La Russie déstocke ses vieux chars T-62 pour les envoyer en Ukraine

La Russie déstocke ses vieux chars T-62 pour les envoyer en Ukraine


 

Lors de la première phase de l’invasion de l’Ukraine, les forces terrestres russes n’ont visiblement pas sollicité leurs matériels les plus récents, l’essentiel des chars engagés dans la bataille étant des T-72, dont plus de 2000 exemplaires étaient en service avant le début des hostilités [et 7000 mis en réserve, selon The Military Balance 2022, un document publié par l’International Institute for Strategic Studies – IISS, ndlr].

D’après le site spécialisé Oryx, qui s’attache à évaluer les pertes subies par les deux camps, les forces russes auraient perdu 700 chars, dont 425 T-72, 20 T-64B, 102 T-80 de différentes variantes et 19 T-90A.

Un responsable gouvernemental roumain récemment interrogé par le site Air Force Mag a d’ailleurs estimé que la Russie « gardait ses moyens les plus sophistiqués en réserve, pour un objectif différent, une autre opération censée venir ensuite ».

Et, effectivement, depuis qu’elles ont revu leur dispositif en Ukraine pour mieux se concentrer sur la région séparatiste du Donbass et le littoral donnant sur la mer Noire, les forces russes ont engagés des matériels plus récents, comme les chars T-90M, dont un exemplaire a d’ailleurs été détruit, ou encore les véhicules de combat d’infanterie BMPT Terminator qui, armés de deux canons de 30 mm, d’une mitrailleuse de 7,62 mm, de quatre missiles Ataka et de deux lance-grenades AGS-17, sont entrés en service en 2011.

Cependant, et dans le même temps, l’état-major russe a également déstocké des matériels très anciens, à savoir des chars T-62, dont la conception remonte au début des années 1960. Il avait été dit que ces derniers avaient été rayés de l’inventaire des forces terrestres russes en 2013. Mais cela s’est finalement avéré faux… puisque plusieurs exemplaires furent livrés aux forces syriennes par la suite.

Ainsi, selon des images diffusées via les réseaux sociaux, on peut voir de nombreux T-62 arriver en Ukraine par voie ferrée. Plus précisément, ces chars – ou du moins une partie – ont été transportés dans la région de Melitopol, localité située dans l’oblast de Zaporijjia et actuellement sous contrôle russe.

L’état-major ukrainien a ironisé en expliquant que « en raison des pertes subies, l’ennemi a été contraint de retirer du stockage des chars T-62 pour équiper les groupes tactiques de réserve qui sont en cours de formation pour être envoyés en Ukraine ». En outre, certains ont avancé l’hypothèse que ce recours à des chars dépassés était dû aux difficultés rencontrées par les forces russes pour entretenir leurs matériels.

Cela étant, ce n’est pas la première fois que l’état-major russe déploie des T-62 sur des théâtres d’opérations. Ces chars ont en effet été engagés en Afghanistan durant les années 1980, en Tchétchénie [191 étaient encore en service actif, en 2000], puis en Géorgie, en 2008.

Seulement, la question est de savoir ce que ces T-62 pourront apporter en Ukraine, alors que l’on ne connaît pas leur état actuel… et qu’ils ne sont pas moins vulnérables que les T-72 et autres T-80, leurs munitions étant également stockées au niveau de leur tourelle. S’il était possible de les piloter à distance [la Chine a lancé un programme en ce sens pour ses T-59], alors on pourrait imaginer qu’ils puissent servir de leurres afin de faire baisser les stocks ukrainiens de missiles antichars… Mais rien n’indique qu’ils aient été modifiés de la sorte…

Le plus probable est que ces T-62 soient remis aux forces séparatistes pro-russes… ou qu’ils servent à sécuriser les zones conquises par les forces russes dans le sud de l’Ukraine, ce qui permettraient à celles-ci d’engager leurs chars les plus modernes dans les combats à venir.

Justement, à ce propos, et selon le dernier point de situation du ministère des Armées, et après avoir pris le contrôle de Novoselivka, les forces russes semblent porter leur effort en direction de la localité de Lyman, située à l’ouest de l’oblast de Donetsk, et accentue leur pression sur Sievierodonetsk, ville située à plus de 80 km à l’est de Kramatorsk, le centre administratif du Donbass. Dans le sud, une forte concentration de troupes russes a été observée à Inzhenerve.

À noter que, la semaine passée, le président ukrainien, Volodymyr Zelenski, a remplacé le commandant des forces de défense territoriale, le général Youri Galouchkin ayant dû s’effacer devant le général Igor Tantsioura, auparavant chef d’état-major des forces terrestres ukrainiennes.

Le ministère ukrainien de la Défense a explique que la « croissance rapide » des forces de défense territoriale, dans des « conditions de combat intense » est une « expérience énorme, [avec] des erreurs et des réussites ». Et de conclure : « Il y a des réussites et, malheureusement, des pertes. »