Le contrat portant sur la livraison de 30 Rafale à l’Égypte est entré en vigueur
L’achat d’équipements militaires – comme pour d’autres biens – passe par plusieurs étapes. Le processus commence généralement par la signature d’une lettre d’intention par le pays client, ce qui donne ensuite lieu à des négociations qui, si elles se déroulent bien, aboutissent à un contrat. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’e celui-ci entrera en vigueur immédiatement après avoir été conclu. Pour cela, il faut attendre le versement d’un premier acompte. Et c’est ce qu’il s’est passé pour Dassault Aviation avec l’Égypte.
En effet, le 4 mai dernier, Le Caire confirmait la signature d’un contrat portant sur la livraison de 30 avions Rafale supplémentaires, afin de compléter la flotte de 24 exemplaires acquis en 2015. Le montant de cette nouvelle commande avait été alors estimée à environ 4 milliards d’euros. Une somme, selon La Tribune, financée par un « prêt garanti par la France très avantageux ».
Plus de six mois après, Dassault Aviation a annoncé que le contrat signé par l’Égypte venait d’entrer en vigueur, ce qui, selon l’industriel, « marque une nouvelle étape dans le partenariat stratégique associant l’Égypte et la France ». Et de souligner que cette étape « témoigne également de la satisfaction des autorités égyptiennes quant au bon déroulement de l’exécution du premier contrat » et « confirme l’excellence technologique et opérationnelle du Rafale et son succès à l’export ».
« Dans un contexte géopolitique exigeant, l’Égypte a choisi le Rafale pour assurer, en toute souveraineté, son rôle d’acteur incontournable de l’échiquier régional et international. C’est un honneur pour Dassault Aviation ainsi que pour ses partenaires qui sont entièrement mobilisés pour répondre aux attentes des Autorités Égyptiennes », a commenté, à cette occasion, Éric Trappier, le Pdg du constructeur aéronautique français.
Pour rappel, cette nouvelle commande était loin d’être acquise, Le Caire ayant eu, un temps, l’intention de se procurer des Eurofighter Typhoon auprès de l’Italie, alors que ses relations avec Paris étaient plutôt « fraîches ». Mais la fermeté de la France face aux visées de la Turquie en Méditerranée orientale et la coopération opérationnelle entre les forces égyptiennes et françaises ont favorisé ce nouveau succès du Rafale à l’exportation.
Ainsi, par exemple, et au-delà des exercices conjoints, comme ceux effectués en janvier dans le cadre de la mission Skyros, l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] soutient la force aérienne égyptienne dans ses efforts pour se doter de capacités en matière de ravitaillement en vol. Ce qui pourrait déboucher sur la vente d’au moins deux Airbus A330 MRTT à l’Égypte…
Quoi qu’il en soit, cette nouvelle commande égyptienne de Rafale n’a pas manqué de prêter le flanc aux critiques, certaines ONG [par ailleurs bien muettes quand d’autres pays vendent des armes au Caire] et autres responsables politiques accusant les autorités égyptiennes de ne pas respecter les droits de l’Homme.
« Je comprends parfaitement les interrogations concernant un pays dont les institutions sont différentes des nôtres et qui ne fonctionnent pas comme une démocratie occidentale. Certes, ce pays est engagé à nos côtés dans une région très compliquée, le Proche et le Moyen-Orient, pour essayer de stabiliser l’environnement et lutter contre le terrorisme, mais cet argument ne saurait servir d’excuse pour procéder à des exportations qui pourraient contribuer à réprimer la population égyptienne ou à l’enfermer dans les prisons », avait admis Florence Parly, la ministre des Armées, alors qu’elle était interrogée sur ce contrat lors d’une audition parlementaire dédié au rapport annuel sur les exportations françaises d’équipements militaires.
Cependant, avait poursuivi la ministre, « le matériel que nous vendons à l’Égypte n’est précisément pas destiné à faire du maintien de l’ordre. Ainsi, les avions Rafale, qui équipent l’armée de l’air égyptienne et dont nous nous apprêtons à augmenter le nombre, ne contribuent en aucune façon au maintien de l’ordre en Égypte, pas plus que les navires que nous lui avons vendus pour équiper sa marine ». Et de conclure : « J’ajoute que les relations de coopération que nous avons développées avec ce pays facilitent la discussion sur les sujets sensibles et difficiles du respect des droits de l’homme ».