Haute intensité : Sans préavis, la 3e Escadre de Chasse a dispersé ses Mirage 2000B/D vers cinq bases aériennes
Le 22 avril, après les exercices Inochios 25 en Grèce et Ramstein Flag 25 aux Pays-Bas, l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE] vient de donner le coup d’envoi de l’édition 2025 de la mission PEGASE [Projection d’un dispositif aérien d’EnverGure en Asie du Sud-Est], qui, cette année, ne porte pas bien son nom puisqu’elle va se concentrer sur le Grand Nord, avec l’engagement de six Rafale, de deux A400M « Atlas » et d’un avion ravitailleur A330 MRTT Phénix.
Selon l’AAE, l’objectif de PEGASE Grand Nord est de démontrer sa capacité à se « déployer vite, loin et de façon autonome » tout en affirmant la présence française dans cette région, renforcer ses partenariats et contribuer à la sécurité collective.
Cela étant, le même jour, l’AAE a lancé une autre manœuvre aérienne, qu’elle a qualifiée d’inédite.
Ainsi, dans le droit fil des exercices de préparation à un engagement dit de haute intensité, comme « SAPHIR » [Séquence d’activité et de production de haute intensité et de régénération] et « EMERAUDE » [Exercice de Maintenance d’Envergure avec Réaction Aérienne Urgente et DEfensive], l’AAE a ordonné la dispersion immédiate et sans préavis des Mirage 2000D RMV et des Mirage 2000B de la 3e Escadre de chasse depuis la base aérienne [BA] 133 de Nancy-Ochey.
« Ce matin [22/04], la 3e Escadre de chasse […] a reçu un ordre inattendu : DISPERSION IMMÉDIATE » de ses avions « vers cinq bases aériennes différentes à travers la métropole », a en effet relaté l’AAE, via ses réseaux sociaux.
Cette « manœuvre inédite, sans avertissement », menée par la Brigade aérienne de l’aviation de chasse [BAAC] a été baptisée JADE, pour « JAillissement D’Escadre ». Elle vise à « tester la réactivité, la mobilité et la résilience de nos unités face à une menace soudaine ou à l’indisponibilité de leur base d’origine ».
Les Mirage 2000D/B de la 3e escadre ont ainsi été dispersés vers les bases aériennes de Salon-de-Provence, d’Avord, de Luxeuil, de Rochefort et d’Orléans.
« Mais il ne s’agit pas seulement de déplacer des avions : la chaîne de soutien technique accompagne ce déploiement, avec un défi logistique de taille pour les bases non équipées pour le Mirage 2000 », a souligné l’AAE.

La tenue d’un tel exercice avait été annoncée par le général Philippe Moralès [qui vient de faire ses adieux aux armes, ndlr] en 2023.
« La place de la défense aérienne reste donc primordiale afin de garantir une liberté d’action suffisante à nos forces en particulier » car elle « constitue l’un des premiers rideaux défensifs face à une agression armée », avait-il d’abord relevé dans les pages de la revue Vortex.
Aussi, et alors que les capacités en matière de défense aérienne ont été négligée depuis la fin de la Guerre froide, « nos territoires ne doivent plus être perçus comme des sanctuaires qui ne peuvent être touchés » et il est donc nécessaire de « retrouver nos anciens réflexes en dispersant par exemple nos moyens, en investissant sur la mobilité de nos moyens ou le durcissement de nos infrastructures » afin d’être « plus résilients », avait expliqué le général Moralès.
D’où l’élaboration de concepts opérationnels comme MORANE [Mise en œuvre réactive de l’arme aérienne], inspiré de l’Agile Combat Employment [ACE] mis en œuvre par l’US Air Force. Il s’agit de « pouvoir déployer et disperser ses moyens aériens en différents endroits pour qu’ils soient moins vulnérables aux frappes ennemies » car « le ciblage adverse doit devenir plus difficile car nous sommes moins prévisibles » avait-t-il détaillé.
Photo : Armée de l’Air & de l’Espace