Barkhane : Première frappe d’un drone Reaper français lors d’une opération anti-jihadiste
Le 21 décembre, l’État-major des armées a confirmé que la force Barkhane venait de « neutraliser » 33 combattants d’un groupe armée terroriste [GAT] lors d’une « opération d’opportunité » menée dans la région de Mopti, plus précisément dans la forêt de Ouagadou.
Décidée sur la fois de renseignements collectés durant les jours précédents, cette opération a consisté en un assaut héliporté ayant mobilisé des dizaines de commandos, appuyés par des hélicoptères d’attaque Tigre et un drone Reaper. Les jihadistes s’étant retranchés dans des bois « difficilement pénétrables », les combats ont duré jusqu’au matin.
Et, selon un premier bilan, outre les pertes infligées à l’ennemi [appartenant probablement à la katiba Macina du prédicateur jihadiste Amadou Kouffa, ndlr], 4 pick-up ont été saisis [dont un équipé d’un canon anti-aérien], de même que 4 motos et un « grand volume d’armement dont des mitrailleuses lourdes. »
Cela étant, la force Barkhane a poursuivi son action durant les heures suivantes. Ainsi, lors de la fouille de la zone de combat, les commandos français ont été pris à partie par des jihadistes infiltrés à moto. Un appui aérien a donc été demandé. C’est ainsi que les frappes effectuées par une patrouille de Mirage 2000D et d’un drone Reaper qui, armé de deux bombes GBU-12 de 250 kg, ont permis la mise hors de combat de 7 autres terroristes.
C’est la première fois qu’un drone de l’armée de l’Air effectue une frappe dans un contexte opérationnel. L’annonce que les Reaper de l’escadron de drones 1/33 « Belfort » était désormais en mesure d’effectuer de telles missions avait été faite le 19 décembre.
Les drones armés « présentent plusieurs avantages, notamment leur discrétion, leur endurance et la capacité offerte à nos forces de réagir et décider avec plus de rapidité et d’efficacité », avait alors fait valoir Florence Parly, la ministre des Armées, avant de prendre le soin de préciser que la doctrine d’emploi n’allait pas changer et que les règles d’engagements seraient « exactement les mêmes que celles des avions de chasse avec lesquels ils sont complémentaires. »
« Au bilan, ce nouveau succès porte à 40 le nombre de terroristes mis hors de combat au cours de la totalité de l’opération, qui a par ailleurs permis la libération de deux gendarmes maliens retenus en otage », souligne l’EMA.
Par ailleurs, le 22 décembre, lors d’un déplacement au Niger, où il a rendu hommage au 71 militaires nigériens tombés lors de l’attaque de la garnison d’Inates [revendiquée par l’État islamique au grand Sahara – EIGS], le président Macron a une nouvelle fois indiqué qu’il demanderait des clarification à ses homologues du G5 Sahel |Tchad, Mauritanie, Burkina Faso, Niger, Mali] lors du sommet de Pau, le 13 janvier prochain.
« Nous sommes à un tournant de cette guerre. Il nous faut […] redéfinir plus clairement les objectifs » lors du sommet de Pau, a dit Emmanuel Macron. « Il faut définir de manière beaucoup plus claire les objectifs militaires, politiques et de développement pour les 6, 12 et 18 prochains mois », a-t-il insisté.
« Je vois dans trop de pays prospérer sans condamnation politique claire des sentiments anti-francais Je ne peux pas accepter d’envoyer nos soldats sur le terrain dans les pays où cette demande [de présence française] n’est pas clairement assumée », a ensuite continué le chef de l’État.
La veille, il avait tenu le même discours, cette fois à Abidjan [Côte d’Ivoire]. « D’un point de vue stratégique, et en matière de lutte contre le terrorisme, l’opération Barkhane est pleinement justifiée. Mais […] je considère qu’aujourd’hui les conditions politiques ne sont plus partout pleinement remplies », avait-il affirmé, avant de souligner que le président nigérien, Mahamadou Issoufou avait eu le « courage de dire que c’est à la demande du Niger que la France est présente. »
Aussi, M. Issoufou s’est montré sur la même longueur d’onde qu’Emmanuel Macron. Ainsi, selon lui, la France et les pays du G5 Sahel lanceront, à Pau, un « appel à la solidarité internationale », avant de rappeler que le Niger consacre « 19% de ses ressources budgétaires dans le combat contre le terrorisme. »
« La menace du terrorisme est une menace planétaire, elle nécessite une riposte à l’échelle de la planète » et « si les Européens ne s’engagent pas, ils auront à faire cette guerre sur leur territoire », a prévenu le président nigérien.