Les élèves-officiers de Saint-Cyr Coëtquidan s’entraînent avec des drones
par Philippe Chapleau – Lignes de défense – publié le 8 juillet 2022
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Des élèves officiers de l’académie de Saint-Cyr Coëtquidan, à Guer, dans le Morbihan, se sont entraînés en juin avec des drones. Les futurs officiers ont eu deux jours pour en découvrir le fonctionnement, l’utilité et les limites.
Voici une vidéo qui montre cet exercice.
Voici le sujet de mes confrères de la rédaction de Ploërmel qui ont assisté à cet exercice:
Dans le cadre de leur formation, et d’un projet de recherche appliquée, des élèves officiers de l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan (Morbihan) ont réalisé plusieurs exercices offensifs et défensifs avec des drones.
Les guerres en Ukraine actuellement et, en 2020, dans le Haut-Karabakh, ont démontré l’intérêt des drones qui sont utilisés pour acquérir du renseignement sur une zone dangereuse afin d’orienter les attaques ou pour lancer des frappes sur l’adversaire, notamment en tirant des missiles ou en larguant des explosifs sur les blindés et les positions ennemis. De nombreux drones, tant ceux d’observation que ceux que l’on qualifie de munitions rôdeuses sont mis en œuvre par l’infanterie ou les forces spéciales. Ils sont légers, furtifs, et souvent létaux ; c’est pourquoi ils équipent les petites unités qui peuvent en avoir besoin pour se défendre ou pour lancer des attaques ciblées.
L’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan de Guer (Morbihan) est bien consciente de ces évolutions et de ces enjeux. C’est pourquoi, les élèves officiers de l’École militaire interarmes (EMIA), dans le cadre de leur formation et d’un projet de recherche appliquée, ont récemment participé à des exercices tactiques offensifs et défensifs avec neuf drones.
Cette opération a été menée grâce à des industriels comme Drones Elistair (drone filaire), Parrot (essaim de drones), TWO-I (solution d’analyse image à base d’Intelligence artificielle) et Safran (solution haut débit pour combattant débarqué) mais aussi à leur profit. « Ces exercices permettent de tirer des enseignements tactiques intéressants pour nos futurs développements », explique un technicien de Safran.
« Nous ne savons pas tout ce qui se passe en Ukraine, ou dans d’autres conflits, avec l’utilisation de plus en plus importante des drones. Si l’on ajoute l’apport de la robotique, nous sommes face à des changements profonds dont nos futurs chefs de section doivent tenir compte. Les exercices menés trouvent ainsi tout leur sens« , affirme Gérard de Boisboissel, ingénieur au Centre de recherche des écoles de Saint-Cyr Coëtquidan (CREC).
Durant deux journées, les élèves officiers ont donc alterné les exercices, de jour comme de nuit. Lors du premier exercice, un groupe de combattants amis a bénéficié de l’appui d’un essaim de six drones afin de neutraliser l’ennemi. Lors du second essai, c’est l’ennemi qui a disposé des engins volants. À la fin de chaque exercice, un bilan à chaud permet de recueillir toutes les impressions aussi bien des militaires, que des chercheurs et des professionnels.
« Au fur et à mesure vous faites évoluer vos schémas tactiques, vous vous adaptez. Les drones vous ont seulement repérés lors de l’assaut, contrairement au premier exercice où les drones ont été efficaces« , analyse le capitaine Mathieu. « Nous avons fait le choix d’avancer, pas à pas, en binôme, afin de ne pas nous faire voir », répond un chef de section. « Vous avez eu raison, cependant vous n’avez pas eu le réflexe de regarder ce qui vient du ciel. C’est une réelle menace qu’il va falloir maîtriser et prendre en compte », enchérit le capitaine.
Lors de l’un des exercices, le général Hervé de Courrèges, qui commande l’Académie de Saint-Cyr Coëtquidan, écoute, observe et glisse que « le combat n’a pas changé. En revanche, la technologie évolue. Après deux exercices, vous commencez à percevoir là où le drone est redoutable, mais aussi où sont ses faiblesses. Il faut l’intégrer dans les schémas tactiques que vous connaissez. Cela force à l’excellence tout en veillant au-dessus de vos têtes.«
Pour le général, Il est essentiel d’intégrer cette dimension du champ de bataille dans la scolarité des élèves : « De tels exercices permettent de sortir de la formation classique et préparent nos futurs chefs de section aux enjeux de demain. Nous mettons en place une formation intégrée qui marie les intelligences académiques militaires, humaines face à ce nouvel outil qu’est le drone. ».
De son côté, à partir des éléments relevés sur le terrain, le CREC va poursuivre ses projets de recherche et de prospective dans ce domaine. « Des questions se font jour et montrent que le futur chef va devoir s’adapter. Quelle est la part de délégation qu’il pourra confier à ses machines ? Comment devra-t-il faire face à l’autonomie des drones ? Est-ce un nouvel équipier dont il aura la responsabilité ? Autant de questions et bien d’autres pour lesquelles nous devrons apporter des réponses », conclut Gérard de Boisboissel.