiative ». Par conséquent, 3 bataillons, 3 escadrons de chasse et 3 navires de premier rang français seront mis à la disposition de l’Otan.
Par ailleurs, la ministre a également confirmé que la France maintiendra sa participation à la présence avancée renforcée [enhanced Forward Presence – eFP] de l’Otan dans les pays baltes après 2020, en particulier en Lituanie, aux côtés de la Bundeswehr.
Pour rappel, l’eFP est l’une des mesures prises par l’Otan au profit des pays baltes et de la Pologne, qui s’estiment menacés par Moscou. Quatre bataillons multinationaux y ont ainsi été déployés depuis 2017, avec la mission de dissuader la Russie de recourir à des tactiques dites « hybrides », c’est à dire à des actions qui seraient en deçà du seuil de déclenchement de la clause de défense collective inscrite à l’article 5 du Traité de l’Atlantique-Nord.
La participation française à l’eFP, appelée « mission Lynx », concerne essentiellement l’armée de Terre. Cette dernière mobilise en effet 200 soldats, 4 chars Leclerc et 13 Véhicules blindés de combat d’infanterie [VBCI] ainsi qu’un échelon de soutien national [ESN] d’une centaine de militaires. Cette année, ce détachement sera déployé en Estonie.
Par ailleurs, lors de la dernière réunion des ministres de la Défense des pays membres de l’Alliance, Mme Parly a « rappelé la complémentarité des actions menées par l’Union européenne et leur contribution au renforcement du pilier européen de Otan » étant donné que, a-t-elle expliqué, les « Européens considèrent toujours l’Otan comme le garant de la sécurité du continent. »
Photos : Ministère des Armées