Selon le bilan social récemment publié par le Secrétariat général pour l’administration [SGA], le ministère des Armées a recruté 21.323 militaires en 2020 [dont 17,4% de femmes], principalement pour les besoins de l’armée de Terre [65,3%].

Dans le même temps, 17.992 militaires ont définitivement quitté l’uniforme. Et le document de préciser que l’âge moyen de départ en retraite avec liquidation immédiate de la pension a été de 42,4 ans. Or, selon un bulletin de l’Observatoire Économique de la Défense [OED, qui relève du SGA, ndlr] publié en juillet, le nombre de départs en retraite des militaires a significativement diminué en 2020, pour s’établir à 6.715, soit 1.016 de moins qu’en 2019, année au cours de laquelle un « pic » avait été constaté [.pdf].

« Le nombre de nouvelles pensions atteint en 2020 son plus bas niveau depuis plus de cinq ans. La progression observée depuis 2017 peut s’expliquer en partie par les craintes suscitées par le projet de réforme des retraites », est-il avancé dans ce bulletin.

Justement, en octobre 2018, et alors que ses contours se précisaient, cette [énième] réforme des retraites avait été qualifiée « d’anxiogène » par le général Jean-Pierre Bosser, à l’époque chef d’état-major de l’armée de Terre.

« L’annonce de changements progressifs et de la mise en place de mesures particulières n’empêchent pas les plus agiles, les plus ‘capés’, ceux qui ont le plus de potentiel pour rebondir dans le secteur civil, de quitter nos rangs. Or, étant aujourd’hui confronté à un déficit dans l’encadrement supérieur parmi les sous-officiers anciens qui constituent la colonne vertébrale de nos armées, vous comprendrez que je n’aborde pas ce sujet naturellement », avait expliqué le général Bosser aux députés.

Par ailleurs, en janvier 2020, ce projet de réforme avait été critiqué par le Conseil supérieur de la fonction militaire [CSFM], celui-ci ayant notamment estimé que certains dispositions envisagées risquaient de « fragiliser notre modèle d’armée et la condition militaire ».

Seulement, les parlementaires n’eurent pas l’occasion d’en discuter étant donné que la réforme a été mise entre parenthèses en raison de la crise provoquée par la pandémie de covid-19. Et, s’attendant à rencontrer des difficultés pour son recrutement à cause des mesures sanitaires, le ministère des Armées a pris des mesures permettant aux militaires – et en particulier aux sous-officiers les plus expérimentés dans certaines spécialités critiques – de prolonger leur engagement pour une année supplémentaire. Étaient concernés ceux qui devaient être radiés des contrôles entre mars 2020 et janvier 2021.

Aussi, la baisse significative du nombre de militaires partis en retraite « avec liquidation immédiate de la pension  » n’est pas vraiment surprenante… D’autant plus, souligne l’OED, qu’avec la crise sanitaire et ses conséquences économiques, les « projets de reconversion professionnelle » ont été rendus « plus hasardeux ». Ce qui s’est traduit par une chute de -20,6% des inscription à Défense Mobilité.

Dans le détail, le nombre de nouvelles pensions liquidées a augmenté pour les officiers [25,8% du total, soit le niveau le plus élevé depuis 2016, ndlr] et pour les militaires du rang [17% du total]. Aussi, la baisse dont fait état l’OED est essentiellement due aux sous-officiers, ce « corps ayant enregistré une diminution de -18% de nouvelles pensions entre 2019 et 2020 ».

Par ailleurs, le montant de la pension brute moyenne à la première liquidation a été de 1.647 euros « pour le motif vieillesse contre 1.603 euros en 2019 ». Ce qui fait, explique l’OED, qu’avec « une inflation pour l’ensemble des ménages de +0,5% sur la période, le montant brut de ces nouvelles pensions a progressé de +2,2% en euros constants ».

Les sous-officiers et militaires du rangs retraités ont profité de cette hausse [qui a été respectivement de +1,7% et de +2,1% en euros constants]… alors que le montant des pensions brutes des officiers a diminué de -1,7% en moyenne.

Photo : armée de Terre