Le montage des kits de protection sur les Véhicules blindés légers Mk1 s’avère plus difficile que prévu
La flotte de Véhicules blindés légers [VBL] mis en œuvre par l’armée de Terre pour des missions de reconnaissance et d’aide à l’engagement, font actuellement l’objet de deux opérations distinctes.
La première vise à porter 750 exemplaires au standard Ultima, ce qui suppose de les doter d’une motorisation plus puissante tout en revoyant certains parties mécaniques [freinage, boîte automatique, suspensions renforcées, etc]. Les 80 premiers VBL ainsi « régénérés » sont attendus en 2021.
La seconde opération, lancée en 2018, consiste à renforcer la protection contre les engins explosifs improvisés [EEI ou IED] et les mines d’une centaine de VBL Mark I [ou Mk I]. Une nécessité étant donné que ces véhicules – plus vulnérables que d’autres – sont régulièrement visés par les attaques commises avec des EEI dans la bande sahélo-saharienne [BSS].
En janvier, la ministre des Armées, Florence Parly, avait annoncé que des VBL Mk1 allaient être « acheminés sur le théâtre sahélien par voie aérienne – et non maritime, afin de gagner du temps – dans le courant du premier trimestre 2021 ». Ce qui ne s’est pas réalisé à ce jour.
Lors d’une audition au Sénat, en avril, le Délégué général de l’armement [DGA], Joël Barre, a fait état de retards dans la « protection de nos véhicules blindés légers ». Retards qui « ne sont pas budgétaires » mais « liés à l’avancement des travaux chez les industriels », a-t-il précisé, avant d’indiquer qu’il était alors question de « livrer 80 véhicules surprotégés au standard Mark I d’ici l’été 2021, dont un lot de 20 d’ici le mois de mai ».
Et d’ajouter par ailleurs : « Nous travaillons aussi avec nos amis d’Arquus à la surprotection du VBL Ultima, ce qui sera possible dès le début de l’année prochaine. Je reconnais que nous avons pris du retard industriel sur ce chantier. »
Quoi qu’il en soit, et sauf erreur, aucune annonce sur la livraison des premiers VBL Mk1 dotés du nouveau kit de protection n’a été faite depuis, tant par la DGA que par l’industriel, Arquus.
Cela étant, il s’est avéré que l’installation des kits de protection a été plus compliquée que prévu. En effet, explique Terre Information Magazine, il était initialement estimé que cette opération nécessiterait environ 50 heures de travail par véhicule… Or, il en faut en réalité plus de 130 heures…
Et pour cause : le kit de protection se compose de sept plaques composites qui n’ont pas toutes la même taille puisqu’elle doivent s’adapter aux différentes surfaces qui composent le plancher du VBL, lequel doit également recevoir un tapis anti-mines.
« L’installation de cette carapace impose de démonter au préalable certains sous-ensembles comme les ponts-arrières ou l’équipement intérieur du véhicule », résume le magazine de l’armée de Terre. En outre, poursuit-il, la « principale difficuté réside dans le soudage des plots, petites pièces métalliques indispensables pour visser les plaques de protection. Cette étape cruciale exige des soudeurs qualifiés et particulièrement expérimentés ».
D’autant plus que, comle le souligne Philippe Marrel, chef du bureau « conduite de la maintenance » de la 13e Base de soutien du matériel [BSMAT] de Clermont-Ferrand, en première ligne dans cette opération, le VBL ne pouvant pas être « retourné », les soudeurs travaillent à la verticale, « ‘en position’, pour réussir à souder les plots quelle que soit l’inclinaisaison des surfaces perpendiculaires, en contredépouille ou au plafond. Une exécution extrêmement délicate quand on manœuvre du métal en fusion ». Et cela d’autant plus que ce travail doit se faire avec les contraintes sanitaires liées à la pandémie de covid-19.
Dans le détail, deux tiers des VBL concernés par cette opération doivent passer par la 13e BSMAT, les autres relevant de l’industriel. Qui plus est, 50% des véhicules en question reviennent d’opération… Et il doivent donc être réparés et remis à niveau avant de recevoir leur nouveau kit de protection.