Des ajustements au profit des stocks de munitions « dès 2023 »
« La guerre en Ukraine nous offre quelques « retex » – retours d’expérience – évidents. Nul besoin d’une grande revue stratégique pour comprendre qu’il faut faire mieux sur les munitions », constatait le ministre des Armées Sébastien Lecornu lors d’une récente audition sénatoriale. Selon celui-ci, l’effort devrait être engagé dès l’an prochain, à la faveur de la première marche financière de 3 Md€ inscrite dans la loi de programmation militaire.
« Pour les munitions, 600 millions d’euros étaient déjà engagés », rappelle le ministre des Armées. Un marché de sept ans notifié mi-avril par le Service interarmées des munitions (SIMu) à Nexter Arrowtech, Munitique, Rivolier et au groupement Unitive/Alsetex. Lancée en juin 2021, la procédure, valorisée à 257 M€ à l’origine, ne pouvait cependant tirer partie des RETEX d’un conflit engagé huit mois plus tard.
« J’ai demandé à la direction générale de l’armement (DGA) et à l’état-major des propositions pour des réassorts en munitions dès 2023, » annonce Sébastien Lecornu en réponse à une salve de questions sénatoriales. « En fonction de ce que les services du ministère et la DGA nous diront », de nouveaux crédits seront donc engagés pour l’année prochaine pour alimenter d’éventuelles mesures d’urgence.
S’il est « un peu tôt pour détailler ce point », le ministre des Armées aura au moins évoqué un premier RETEX majeur susceptible d’orienter les réflexions. « Il est clair que les types de combats ayant lieu en Ukraine ne semblaient plus complètement d’actualité, et que, alors que nous avons privilégié le développement de moyens balistiques lourds, nous devons revenir à des stratégies de ‘petites munitions’ », explique-t-il.
« Nous devons faire un retour d’expérience, mais dire que tout n’est pas parfait ne veut pas dire que nous avons des problèmes de stocks. Il ne faut pas mélanger les munitions individuelles, les roquettes, les munitions air-air, sol-air, sol-sol… », complète un ministre selon qui « il est faux de dire que nous aurions laissé complètement fondre nos stocks ». Dit autrement, la problématique de l’approvisionnement en munitions doit aussi être traitée segment par segment, chacun présentant une complexité, une durée de vie et des flux de consommation et de réassort différents.
La marche de 3 Md€ inscrite dans la LPM 2019-2025 nécessaire pour alimenter cet effort sera proposée par le gouvernement, confirme le ministre des Armées. Mais, malgré des discours favorables lors des dernières élections, ce dernier n’exclut pas un éventuel rétropédalage de la part de certains. « La situation politique de l’Assemblée nationale pourrait conduire à une navette compliquée pour la loi de finances. Des groupes parlementaires pourraient estimer ne pas être liés par la LPM », relève-t-il.