Le retrait du Transall ne sera que « partiellement compensé » par la montée en puissance de l’A400M en 2023

Le retrait du Transall ne sera que « partiellement compensé » par la montée en puissance de l’A400M en 2023

 

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En effet, ce document donne la disponibilité des grandes catégories d’équipements par rapport « aux exigences des contrats opérationnels » de chaque armée, sans pour autant entrer dans les détails. Plus précisément, cet indicateur « mesure le ratio du niveau de matériels effectivement disponibles rapporté au besoin généré par les contrats opérationnels les plus dimensionnants et au besoin organique [formation, entraînement, plastron, essais…]. Et le « matériel qui répond aux exigences de sa finalité principale est considéré comme disponible ».

Ainsi, le PAP pour le programme 178 précise les taux de disponibilités pour les deux années précédentes ainsi que les prévisions – souvent optimistes – pour celle en cours et les suivantes. Et selon le document annexé au PLF 2023, on constate que certains équipements connaissent encore des difficultés… Tel est le cas des hélicoptères de l’Aviation légére de l’armée de Terre et de la Marine nationale.

Ainsi, le taux de disponibilité des hélicoptères de manœuvre et d’assaut [HMA] de l’ALAT [NH-90, Cougar, etc] a été de 43% en 2021, l’objectif étant qu’il soit de 58% en 2025. « La révision à la baisse de l’activité a conduit à décider une baisse de la disponibilité prévisionnelle associée aux flottes HMA. Toutefois, les efforts des unités de maintenance de l’armée de Terre et les performances des contrats ‘verticalisés’ CHELEM [Cougar-Caracal] et NOS [NH-90 Caïman] visent une hausse de la disponibilité dès 2025 », est-il avancé dans le PAP.

S’agissant toujours de l’armée de Terre, la disponibilité des pièces d’artillerie de 155 mm est logiquement attendue en forte baisse [de 76% à 59% en 2025], après la cession de 18 CAESAr à l’armée ukrainienne. Ce qui, selon le document, « impose de maintenir au mieux le parc [d’obusiers] AUF1 en attendant le recomplètement des CAESAr cédés et ensuite la livraison des 33 CAESAr supplémentaires pour atteindre la cible du format à 109 canons ». Et d’ajouter : « Les données fournies ici ne tiennent pas compte des efforts consentis dans le cadre des travaux sur ‘l’économie de guerre’ et des engagements des industriels à accélérer les livraisons. L’augmentation du parc de canons de 155mm qui devrait en résulter en 2024 et 2025 n’est à ce stade pas chiffrable ».

Pour en revenir aux hélicoptères, ceux de la Marine nationale ont affiché un taux de disponibilité de 46% en 2021. Ce qui n’est pas surprenant au regard des difficultés des NH-90 NFH… « La cible 2023 est revue à la baisse [56%, ndlr], principalement en raison d’un fort taux d’immobilisation au Soutien Industriel [retards persistants des chantiers capacitaires], auquel s’ajoutent les retards de livraison de la flotte intérimaire et, pour la flotte Caïman, la lourdeur du plan de maintenance et des difficultés technico-logistiques notamment liées à la corrosion. Au regard de cette situation et en dépit de la baisse évoquée, l’objectif de disponibilité envisagé correspond cependant aux attentes fortes d’une amélioration des résultats », note le PAP du programme 178.

Les situation des hélicoptères de l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] est meilleure, avec un taux de disponibilité de 72% en 2021 [mais qui était de 88% en 2020…]. Le PAP prévoit une hausse de cette indicateur pour la période 2022-25, « notamment suite à la montée en puissance progressive de la flotte Caracal et celle de la flotte MFHM [Modernisation de la Flotte Hélicoptères de Manœuvre], qui palliera partiellement la déflation des appareils plus anciens [Puma, Super Puma].

Cela étant, l’AAE a d’autres soucis. Comme son état-major a déjà eu l’occasion de le préciser, la cession de Rafale d’occasion à la Grèce et à la Croatie ainsi que le retrait des Mirage 2000C ont pour conséquence une « baisse de la disponibilité » des avions de combat « par rapport aux exigences des contrats opérationnels ». Mais pas seulement.

« L’aptitude de l’AAE à intervenir dans le cadre d’un engagement majeur sous six mois dépend du niveau de préparation opérationnelle des forces dans le cadre de la montée en puissance, de la capacité à redéployer les moyens engagés en gestion de crise, du volume de projection de force [difficultés de recourir à l’affrètement aérien), de l’utilisation d’avions ravitailleurs alliés et de l’approvisionnement de certaines ressources », rappelle le PAP.

Et d’ajouter : « Les inflexions à compter de l’année 2023 s’expliquent notamment par les retraits des flottes C160 Transall et Mirage 2000C, conjugué à l’export de Rafale Air d’occasion. Ces réductions des flottes d’avions de chasse et de transport tactique viennent accroître le besoin de régénération des forces aériennes dans l’hypothèse d’un engagement majeur ».

Concernant les avions de combat, le PAP prévoit une évolution à la hausse de leur disponibilité, grâce à « la performance des contrats verticaux [Rafale et moteur du Mirage 2000] », à « l’adossement du soutien au Service industriel de l’aéronautique [SIAé] », aux « mesures prises pour remédier à la crise logistique sur Mirage 2000 » ainsi qu’aux « mesures d’optimisation internes ». En outre, la reprise des livraisons de Rafale [13 exemplaires en 2023] contribuera à améliorer le « contrat intervention » en 2025.

Pour le transport aérien tactique, la principale difficulté vient de baisse de la disponibilité des flottes d’avions de transport [passée de 65% en 2020 à 60% en 2021], que le PAP explique par le retrait du service des Transall C-160, alors que la montée en puissance de la flotte d’A400M n’est pas achevée.

« Les conséquences du retrait de service des C160 Transall ne sont que partiellement compensées en 2023 par la montée en puissance des A400M », avance en effet le PAP. Cependant, celui-ci prévoit une hausse significative de la disponibilité des avions de transport de l’AAE [80% en 2025] grâce à la « poursuite de la montée en puissance de la flotte A400M et la finalisation de son soutien ».

Publié en juillet dernier, le rapport annuel de performance annexé au projet de loi de règlement du budget et d’approbation des comptes pour 2021, avait toutefois relevé que le « principal inducteur d’indisponibilité » pour les avions de transport tactique était lié à « l’allongement de la durée des chantiers industriels ». Et d’ajouter : « C’est notamment le cas sur les flottes C-130H. La faible disponibilité de cet agrégat fait l’objet de plans d’actions de haut niveau. Le 2ème semestre 2021 a été encourageant pour la flotte A400M ».

Cela étant, l’état-major de l’AAE a assumé le retrait des Transall, y compris celui des deux Transall C-160G « Gabriel », dédiés au recueil du renseignement électromagnétique.

« Je suis le responsable de l’arrêt des Transall ‘Gabriel’ et je l’assume : dix Transall nous coûtaient plus de 80 millions d’euros par an, pour une disponibilité de 20 %. Plutôt que de faire des coupes ailleurs, j’ai choisi de les retirer du service », avait en effet déclaré le général Frédéric Parisot, le major général de l’AAE, lors d’une audition parlementaire, en juillet.