Cybermenaces : La Gendarmerie en première ligne dans la riposte numérique

Cybermenaces : La Gendarmerie en première ligne dans la riposte numérique

Par Jean-François Stéphan, pour La Voix du Gendarme


Alors que les cyberattaques et les arnaques en ligne explosent (+40 % entre 2019 et 2023), le ministère de l’Intérieur vient de dévoiler sa stratégie nationale de lutte contre la cybercriminalité, une feuille de route ambitieuse qui mobilise l’ensemble des forces de sécurité. Et en première ligne de ce combat numérique : la Gendarmerie nationale, forte de son expertise technique, de ses unités innovantes et d’un maillage territorial sans équivalent.

Une menace protéiforme et en constante évolution

La cybercriminalité ne connaît ni frontières ni répit. Fraudes bancaires, escroqueries par SMS ou e-mail, usurpation d’identité, harcèlement en ligne, pédopornographie ou encore attaques contre des systèmes informatiques sensibles : les atteintes numériques se multiplient et ciblent autant les particuliers que les entreprises ou les services publics.

Face à cette déferlante, le ministère a structuré son action autour de quatre grands axes déclinés en 12 orientations stratégiques et 84 actions concrètes, portées par le Commandement du ministère de l’Intérieur pour le cyberespace (COMCYBER-MI). Objectif : mieux prévenir, détecter, investiguer et neutraliser les cybermenaces.

La Gendarmerie, pilier du dispositif national

Au cœur de cette stratégie, la Gendarmerie nationale affirme son rôle de force d’action et d’innovation dans le cyberespace, grâce à des entités spécialisées et reconnues :

Le ComCyberGend : un commandement dédié au cyber. Créé en 2021, le Commandement de la Gendarmerie dans le cyberespace (ComCyberGend) pilote l’ensemble des capacités cyber de l’institution. Il fédère notamment :

  • Le Centre de lutte contre les criminalités numériques (C3N), bras armé judiciaire du pôle cyber de la Gendarmerie, basé à Pontoise.
  • Le réseau CyberGEND, qui regroupe plus de 2 000 enquêteurs spécialisés en numérique sur l’ensemble du territoire.
  • La Brigade numérique, bien connue des usagers, qui assure l’accueil et la réponse en ligne aux sollicitations 24h/24.

▸La plateforme 17Cyber : un « numéro d’urgence » numérique

Lancée récemment, la plateforme 17Cyberpermet de répondre aux alertes cyber en temps réel. Elle est animée par 103 agents, dont 58 gendarmes, principalement issus de la Brigade numérique de Rennes, bientôt complétée par une antenne à Poitiers. Ces équipes forment ensemble une « compagnie numérique », une innovation organisationnelle destinée à mieux absorber le volume croissant des signalements.

Exemple concret : en mai dernier, grâce à une alerte transmise via 17Cyber, une entreprise artisanale de Corrèze victime d’un rançongiciel a pu être rapidement mise en relation avec un enquêteur CyberGEND. Une sauvegarde automatisée a permis d’éviter la paralysie complète de l’activité, et les auteurs ont été identifiés dans un forum clandestin grâce à l’intervention du C3N.

 Perceval, MaSpam, Themis : des outils au service des citoyens

La Gendarmerie pilote ou participe également à plusieurs plateformes de signalement, telles que :

  • Perceval, pour signaler une fraude à la carte bancaire ;
  • MaSpam, pour signaler les courriels ou SMS frauduleux ;
  • Thémis, destinée à recueillir les plaintes et preuves numériques dans des procédures sensibles (violences intrafamiliales, harcèlement…).

Ces dispositifs facilitent l’accès à la plainte, l’enrichissement du renseignement judiciaire et la montée en compétence des unités territoriales.

 Une reconnaissance dans l’écosystème cyber

Depuis 2023, la Gendarmerie est membre de l’association InterCERT France, qui fédère les centres de réponse aux incidents de sécurité informatique (CERTs) en France. Cette intégration renforce la veille proactive et le partage d’informations avec les grands acteurs publics et privés du secteur cyber.

Une stratégie ambitieuse, un engagement durable

Cette stratégie cyber du ministère de l’Intérieur consacre une conviction forte : le numérique ne doit pas être une zone de non-droit. Pour cela, l’adaptation permanente des forces de sécurité est indispensable. La Gendarmerie s’y engage pleinement, en s’appuyant sur ses atouts : proximité, innovation, réactivité.

La montée en puissance de ses unités spécialisées, conjuguée à la formation continue des enquêteurs numériques dans les unités territoriales, permettra de répondre aux défis de demain et de garantir la sécurité des citoyens dans l’espace numérique, tout comme elle le fait déjà sur le terrain.

L’UNPRG engagée aux côtés des forces dans le combat numérique

L’Union nationale des personnels et retraités de la Gendarmerie (UNPRG) suit avec une attention particulière la montée en puissance des dispositifs de lutte contre la cybercriminalité.

« La sécurité numérique ne concerne pas uniquement les jeunes générations ou les entreprises », rappelle Jean-François Stephan, président de la commission communication de l’UNPRG. « Les retraités de la Gendarmerie, comme tous les citoyens, sont exposés aux escroqueries en ligne, à l’usurpation d’identité ou au vol de données personnelles. Nos adhérents en sont parfois victimes. Il est donc essentiel de les informer, de les sensibiliser et de soutenir pleinement les efforts de nos camarades d’active engagés dans cette nouvelle frontière de la sécurité intérieure. »

L’UNPRG salue l’action déterminée de la Gendarmerie dans ce domaine, et encourage le développement de campagnes de prévention spécifiques à destination des retraités et de leurs familles. Une vigilance qui s’inscrit dans l’ADN de l’association : unir, soutenir, agir, même après le service actif.


Encadré pratique :

🔹 Vous êtes victime d’une fraude en ligne ?
→ Signalez sur : www.cybermalveillance.gouv.fr,
→ Déposez plainte à la brigade ou via www.pre-plainte-en-ligne.gouv.fr,
→ Signalez une fraude bancaire sur Perceval : perceval.gouv.fr.