Airbus a testé avec succès un avion de transport A400M Atlas transformé en bombardier d’eau
Cependant, le document avait aussi souligné que cette flotte était vieillissante. Ainsi, la conception des S2F Tracker, utilisés pour des missions dites GAAR [guet aérien armé], avec trois tonnes de produit retardant en soute, remontait aux années 1950… Ils ont depuis été retirés du service, grâce à la montée en puissance des DHC-8-402 [ou Dash 8] MRBET [multirôle bombardier d’eau et de transport], dont un cinquième exemplaire vient d’être livré par la Direction générale de l’armement [DGA] à la Base aérienne de la sécurité civile de Nîmes.
Toujours est-il que les récents incendies qui ont fait la « une » de l’actualité ont donné lieu à une polémique sur les moyens de la Sécurité civile… certains estimant que le nombre d’avions mis en oeuvre pour lutter contre les feux de forêt était insuffisant. L’un des soucis est la disponibilité des appareils, qui n’est pas toujours optimale au moment d’aborder l’été. Ainsi, le 15 juillet, quatre Canadair CL-415 étaient immobilisés pour des opérations de maintenance…
Cela étant, la France a fait le choix de disposer de ses propres avions de lutte contre les incendies… Ce qui n’est pas le cas de l’Italie de la Grèce ou encore de l’Espagne, qui complètent leurs moyens respectifs en sollicitant des entreprises privées, comme le britannique Babcock ou l’américain Erikson. Mais une autre solution pourrait être bientôt disponible… Et si elle s’avère efficace, alors l’armée de l’Air & de l’Espace pourrait être davantage impliquée – si besoin – dans la lutte contre les feux de forêts. À noter qu’elle l’est déjà, au même titre que les autres armées, dans le cadre du dispositif Hephaïstos.
Ainsi, le 25 juillet, et comme il l’avait déjà fait pour son C-295 il y a quelques années, Airbus a indiqué avoir mené une campagne d’essais impliquant un avion de transport A400M « Atlas » doté d’un prototype de kit amovible pour la lutte contre les incendies.
« Réalisés de jour, ces essais ont consisté à larguer jusqu’à 20 tonnes d’eau à partir du réservoir actuel en moins de dix secondes, à basse altitude [150 pieds / 45 mètres] et faible vitesse [125 nœuds / 230 km/h] », a expliqué Airbus. Et de préciser que cette campagne, réalisée en étroite collaboration avec le 43ème escadron de l’Ejército del Aire y del Espacio, spécialisé dans la lutte contre les incendies de forêt, visait à « valider la quantité d’eau et le temps de largage ainsi que la capacité de l’avion à effectuer des missions de bombardier d’eau ».
L’installation de ce kit roulier de type RORO [roll-on/roll-off] ne demande aucune modification de l’A400M. L’eau est stockée dans un réservoir chargé dans la soute de l’appareil et doté de « deux sorties distinctes auxquelles sont raccordées des conduites d’eau qui, lorsque le largage est déclenché, expulse l’eau par deux sections
d’environ un demi-mètre carré à l’extrémité de la rampe arrière », détaille Airbus.
Qui plus est, la transformation d’un A400M en bombardier d’eau est à la fois facile et rapide, ce qui permet d’intervenir dans les délais les plus brefs.
À titre de comparaison, un Canadair CL-415 peut larguer 6000 litres d’eau ou de produit retardant quand un Dash 8 en emporte 10’000… Soit deux fois moins qu’un A400M équipé du kit que vient de tester Airbus. Et c’est un élément à prendre en considération avant d’envisager l’achat – au niveau européen – d’avions supplémentaires pour la sécurité civile, comme l’a suggéré le président Macron lors de son déplacement en Gironde, le 20 juillet dernier.
À noter que la Marine nationale dispose également d’une capacité de lutte contre les feux de forêts, ses hélicoptères Dauphin N3+ pouvant être gréés en « bombardiers d’eau » grâce à un « Bambi Bucket », c’est à dire une nacelle souple contenant jusqu’à 700 litres d’eau. L’un de ces appareils a d’ailleurs récemment été sollicité pour éteindre un incendie de brousse qui s’était déclaré à Punaauia, en Polynésie française.
Photo : © AIRBUS SAU 2022 – Adrián Molinos – Mango