Perle et Suffren : où en sont les sous-marins français?

Perle et Suffren : où en sont les sous-marins français?

Les causes et les conséquences de l’incendie du SNA ne sont toujours pas connues. Le Suffren de nouvelle génération poursuit ses essais avec succès, désormais en Méditerranée.

 

Inauguration du sous-marin suffren, le 12 juillet 2019

Inauguration du sous-marin suffren, le 12 juillet 2019 © Sipa Press

Hasard (heureux) du calendrier : alors que le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) Perle a été endommagé par un incendie le 12 juin dernier, le SNA de nouvelle génération Suffren poursuit ses essais à la mer avec succès. Les conséquences du sinistre de Toulon sur la petite flotte de six SNA pourraient donc être rapidement compensées par l’admission prochaine du Suffren au service actif dans la Marine.

Concernant le sous-marin Perle, les experts n’ont toujours pas déterminé les causes de l’incendie du 12 juin, alors que le SNA était en arrêt technique majeur à Toulon. Les dommages sur la coque restent également à évaluer. Des conclusions sont attendues en septembre ou octobre. L’affaire est complexe, à la fois techniquement et juridiquement. La Perle était alors sous la responsabilité de Naval Group, mais le chantier est partagé entre plusieurs sous-traitants. Outre l’enquête judiciaire confiée à la gendarmerie, les assurances sont parties prenantes du dossier.

C’est la partie avant de la Perle qui a brûlé, mais les équipements principaux en avaient été retirés auparavant. Toute la question est de savoir si la coque a subi des dommages (à cause de points chauds, alors que l’incendie a duré 14 heures) qui l’auraient fragilisée. Dans ce cas, le sous-marin ne pourrait plus plonger en toute sécurité. En revanche, sa partie arrière est intacte et sa propulsion a une « élongation », comme disent les spécialistes, d’une dizaine d’années. L’une des pistes explorées, sans qu’aucune décision n’ait été prise, serait de « rabouter » la Perle, en utilisant la partie avant d’un autre SNA désarmé, le Saphir (juillet 2019) ou Rubis (décembre 2020). Il s’agirait de travaux longs et coûteux, mais qui permettrait de maintenir en service une flotte de 5 SNA (4 Rubis et 1 Suffren).

Le Suffren devrait être opérationnel en 2021 après une réception par la marine en principe avant la fin de l’année. Il est arrivé mardi 28 juillet à Toulon, pour une nouvelle campagne d’essais à la mer, centrée autour de son système de combat. Le Suffren a effectué sa première plongée le 28 avril 2020 au large de Cherbourg. Il a depuis lors effectué plusieurs sorties entre Cherbourg et Brest. « Son comportement est cohérent avec sa modélisation » assure le ministère des armées. « Ça se passe pas mal » confirme un proche du dossier.

Le deuxième SNA de la classe Suffren (programme Barracuda) est en cours de construction à l’arsenal de Cherbourg. Ce sera le Duguay-Trouin. Il y aura ensuite les Tourville, De Grasse, Casabianca et Rubis. Il s’agit d’un programme de neuf milliards d’euros pour six sous-marins.

Une version à propulsion classique (et système de combat américain) a été exportée en Australie à douze exemplaires. Naval Group est sur les rangs pour un autre contrat aux Pays-Bas.

Les sous-marins obéissent à un cycle technique : ils ne sont pas tous disponibles à l’instant T. Pour avoir entre deux et trois SNA à la mer en permanence, il en faut six. A cet égard, l’année 2016 avait permis de battre un record avec six sous-marins déjà vieillissants : 1000 jours de SNA à la mer cette année là, soit une moyenne de 2,7 chaque jour.