C’est quoi le nouvel hélicoptère NH90, spécialement conçu pour les Forces spéciales ?

C’est quoi le nouvel hélicoptère NH90, spécialement conçu pour les Forces spéciales ?

« 20 Minutes » vous détaille la nouvelle version de l’hélicoptère NH90, dévoilée la semaine dernière lors du salon des Forces spéciales Sofins qui se tenait sur le camp de Souge en Gironde

Mickaël Bosredon
par Mickaël Bosredon – 20minutes – 

L’essentiel

  • Le nouvel hélicoptère NH90 Caïman pour les Forces spéciales, ou NH90 Standard 2, a été présenté pour la première fois publiquement lors du salon pour les Forces spéciales Sofins, que 20 Minutes a suivi la semaine dernière au camp de Souge en Gironde.
  • Parmi les nouveautés qui le distinguent du NH90 conventionnel, le NH90 FS voit l’apparition d’une nouvelle boule optronique disposée à l’avant de l’appareil, l’Euroflir 410 de chez Safran, composée de plusieurs caméras et d’un pointeur laser.
  • Dix-huit exemplaires seront livrés entre 2026 et 2029 au 4e Régiment d’hélicoptères des Forces spéciales de Pau, en remplacement de leurs Cougar et Caracal.

Avec son nez proéminent, il a été l’une des grandes attractions du Sofins, le salon des Forces spéciales, qui s’est tenu la semaine dernière sur le camp de Souge en Gironde. Le nouvel hélicoptère NH90 Caïman pour les Forces spéciales, ou NH90 Standard 2, y a été présenté pour la première fois publiquement.

L’appareil qui peut embarquer 20 commandos, équipera le 4e Régiment d’hélicoptères des Forces spéciales (RHFS) de Pau à partir de 2026. Dix-huit exemplaires leur seront livrés jusqu’en 2029, en remplacement de leurs Cougar et Caracal, ces derniers rejoignant les rangs de l’armée de l’Air. L’armée de Terre de son côté dispose depuis le mois de février de l’ensemble des 63 NH90 « conventionnels » qui devaient lui être attribués. Ils sont répartis au sein des 1er, 3e et 5e régiments d’hélicoptères de combat. Ce qui veut dire que l’armée de Terre ne vole plus, quasiment, qu’avec du NH90 Caïman, conventionnel ou standard 2.

Il peut voir à plusieurs kilomètres de jour comme de nuit

Mais quelles différences existe-t-il entre les deux versions de l’appareil ? Nous avons interrogé Airbus Helicopters, la maison mère de NHIndustries chargé de la construction des NH90. « Nous sommes partis de la version conventionnelle, et y avons ajouté des capacités destinées aux Forces spéciales, explique à 20 Minutes Emmanuel Huberdeau, responsable de la communication chez Airbus Helicopters. Il y a quatre grandes nouveautés, avant qu’une cinquième ne vienne se rajouter dans un second temps. »

Le NH90 pour les Forces spéciales dispose de plusieurs innovations par rapport au NH90 standard.
Le NH90 pour les Forces spéciales dispose de plusieurs innovations par rapport au NH90 standard. - Anthony Pecchi

La première nouveauté consiste en l’apparition d’une nouvelle boule optronique disposée à l’avant de l’appareil, l’Euroflir 410 de chez Safran. « Le NH90 ne disposait jusqu’ici que d’une caméra pour aider le pilote, alors que cette boule optronique propose plusieurs caméras et un pointeur laser, pour aller voir très loin, identifier de jour comme de nuit ce qu’il se passe à longue distance, explique Emmanuel Huberdeau. C’est le tout dernier système développé, et cela représente une vraie plus-value pour l’équipage qui peut voir à plusieurs kilomètres la zone où il doit intervenir, identifier des ennemis au sol, et suivre des opérations en cours. »

La deuxième nouveauté, en lien avec l’Euroflir 410, se trouve dans l’installation d’une console dans le cockpit. Celle-ci va permettre au mécanicien navigant, le « troisième homme » de l’équipage avec le pilote et le chef de bord, de prendre un rôle plus important. « Il va à la fois contrôler la caméra et avoir accès à un certain nombre d’informations, par exemple de cartographie, ou sur la situation tactique. Il sera davantage acteur de la mission, ce qui soulagera l’équipage, notamment dans les moments un peu tendus. Ce dernier pourra ainsi davantage se concentrer sur l’aspect pilotage. Cela ouvre la possibilité à des missions plus complexes, avec plusieurs appareils et des drones. »

Envoyer des drones depuis l’hélicoptère

Une armoire a également été ajoutée sur laquelle les Forces spéciales peuvent connecter leurs systèmes de communications. « Elles ont en effet des systèmes qui ne sont pas les mêmes que ceux des forces conventionnelles, notamment par satellite, explique Emmanuel Huberdeau. Elles pourront donc y brancher leurs radios. » Enfin, quatrième élément, qui est très visible de l’extérieur : « Nous avons agrandi les hublots à l’arrière de l’appareil, que l’on a transformés en sabords [ouvertures], pour pouvoir embarquer des mitrailleuses Mag 58 qui sont des armes d’autoprotection, notamment lorsque l’appareil se pose. » Sur le NH90 conventionnel, « ces armes sont placées à la porte où l’équipage doit embarquer et débarquer, ce qui n’est pas une position idéale pour les Forces spéciales. En les mettant à l’arrière on dégage totalement la porte. »

La mitrailleuse Mag58 a été déplacée à l'arrière de l'apapreil, sur le NH90 pour les Forces spéciales.
La mitrailleuse Mag58 a été déplacée à l’arrière de l’apapreil, sur le NH90 pour les Forces spéciales. - Mickaël Bosredon / 20 Minutes

Les Forces spéciales ont par ailleurs demandé qu’une cinquième capacité soit ajoutée, « celle de pouvoir contrôler des drones ». « C’est une solution sur laquelle nous travaillons déjà, et qui consiste en une tablette que l’on vient brancher sur l’hélicoptère, et depuis laquelle on accède aux capteurs des drones et à leur plan. Les militaires pourront ainsi envoyer un ou plusieurs drones en vol, sur la zone de posé, pour en connaître le contexte. Cela devrait arriver dès 2027 sur les appareils. »

Vision de l’environnement en 3D

Une deuxième étape est prévue, au cours de laquelle le système DAS, développé par Safran et Thales, devrait aussi être intégré. « Il s’agit d’un système de caméras intégré dans le nez de l’appareil et qui regardent tout autour, à l’avant de l’hélicoptère, recréant dans le casque du pilote une vision synthétique du monde qui l’entoure, que ce soit de nuit ou par mauvais temps. Le pilote a ainsi une vision en 3D, ce qui est une plus-value pour aller dans des environnements encore plus difficiles », détaille Emmanuel Huberdeau, qui précise toutefois que cette étape « n’est pas encore contractualisée ».

Reste à savoir si toutes ces innovations pourront un jour bénéficier à l’ensemble des NH90 conventionnels de l’armée de Terre ? « Cela a été évoqué par le passé, et peut-être qu’un jour on rappellera les NH90 pour les mettre au standard 2, mais ce n’est absolument pas budgétisé pour le moment, et cela ne reste donc qu’un éventuel projet à l’heure actuelle. »