Le Pentagone veut une nouvelle bombe nucléaire tactique à la fois précise et plus puissante
Pouvant être utilisée en mode « guidé », grâce à un kit monté à l’arrière ou en mode « non guidé » [c’est à dire larguée par gravité au-dessus de la cible], la B61-12 a une puissance pouvant aller de 0,3 à 50 kilotonnes… Ce qui est très en-deçà des capacités de la B61-7 [340 kt], de la B61-11 [400 kt] et de la B-61-4 [170 kt].
Pour autant, selon les plans du Pentagone, la B61-12 doit remplacer les B61-3, B61-4 [d’une puissance de 45 kt] et la B61-7. Étant donné sa capacité à détruire les cibles enterrées en profondeur [EPW – Earth-Penetrating Weapon], la B61-11 doit en principe être maintenue en service, d’autant plus que la B83, qui reste la plus puissante de l’arsenal américain [1,2 mégatonne, ndlr], fait l’objet d’une controverse outre-Atlantique, les démocrates voulant s’en débarrasser tandis que les républicains plaident pour la conserver.
Par ailleurs, le développement de la B61-12 avait aussi donné matière au débat. Ainsi, le Pentagone avait fait valoir que la réduction de sa puissance à 50 kt serait compensée par sa précision plus grande.
Mais cette position a été critiquée par certains, ceux-ci ayant estimé qu’une arme nucléaire plus précise et moins puissante était de nature à rendre les décideurs moins prudents quant à son usage éventuel… Cet argument fut contesté par le général Norton A. Schwartz, ex-chef d’état-major de l’US Air Force, pour qui une telle arme serait au contraire de nature à dissuader davantage de potentiels adversaires.
Quoi qu’il en soit, et alors que le sort de la B83 est toujours en suspens, le Pentagone a fait savoir, le 27 octobre, qu’il a l’intention de développer une nouvelle version plus puissante de la B61, à savoir la B-61-13. Celle-ci associerait la précision de la B61-12 à la puissance de la B61-7 [soit 340 kt].
Cette décision « reflète un environnement de sécurité changeant et des menaces croissantes émanant d’adversaires potentiels. Nous avons la responsabilité de continuer à évaluer et à déployer les capacités dont nous avons besoin pour dissuader de manière crédible et, si nécessaire, répondre aux attaques stratégiques, et rassurer nos alliés », a déclaré John Plumb, le secrétaire américain adjoint à la Défense pour la politique spatiale.
Et d’ajouter : « Bien qu’elle nous offre une flexibilité supplémentaire, la production de B61-13 n’augmentera pas le nombre total d’armes dans notre arsenal nucléaire ».
Ce qui signifie que, selon la fiche explicative accompagnant ce communiqué, les quelques unités de B61-12 qui ne seront pas produites vont être compensées par des B61-13.
En outre, soutient le Pentagone, la B61-13 donnera au président [des États-Unis] des « options supplémentaires » contre certaines « cibles militaires » alors que les bombes B83-1 et B61-7 doivent être retirées du service.
A priori, et si le communiqué assure que cette B61-13 pourra être emportée par les avions « les plus modernes », le chasseur-bombardier F-35A ne sera pas concerné, le Pentagone ayant précisé par la suite que cette nouvelle bombe serait mise en œuvre par le bombardier B-21 Raider, qui vient d’ailleurs d’entamer ses essais au sol.