La marine chinoise a annoncé un exercice de tir réel entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande
Comme l’a souligné Richard Marles, le ministre australien de la Défense, sans être inédite, la présence d’une flottille de la marine chinoise en mer de Tasman, c’est-à-dire entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande, n’en est pas moins inhabituelle. Et elle l’est pour au moins deux raisons.
La première porte sur la puissance de feu de cette flottille. En effet, celle-ci se compose du navire de ravitaillement « Weishanhu », de la frégate de type 054A « Hengyang » et, surtout, du croiseur de type 055 « Zunyi », lequel est équipé de 112 tubes de lancement vertical pouvant tirer des missiles surface-air HHQ-9 et HHQ-16, des missiles antinavires YJ-18A ainsi que des missiles de croisière CJ-10. En outre, ce navire met en œuvre plusieurs capteurs puissants, dont un radar AESA multifonctions type 346B et deux sonars.
Évidemment, déployer une telle formation entre l’Australie et la Nouvelle-Zélande n’a rien d’anodin. « Ce sont les navires les plus importants et les plus sophistiqués que nous ayons vus aussi loin dans le sud », a d’ailleurs commenté Judith Collins, la ministre néo-zélandaise de la Défense, ce 21 février. Et d’estimer qu’il s’agit pour Pékin d’envoyer « un message aux gouvernements néo-zélandais et australien » pour leur faire savoir que la Chine « est capable de maintenir une présence [militaire] dans la région ».
« C’est un signal d’alarme, n’est-ce pas ? Depuis des années, la classe politique dit aux Néo-Zélandais qu’ils peuvent se reposer sur leurs lauriers, ne rien faire en matière de défense et espérer que notre éloignement d’une grande partie du monde nous protégera », a ajouté Mme Collins.
Signal d’alarme ? La ministre néo-zélandaise ne croit pas si bien dire. En effet, et c’est l’autre caractère inhabituel de cette présence navale chinoise sous de telles latitudes, les autorités australiennes ont fait savoir qu’elles avaient été prévenues au dernier moment que ces trois navires allaient effectuer un exercice de tirs réels.
« Par mesure de précaution, nous avons informé les compagnies aériennes ayant des vols dans la région » et « nous travaillons également ensemble pour coordonner les conseils aux opérateurs et pilotes », a ainsi indiqué l’agence gouvernementale Airservices Australia.
Le problème, selon Canberra, est que la tenue de cet exercice a été annoncée au dernier moment.
« Pour être clair, nous n’avons pas été prévenus par la Chine. Nous en avons pris connaissance dans la journée. La Chine a émis une notification indiquant qu’elle avait l’intention de procéder à des tirs réels. J’entends par là une diffusion captée par des compagnies aériennes ou littéralement par des avions commerciaux qui survolaient la Tasmanie », a expliqué M. Marles, à l’antenne d’ABC Radio.
« Les navires [chinois] n’ont pas enfreint le droit international. Mais lorsque la marine australienne procède à des tirs réels, nous essayons généralement de donner un préavis de 12 à 24 heures afin que les compagnies aériennes puissent s’organiser. Cet avis n’a pas été fourni ici et je peux donc comprendre pourquoi cela a probablement été très déconcertant pour les compagnies aériennes », a poursuivi le ministre.
Et d’insister : « La Chine a respecté le droit international. Nous aurions préféré qu’elle nous prévienne plus tôt, ce qui aurait évité les perturbations qui se sont produites aujourd’hui. Et nous lui avons fait des remarques à ce sujet ».
De son côté, la ministre australienne des Affaires étrangères, Penny Wong, a dit être « préoccupée » par ces exercices de la marine chinoise en mer de Tasman, notamment en raison de leur « manque de transparence ». D’ailleurs, elle a indiqué qu’elle en ferait part à son homologue chinois, à l’occasion d’une réunion du G20 organisée à Johannesbourg.
Cela étant, Pékin a soutenu que les manœuvres de sa flottille sont « sûres » et « légitimes ». L’exercice est « mené du début à la fin de manière sûre, normalisée et professionnelle, il est conforme au droit international et aux pratiques internationales », a fait valoir Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.