Le SDT Patroller « en courte finale » vers le lancement des évaluations technico-opérationnelles
Cette fois-ci, c’est la bonne. Tous les signaux sont au vert pour la livraison d’un premier système de drones tactiques (SDT) Patroller d’ici la fin de l’année, nous explique un officier de marque du groupement renseignement de la Section technique de l’armée de Terre (STAT).
Atterrissage en fin d’année à Chaumont
« Aujourd’hui, nous sommes en courte finale », avance la STAT. Son équipe et le maître d’œuvre industriel, Safran Electronics and Defense, ont « beaucoup progressé sur ce drone » depuis l’accident intervenu en décembre 2019 à Istres. Suffisamment en tout cas pour autoriser la livraison du premier système au 61e régiment d’artillerie de Chaumont (Haute-Marne) au cours de l’hiver 2022.
Ce système restera dans les mains de la STAT qui, avec l’appui du 61e RA, entamera les évaluations technico-opérationnelles (EVTO) au printemps 2023. Composé de cinq vecteurs et de deux stations sol, ce SDT intègre un premier échelon de capacités avec la boule optronique Euroflir 410NG et le radar GMTI/SAR (Ground Moving Target Indicator /Synthetic Aperture Radar).
Il comprendra aussi deux canaux de transmission des données vers le sol. Hormis le système ROVER axé vers les JTAC et JFAC, le SDT inclut un Remove Video Terminal conçu par Safran à partir d’un écran durci. Il fournira aux unités au sol une recopie d’écran géoréférencée en temps réel. Idem pour la liaison 16 et l’entrée dans la bulle Scorpion grâce au SICS, disponibles dès le premier système. « Étant donné que l’on sort du seul domaine aéronautique, ce sera le rôle de la STAT de vérifier que tout se déroule conformément au cahier des charges ».
Le dédoublement des stations sol donnera à l’utilisateur « la capacité de faire du transfert de contrôle pour passer de 150 km à 400 km d’élongation maximale ». Une configuration qui doit répondre à la contrainte de décollage depuis une piste sommaire ou non tout en étant en mesure de suivre la progression d’une division ou d’un corps d’armée.
Un passage au dessus de l’exercice Orion ?
Les aménagements subsistants « sont marginaux » et « ce qu’il nous manque, ce ne sont pas des développements mais des qualifications, c’est à dire des validations notamment techniques et sécuritaires de la part de la Direction générale de l’armement ». Ces validations n’étant pas encore effectives, la marge de manœuvre restera encore limitée durant plusieurs semaines.
Seule unité de l’armée de Terre appelée à opérer le SDT, le 61e RA dispose pour l’instant de deux vecteurs appartenant à l’industriel ainsi que de moyens de formation développés en interne pour lui permettre d’avancer sur le sujet. Les Diables Noirs deviendront autonomes dans la conduite des formations et des entraînements à l’été 2023 suite à la réception du second système. L’armée de Terre réceptionnera un troisième exemplaire environ six mois plus tard. Limité à quatre vecteurs, celui-ci sera principalement dévolu à la formation et à l’entraînement des équipages.
Pour l’armée de Terre, l’un des enjeux sera d’être au rendez-vous d’Orion 2023, un exercice d’hypothèse d’engagement majeur (HEMEX) dont une séquence majeure sera jouée à proximité de Chaumont. « Aujourd’hui, l’une des ambitions fortes est d’y participer, tout dépendra de l’atteinte des prochains jalons en matières de livraison et de formation », précise la STAT.
Lancer l’étape 2
Derrière les EVTO et Orion, d’autres capacités ne sont pas encore disponibles et seront implémentées et évaluées « lors d’étapes ultérieures ». C’est le cas de la charge de renseignement d’origine électro-magnétique (ROEM). La question de l’armement, ensuite, « est redevenue une priorité ». « Nous avons constaté un revirement avec la prise en compte de l’hypothèse d’engagement majeur et de ce qui a été constaté sur des théâtres récents », souligne la STAT.
Safran avait été mandaté fin 2019 par la DGA pour mener une étude de levée de risques à partir de la roquette guidée laser de 68 mm de Thales, tirs d’évaluation au sol à la clef. « Nous avons regardé la cinématique, le comportement et l’impact », précise la STAT. Résultat : il n’y a plus de risque technique sur l’appareil. Mais, si « toute les planètes sont alignées », manque encore une contractualisation auprès des industriels concernés.
L’horizon de la fonction armement n’est donc pas connu, mais le sujet pourrait recevoir un coup d’accélérateur dès l’an prochain. Le ministère des Armées prévoit en effet d’engager l’étape 2 du programme en 2023, un jalon qui semblait pourtant repoussé à 2025 après les ajustements réalisés l’an dernier. Un peu plus de 175 M€ en autorisations d’engagement sont inscrits dans le dernier projet de loi de finances pour acquérir des SDT supplémentaires et parvenir à l’objectif initial de cinq systèmes opérationnels à l’horizon 2030. L’effort alimentera également une tranche de soutien initial et l’acquisition d’équipements de mission complémentaires.