Le général Laurent Michon désigné pour prendre le commandement de la force Barkhane
Une semaine après l’annonce faite par le président Macron au sujet de l’évolution du dispositif militaire français au Sahel, le ministère des Armées a fait savoir que le général Laurent Michon, qui tient actuellement les rênes de la 3e Divison de l’armée de Terre, prendrait le commandement de l’opération Barkhane à compter du 28 juillet prochain. Il succédera ainsi au général Marc Conruyt, dont l’action au cours de ces derniers mois a été saluée par Florence Parly.
Le général Conruyt « aura dirigé la plus grande opération extérieure française avec détermination, ardeur et professionnalisme. Sous sa houlette, la force Barkhane a su sans cesse s’adapter et a profondément évolué pour intégrer des contributions européennes toujours plus importantes tout en renforçant de manière significative le partenariat de combat avec les forces sahéliennes », a en effet souligné la ministre des Armées, en notamment référence au déploiement du groupement européen de forces spéciales Takuba.
L’an passé, quand la nomination du général Conruyt à la tête de Barkhane fut annoncée, le ministère des Armées avait expliqué qu’il prendrait son commandement à un « moment charnière », après une série d’opérations ayant dégradé fortement les capacités de l’État islamique au grand Sahara [EIGS] dans la région dite des trois frontières et l’élimination d’Abdelmalek Droukdel, le chef d’al-Qaïda au Maghreb islamique [AQMI].
Pour le général Michon, le ministère parle d’une prise de commandement à un « moment essentiel », marqué « par le lancement de la transformation du dispositif militaire français ». Évoquée au Sénat par Mme Parly, lors d’une séance de questions au gouvernement, le 16 juin, cette évolution devrait se faire autour de la force européenne Takuba.
« Le dispositif sera réorganisé : nous nous appuierons sur la force Takuba, qui rassemble nos partenaires européens. Les modalités et le calendrier seront précisés ultérieurement, après consultation de nos partenaires », a en effet précisé Mme Parly.
« Nous ne quitterons pas la région et poursuivrons la lutte contre le terrorisme aux côtés de nos partenaires. Nous voulons changer de logique et aller vers plus de coopération via une formation et un accompagnement opérationnel renforcés. Nous travaillerons aussi avec les pays du Golfe de Guinée, également exposés à la menace terroriste », a encore expliqué la ministre.
Il reviendra donc au général Michon, 56 ans, de mettre tout cela en musique. Issu de l’École spéciale militaire [ESM] de Saint-Cyr Coëtquidan [filière scientifique, promotion « Cadets de la France Libre »], cet officier d’infanterie a accompli la majeure partie de sa carrière au sein des Troupes de montagne.
Chef de section de combat au 6e Bataillon de chasseurs alpins [BCA] de Grenoble entre 1989 et 1992, passé par l’École militaire de haute-montagne, il est affecté au 1er Régiment de parachutistes d’Infanterie de Marine [RPIMa] en qualité de chef d’équipe. Puis, en 1994, il rejoint le 13e BCA de Chambéry, avec lequel il sera engagé en Bosnie, au moment de la mise en oeuvre des accords de Dayton.
Promu chef de bataillon en 1998 après un passage au Centre opérationnel de l’état-major de l’armée de Terre [EMAT], il réussit le concours du Cours supérieur d’état-major et obtient un DEA à l’Ecole pratique des hautes études de la Sorbonne, en parallèle de sa scolarité au Collège interarmées de défense [CID, École de Guerre].
En 2002, devenu lieutenant-colonel, il est affecté au bureau opérations et instruction du 1er Régiment d’Infanterie [RI] de Sarrebourg. Après avoir pris part à plusieurs opérations extérieures [opex] avec cette unité, il sert au Centre de doctrine et d’emploi des forces à partir de 2004, où il crée la cellule « exploitation » du RETEX [retour d’expérience]. Puis il rédige une étude sur « l’adaptation réactie » en liaison avec la Direction générale de l’armement [DGA] et l’État-major des armées [EMA].
Chef de corps du 7e BCA entre 2007 et 2009, puis chef du J7 [entrainement – RETEX] au Centre de Planification et de Conduite des Opérations [CPCO], il est auditeur de la 60e du Centre des Hautes Etudes Militaires et de la 63e session de l’Institut des Hautes Etudes de Défense Nationale.
Après un temps passé au Secrétariat général de défense et de sécurité nationale en tant que conseiller, il retrouve le CPCO en 2014, en qualité de chef du J5 [planification des opérations]. Nommé général en 2016, il prend les rênes de la division « formation et préparation à l’engagement » du Commandement des Forces terrestres [CFT] de Lille, puis, deux ans plus tard, ceux des Écoles militaires de Draguignan.