Guerre en Ukraine, jour 34 : l’armée ukrainienne reprend Irpin, les paramilitaires de Wagner déployés sur le terrain
Au 34e jour de l’invasion russe en Ukraine, des négociations s’ouvrent ce mardi 29 mars en Turquie. L’armée ukrainienne a repris une ville stratégique dans la banlieue de Kiev tandis qu’Amnesty International s’inquiète d’un scénario similaire au conflit syrien.
Début des négociations à Istanbul
Au 34e jour de l’invasion russe, de nouvelles tractations doivent débuter mardi à Istanbul tandis que les forces ukrainiennes affirment résister aux assauts russes sur de grandes villes et même avoir repris du terrain.
Les négociateurs russes sont arrivés lundi à Istanbul, où une précédente séance de négociations avait déjà eu lieu le 10 mars, au niveau des ministres des affaires étrangères. Elle n’avait débouché sur aucune avancée, notamment pour l’instauration de couloirs humanitaires à Marioupol. Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait tempéré les attentes lundi, soulignant l’absence d’« avancées significatives » dans les négociations jusqu’à présent.
L’armée ukrainienne reprend la ville d’Irpin
L’Ukraine a annoncé lundi soir que la ville d’Irpin, théâtre de féroces combats dans la banlieue de Kiev, avait été reprise aux forces russes. « La ville est maintenant libérée, mais il est toujours dangereux d’y être », a déclaré le ministre de l’intérieur Denys Monastyrsky.
Dans les régions de Tchernigiv (nord), Soumy (nord-est), Kharkiv (est), du Donbass et dans le sud de l’Ukraine, « la situation reste partout tendue, très difficile », a-t-il souligné. L’état-major ukrainien a affirmé dans la nuit que ses troupes avaient « bloqué la progression de l’ennemi dans la région de Tchernigiv ». « L’ennemi est affaibli, désorienté, n’a plus de soutien logistique et se trouve coupé du gros des troupes ».
Des mercenaires de Wagner en Ukraine
Des mercenaires russes du groupe Wagner se sont déployés dans l’est de l’Ukraine, a indiqué lundi soir le ministère britannique de la défense. Selon les Britanniques, plus de 1 000 combattants de la sulfureuse société paramilitaire pourraient être amenés à combattre dans le pays. « Ils devraient déployer plus de 1 000 mercenaires, dont des responsables de l’organisation, pour mener des opérations de combat », indique le ministère.
Réputés proches de Vladimir Poutine, le groupe Wagner et ses paramilitaires sont soupçonnés d’exactions au Mali, en Libye ou encore en Syrie. « En raison de lourdes pertes et d’une invasion largement bloquée, la Russie a très probablement été forcée de redéployer son personnel Wagner pour l’Ukraine aux dépens des opérations en Afrique et en Syrie », estime Londres.
L’Europe dissuade les volontaires désireux de s’engager en Ukraine
Sept pays de l’UE, dont la France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, ont appelé lundi leurs ressortissants à ne pas s’engager comme combattants en Ukraine. Les ministres de la justice des sept pays « ont unanimement découragé les Européens à rejoindre » les rangs des combattants volontaires.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait annoncé fin février la création d’une « légion internationale » pour appuyer l’armée de son pays contre la Russie. Début mars, le ministère ukrainien des affaires étrangères avait affirmé que 20 000 combattants étrangers, principalement de pays européens, s’étaient portés volontaires pour se battre contre la Russie.
« Nous décourageons évidemment les personnes de se rendre sur un théâtre de guerre », a précisé le ministre français de l’intérieur. « À ma connaissance en France il y a eu très peu de départs qui ont pu être constatés, en tout cas de départs pérennes, quasiment aucun », a assuré Gérald Darmanin. Il a évoqué « quelques personnes dont une grande partie ont pu être découragées avant d’arriver en Ukraine ou qui sont revenues » très rapidement.
Amnesty International s’inquiète d’une « répétition » du conflit syrien
L’invasion russe en Ukraine est une « répétition » de ce qui s’est déroulé en Syrie avec une « multiplication des crimes de guerre » depuis plus d’un mois de conflit, a alerté Amnesty International lors de la présentation mardi à Johannesburg de son rapport 2021-2022.
« Ce qui se passe en Ukraine est la répétition de ce qu’on a pu voir en Syrie », a déclaré la secrétaire générale de l’ONG, Agnès Callamard. « Nous sommes dans des attaques intentionnelles d’infrastructures civiles, d’habitations », des bombardements d’écoles, a-t-elle fustigé, accusant la Russie de permettre des couloirs humanitaires pour les transformer en un « piège mortel ».